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Trois personnes ont été tuées par balles et trois autres blessées vendredi à Paris, près d'un centre culturel kurde, par un homme qui a voulu "manifestement s'en prendre à des étrangers", selon le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. Voici ce que l'on sait de l'attaque ce vendredi en début de soirée.
Que s'est-il passé?
L'homme a ouvert le feu à plusieurs reprises vendredi peu avant midi, rue d'Enghien, dans un quartier animé du Xe arrondissement de la capitale, à proximité du centre culturel kurde Ahmet Kaya.
Il a été interpellé par la police peu de temps après et placé en garde à vue. "Trois personnes sont décédées: deux devant le centre culturel kurde, une autre dans un restaurant, et une autre lutte contre la mort", a détaillé M. Darmanin lors d'un point presse sur place dans l'après-midi.
Deux autres personnes ont été plus légèrement blessées. "Sept à huit coups de feu dans la rue, c'est la panique totale, on est restés enfermés à l'intérieur", a témoigné auprès de l'AFP une commerçante d'un immeuble voisin souhaitant garder l'anonymat.
Une caméra filme l'entrée de l'assaillant dans un salon de coiffure
Parmi les preuves qui pourront être exploitées par les enquêteurs, il y a les images de vidéosurveillance. Une caméra a filmé l'entrée de l'assaillant dans un salon de coiffure. On peut y voir les personnes présentes dans le commerce se ruer dans l'arrière boutique. Soudain, un individu aux cheveux gris et vêtu d'une veste rouge rentre lentement dans le salon. Dans sa main droite, il tient une arme de poing, dans sa main gauche, une mallette. L'individu se dirige à l'arrière du commerce et sort du champ de la caméra. Peu après, des personnes réaparaissent à l'image. On voit notamment un homme, autre que l'attaquant, porter l'arme en question.
L'auteur présumé
Le tireur présumé est un homme âgé de 69 ans, conducteur de train à la retraite de nationalité française, domicilié à Paris, détaille le parquet de Paris.
Le suspect a des "antécédents judiciaires". Il a été notamment condamné en 2017 à six mois de prison avec sursis et à une interdiction de détenir une arme pendant cinq ans par le tribunal judiciaire de Bobigny pour détention prohibée d'armes. Ce même tribunal l'a condamné le 30 juin pour des faits de violences avec armes commis en 2016. Il a interjeté appel.
Enfin, il a été mis en examen pour violences avec arme avec préméditation à caractère raciste ainsi que pour dégradations. Les faits visés se sont déroulés le 8 décembre 2021 à Paris.
Une source policière avait à l'époque indiqué à l'AFP que l'homme était soupçonné d'avoir blessé à l'arme blanche au moins deux migrants dans un campement et dégradé plusieurs tentes d'un campement du parc de Bercy, dans le XIIe arrondissement de la capitale.
Il avait été placé en détention provisoire avant d'être remis en liberté le 12 décembre sous contrôle judiciaire, précise le parquet de Paris.
Ce vendredi, l'AFP a interrogé le père du suspect. Il le décrit comme "taiseux" et "cinglé". Plus de détails dans notre article.
L'enquête
Le suspect a voulu "manifestement s'en prendre à des étrangers", a affirmé Gérald Darmanin, précisant qu'"il n'est pas sûr que le tueur qui a voulu assassiner ces personnes (...) l'ait fait spécifiquement pour les Kurdes".
Il est inconnu des fichiers du renseignement territorial et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), et M. Darmanin a indiqué également ne pas disposer d'informations que relieraient le suspect à des faits antérieurs liés à l'ultradroite. Le suspect "était tireur dans un club de sport et avait déclaré de nombreuses armes", a aussi dit le ministre.
"Rien ne permet à ce stade d'accréditer une quelconque affiliation de cet homme à un mouvement idéologique extrémiste", a affirmé de son côté la procureure de Paris.
Une enquête a été ouverte des chefs d'assassinat, tentative assassinat, violences volontaires avec armes et infraction à la législations sur les armes. Les investigations ont été confiées à la police judiciaire parisienne.
"Rien ne permet à ce stade d'accréditer une quelconque affiliation de cet homme à un mouvement idéologique extrémiste", a estimé la procureure de Paris.
"Un attentat terroriste" pour le Conseil Démocratique Kurde en France
Le Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F) a estimé "inadmissible" que la fusillade qui s'est déroulée vendredi à Paris, faisant trois morts et trois blessés selon un bilan provisoire, ne soit pas qualifiée d'attentat terroriste.
"Il est inadmissible que le caractère terroriste ne soit pas retenu et qu'on essaye de nous faire croire qu'il s'agit d'un simple militant d'extrême droite (...) venu commettre cet horrible attentat dans nos locaux", a déploré Agit Polat, porte parole du CDK-F, lors d'une conférence de presse organisée dans un restaurant à une centaine de mètres du lieu de l'attaque.
"La situation politique en Turquie concernant le mouvement kurde nous laisse très clairement penser que ce sont des assassinats politiques", a souligné Agit Polat avant d'ajouter que selon eux, le président turc Recep Tayyip "Erdogan et l'État turc sont derrière ces assassinats".
Selon les autorités françaises, en l'état actuel de l'enquête, le tireur présumé aurait agit seul et voulait "s'en prendre à des étrangers" selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.