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Le secteur de Crépy-en-Valois (Oise), l'un des principaux foyers de propagation du coronavirus en France, était de nouveau sous tension lundi après un deuxième décès d'une personne originaire de la ville, et la contamination de plusieurs personnes âgées en milieu hospitalier.
Avec au moins 47 cas confirmés sur 130 en France, l'Oise constitue l'épicentre de l'épidémie en France. Neuf communes du département, dont Crépy-en-Valois, sont soumises depuis samedi à des interdictions strictes, comme celle des rassemblements collectifs ou encore le report de la rentrée scolaire.
Au collège Jean de la Fontaine, où travaillait l'enseignant de 60 ans décédé dans la nuit du 25 au 26 février - le premier mort français lié au Covid-19 - la journée avait débuté dès 09H30 avec des consultations médicales pour quelque 265 personnes, dont 185 élèves, susceptibles d'avoir été en contact rapproché avec lui.
Sous une pluie persistante, les personnes convoquées se sont succédé toute la journée, entrant par un parking sécurisé et restant loin des journalistes, certains adultes portant des masques. Sur les grilles fermées étaient toujours accrochés des bouquets de fleurs en hommage au professeur de technologie décédé. Un de ses élèves de 4e est venu dans la matinée pour avoir des informations, disant "avoir peur" du virus.
Les consultations individuelles peuvent donner lieu à des tests de dépistage, sur décision du médecin.
Par précaution, le collège Jean de la Fontaine, désinfecté pendant le week-end, restera fermé jusqu'au 14 mars inclus, comme tous les établissements scolaires et périscolaires des neuf communes considérées comme des foyers épidémiques.
Au total, 108 écoles, collèges ou lycées sont concernés, soit 28.000 élèves et 2.300 membres du personnel. Tous pourront bénéficier d'une "évaluation médicale gratuite" dans un premier temps par téléphone, puis pour certains physiquement, selon un communiqué conjoint du rectorat d'Amiens, de la préfecture et de l'Agence régionale de Santé (ARS). Les élèves sont invités à suivre des cours "via le CNED grâce à une plateforme de ressources en ligne", espaces numériques de travail, ou des "classes virtuelles". D'ores et déjà, des cas ont été diagnostiqués au lycée Jean Monnet de Crépy.
- "Coincé à Crépy-en-Valois" -
Malgré les mesures préventives, l'épidémie progresse, et une deuxième personne originaire de Crépy-en-Valois est décédée lundi, portant à trois le nombre de décès en France.
Au moins cinq résidents âgé de l'hôpital de Crépy-en-Valois, qui comprend deux sites d'Ehpad, ont eux été contaminés par le coronavirus, alors que plus d'une trentaine d'autres présentent des "symptômes d'infection respiratoire aigüe" et vont être dépistés, selon la direction. A l'Ehpad Etienne-Marie de la Hante, pompiers et urgentistes protégés de la tête aux pieds par des combinaisons blanches, masques et gants, sont intervenus lundi matin, selon des journalistes de l'AFP.
"Depuis la semaine dernière, nous avons une épidémie d'infections respiratoires aigües, qui peuvent être des grippes, des angines, des bronchites" ou une infection liée au coronavirus, et "nous transférons les patients qui le nécessitent vers des hôpitaux" où des tests sont réalisés, a expliqué le directeur adjoint de l'établissement, Serge Morard.
Bruno Fortier, maire de cette ville de 15.000 habitants, a lui aussi été déclaré positif; il est confiné à son domicile. "Une conseillère municipale, également atteinte, est hospitalisée", selon la mairie. Le préfet de l'Oise, qui avait côtoyé le maire de Crépy-en-Valois, a aussi été placé à l'isolement dimanche comme le sous-préfet de Senlis, ou le directeur de l'ARS des Hauts-de-France.
A Crépy, les commerces restent ouverts, mais les salles de sports du centre aquatique et le cinéma sont fermés.
Les habitants, eux, semblent résignés, à l'image de Jean Colpin, égoutier: "Il faut se laver les mains plus souvent. Là je ressors de la pharmacie, j’ai réussi à avoir un petit flacon de gel. Je vais rentrer à la maison en espérant que tout se passe bien...".
Enseignante à l'université à Villetaneuse (Seine-Saint-Denis) mais habitante de Crépy-en-Valois, Sylvie Barrier n'a pas pu aller travailler. "Mon fils, étudiant à Lille, n’a pas pu y aller non plus. On est un petit peu coincé à Crépy-en-Valois".
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