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La compagnie à bas coûts Ryanair a annoncé mercredi une réduction de sa flotte en Irlande après une grève de pilotes, menaçant 300 emplois, alors que son personnel de cabine débrayait dans plusieurs pays d'Europe.
C'est le cas à Charleroi où la compagnie est basée depuis très longtemps. Environ 60% des vols Ryanair y ont été annulés aujourd'hui: 28 départs et 28 arrivées. D'après nos informations, seuls une vingtaine de passagers se sont présentés pour prendre des vols qui étaient annulés par la grève. Des passagers déçus, bien entendu, mais qui avaient été prévenus (par email...). Ils étaient en petit nombre: ils n'ont donc pas perturbés le fonctionnement de l'aéroport.
80% du personnel de cabine rattaché à l'aéroport de Bruxelles était en grève selon le syndicat CNE, qui craint que Ryanair ne "casse la grève". Une liaison entre Bruxelles et Berlin a ainsi été assurée avec un équipage allemand, l'Allemagne n'étant pas touchée par le mouvement, a dénoncé le syndicat.
Des menaces
Loin de céder face à son personnel qui réclame de meilleures conditions de travail, Ryanair menace ! La compagnie avait averti lundi, sur fond de baisse de son bénéfice net, que les grèves pourraient la contraindre à revoir ses prévisions de trafic hivernales, avec à la clé moins d'avions et moins d'emplois.
Aussitôt dit, aussitôt fait: Ryanair n'aura plus que 24 avions à Dublin cet hiver contre 30 jusqu'à présent, ce qui pourrait entraîner des pertes d'emplois pour 100 pilotes et 200 hôtesses et stewards, a annoncé le groupe dans un communiqué.
Des lettres ont été envoyées à ces employés pour les prévenir que leurs services pourraient ne plus être nécessaires à partir du 28 octobre.
Ryanair blâme la grève de trois jours de ses pilotes irlandais en début de semaine pour réclamer de meilleures conditions de travail, estimant qu'elle avait provoqué une "baisse des réservations".
Le groupe a en revanche "décidé d'allouer plus d'avions sur les marchés où nous connaissons une forte croissance (comme la Pologne)", explique le directeur opérationnel Peter Bellew.
La fréquence des vols depuis Dublin sera réduite et d'éventuels licenciement seront déterminés en fonction notamment de la productivité et des demandes de transferts vers d'autres bases, précise Ryanair, qui prévoit de proposer des emplois en Pologne.
L'annonce du groupe de Michael O'Leary, qui ne cesse de fustiger les motifs des grèves, coïncide avec le démarrage d'une autre grève, de plus grande ampleur, par le personnel de cabine en Espagne, au Portugal, en Belgique et en Italie.
Pour mercredi et jeudi, 600 vols ont été annulés, et 100.000 passagers remboursés ou affectés sur d'autres vols.
Hormis ces annulations préventives, "tous les vols sont opérés normalement aujourd'hui", assure Ryanair sur Twitter.
En Espagne, pays le plus touché, la grève a démarré "sans incidents", selon une porte-parole du syndicat USO. Madrid avait exigé la mise en place d'un service minimum.
Inspecteurs du travail
Les syndicats exigent les mêmes conditions de travail pour les salariés sous contrat et les intérimaires, et demandent à Ryanair d'appliquer la législation de chacun des pays où elle emploie du personnel, alors que le groupe entend n'appliquer que la législation irlandaise.
Au Portugal, où un tiers des vols étaient annulés mercredi, des agents de l'inspection du travail étaient présents dans plusieurs aéroports pour s'assurer que Ryanair n'aura pas recours à des salariés d'autres bases européennes pour remplacer les grévistes, selon le Syndicat national du personnel de vol de l'aviation civile (SNPVAC), qui avait dénoncé ce problème lors de la précédente grève au Portugal.
En Espagne, le syndicat USO a dénoncé sur Twitter la convocation de naviguants d'astreinte "bien plus qu'un jour normal" à l'aéroport de Palma de Majorque.
En Italie, où Ryanair a reconnu début juin un syndicat de personnel de cabine, la compagnie faisait état d'une "série de problèmes avec des vols, entrainant des annulations", sans en préciser le nombre.
Face aux menaces de la direction, les syndicats espagnols avaient rappelé que la compagnie pouvait difficilement se passer de son activité en Espagne, deuxième destination touristique au monde.
Les grèves se multiplient chez Ryanair, alors qu'elles avaient été quasi-inexistantes depuis sa création au milieu des années 1980.
Ryanair a longtemps refusé de reconnaître les syndicats mais a pris un virage à 180 degrés en fin d'année dernière en entamant des négociations. Plusieurs accords ont été conclus mais les discussions restent difficiles dans plusieurs pays.