Une association privée israélienne a annoncé mardi qu'elle projetait de lancer pour la première fois un engin spatial israélien vers la lune, espérant ainsi illustrer les prouesses de l'Etat hébreu dans la haute technologie.
Si tout se déroule comme prévu, ce vaisseau inhabité de 585 kilos sera lancé en décembre par une fusée de SpaceX, la société de l'entrepreneur américain Elon Musk, et se posera sur la lune le 13 février 2019, ont indiqué les organisateurs lors d'une conférence de presse à Yehud (centre).
La première tâche de l'engin robotisé sera de planter un drapeau israélien sur la lune, ont-ils ajouté. Il doit notamment effectuer des recherches sur le champ magnétique de la lune.
Le projet a été lancé initialement dans le cadre d'un prix que devait décerner Google en 2010, qui proposait 30 millions de dollars (25 millions d'euros) de récompense pour inciter des scientifiques et des entrepreneurs à mettre au point des missions lunaires à un coût relativement faible.
Trois jeunes scientifiques israéliens -Yariv Bash, Kfir Damari et Yonatan Winetraub- ont décidé de se porter candidats.
"Nous nous sommes rencontrés dans un pub et nous avons commencé à discuter", se rappelle Kfir Damari.
Le trio a constitué SpaceIL et s'est associé à Israel Aerospace Indutries (IAI), le plus grand groupe public israélien, pour concevoir un très petit vaisseau capable de se poser sur la lune en 2013.
"A mesure que nous avancions dans le projet et que des gens se joignaient à nous, nous avons compris sa complexité", a ajouté Kfir Damari.
- "Grande idée" -
Le prix n'a finalement pas été décerné mais les jeunes Israéliens ont persévéré.
C'est alors qu'un personnage important a croisé la route de SpaceIL: le milliardaire israélien d'origine sud-africaine Morris Kahn.
"J'ai pensé qu'il s'agissait d'une grande idée et je leur ai demandé: +Vous avez de l’argent+?", a raconté Morris Khan. "Ils n'avaient par réellement pensé au coté financier de l'opération".
Le milliardaire leur a d'abord accordé une aide de 100.000 dollars puis sa contribution n'a cessé de croître au point de financer la majeure partie des 95 millions de dollars du projet.
Pour Morris Khan, le fait qu'Israël atteigne la lune, comme les Etats-Unis, la Russie et la Chine, constituerait "un succès énorme" qui "nous donnera un sentiment de fierté dont nous avons réellement besoin".
"Conquérir l'espace n'est pas seulement un moyen de prouver ses capacités technologiques mais aussi un besoin urgent pour la race humaine qui dilapide rapidement les ressources naturelles de la Terre", souligne Yossi Weiss, directeur général d'IAI.
"Nous devons penser à des plans de secours, la Terre rétrécit et l'avenir de l'humanité est dans l'espace", estime-t-il.
- "Effet Apollo" -
Une fois sur la lune, le vaisseau israélien transmettra des données au centre de contrôle d'IAI pendant deux jours avant que son système cesse de fonctionner.
La mission est censée stimuler la curiosité scientifique des jeunes Israéliens.
"On essaie de reproduire l'effet qu'Apollo a eu aux Etats-Unis", explique Morris Kahn, en référence au célèbre programme américain d'exploration lunaire des années 60.
"Si nous voulons continuer à être la +start-up nation+, nous devons avoir des ingénieurs", dit-il.
"On dit que les enfants sont excités par l'espace, les robots, les dinosaures. Avec notre vaisseau spatial robotisé, nous avons deux thèmes", sourit Kfir Damari. "Quand on parle du projet à des enfants, on voit des étoiles dans leurs yeux".
Selon lui, ce projet marque un tournant pour l'industrie spatiale israélienne, jusqu'à présent centrée sur des projets liés à la sécurité, notamment des lancements de satellite.
"Depuis que nous avons commencé (à lancer des satellites en 1988), on a vu de plus en plus de start-ups et de projets à caractère civil liés à l'espace" en Israël, se félicite M. Damari.
Le projet israélien, qui n'a pas reçu d'aide publique, pourrait également encourager d'autres initiatives privées à se lancer vers l'espace.
Envoyer un vaisseau spatial sur la lune à un coût raisonnable, "cela va montrer la voie au reste du monde", prédit Ofer Doron, chef de la division Espace d'IAI.
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