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Après près de douze heures de négociations entre la chancelière et les représentants des Etats-régions, le verdict est finalement tombé à Berlin: la plupart des magasins seront fermés et les offices religieux annulés le week-end de Pâques, du 1er au 5 avril, et les rassemblements, comme la restauration en plein air, seront interdits. "La situation est grave. Le nombre de cas augmente de manière exponentielle et les lits de soins intensifs se remplissent à nouveau", a souligné Mme Merkel. Pire, l'Allemagne est entrée dans une "nouvelle pandémie" en raison de la propagation des nouveaux variants. "Nous avons un nouveau virus (...) il est beaucoup plus létal, beaucoup plus infectieux et contagieux pendant beaucoup plus longtemps", a-t-elle averti.
La polémique sur une homologation du vaccin russe Spoutnik-V dans l'Union européenne s'est par ailleurs poursuivie lundi, le président Vladimir Poutine dénonçant les "étranges" déclarations du commissaire européen Thierry Breton, qui avait affirmé que l'Europe n'avait pas besoin de ce sérum.
"Nous ne forçons personne à faire quoi que ce soit (...) mais nous nous interrogeons sur les intérêts que défendent ces gens, ceux des entreprises pharmaceutiques ou ceux des citoyens européens?", a affirmé M. Poutine. Le président russe, 68 ans, a affirmé "avoir l'intention" de se faire vacciner mardi, une annonce longuement attendue alors qu'il avait fait une promesse en ce sens en décembre. Il n'a toutefois pas précisé s'il se ferait injecter le Spoutnik V, le premier vaccin développé par la Russie, qui a entretemps annoncé en avoir conçu deux autres.
L'Union européenne reste également divisée sur un durcissement des conditions d'exportation des vaccins fabriqués sur son territoire, une mesure qui devrait cibler AstraZeneca et qui alimente les tensions avec Londres, bien plus en avance dans sa campagne de vaccination. Les Vingt-Sept, en conflit avec le groupe suédo-britannique pour des livraisons nettement inférieures aux prévisions, se réunissent en sommet jeudi et vendredi. Le Premier ministre irlandais Micheal Martin a exprimé sa vive opposition à un éventuel blocage, estimant "que ce serait une mesure très rétrograde". Londres s'est pour sa part dit confiant que cette menace ne serait pas mise à exécution.
Pays le plus endeuillé d'Europe, le Royaume-Uni va rendre hommage mardi aux victimes de la pandémie, un an jour pour jour après la mise en place du premier confinement dans le pays, en observant une minute de silence à midi au Parlement. Le soir du 23 mars 2020, le Premier ministre Boris Johnson s'était résolu à annoncer, dans le sillage d'autres pays européens, le confinement immédiat du Royaume-Uni. Un an plus tard, le pays en est à son troisième confinement et affiche plus de 126.000 morts, le bilan le plus lourd en Europe, et plus de 4,3 millions de contaminations. Boris Johnson a appelé les Britanniques à profiter de cet anniversaire pour "réfléchir à l'année passée, l'une des plus difficiles de l'histoire de notre pays".
Ailleurs dans le monde, les efforts se poursuivent, avec plus ou moins de succès, pour tenter d'endiguer la pandémie, qui a fait plus de 2,716 millions de morts à ce jour, selon un bilan établi lundi par l'AFP à partir de sources officielles.
En Italie, la campagne de vaccination est compliquée en raison d'un système de réservation défectueux en Lombardie (nord), la région italienne la plus touchée par la pandémie de coronavirus, ont admis lundi des responsables politiques locaux. La Lombardie était l'épicentre de l'épidémie il y a 13 mois et reste encore aujourd'hui la région comptant le plus grand nombre de cas.
Des millions de personnes paient le prix d'avoir un dirigeant psychopathe
Au Brésil, les gouverneurs, les maires et le président Jair Bolsonaro s'écharpent sur la conduite à tenir face à la pandémie. "Je fais face actuellement au pire défi de mon existence", a déclaré Joao Doria le gouverneur l'Etat de Sao Paulo, où le taux d'occupation des soins intensifs dépasse les 91%. "Nous traversons une de ces tragiques périodes de l'histoire au cours desquelles des millions de personnes paient le prix d'avoir un dirigeant psychopathe et manquant de préparation à la tête de la nation", a-t-il déclaré. La confusion est encore aggravée par la coexistence de deux ministres de la Santé au Brésil: un sortant et son successeur qui n'a toujours pas pu entrer en fonction une semaine après sa nomination.
En France, le doute persiste sur l'efficacité des nouvelles mesures mises en place samedi, qui s'apparentent à un "confinement à l'air libre".
"Il ne faut pas rêver, on ne va pas avoir une baisse de l'épidémie rapide et permettant de respirer rapidement", a déploré l'épidémiologiste parisien Renaud Piarroux. Le gouvernement mise aussi désormais sur l'ouverture de grands centres "pour vacciner massivement les Français" à partir d'avril.
Cuba a de son côté débuté lundi la vaccination de 150.000 travailleurs de la santé avec son candidat-vaccin Soberana 2, et de 48.000 volontaires avec un autre, Abdala. Tous deux sont en phase 3, la dernière étape avant approbation. Mais à l'échelle mondiale, l'inégalité d'accès aux vaccins anti-Covid entre pays riches et pauvres "se creuse" et devient "grotesque", a accusé lundi le chef de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui dit redouter que le virus ne prenne le monde en otage pendant encore plusieurs années. "En janvier, j'ai déclaré que le monde était au bord d'un échec moral catastrophique (...). Nous avons les moyens d'éviter cet échec, mais il est choquant de constater à quel point peu de choses ont été faites pour l'éviter", a-t-il déploré.