(Belga) Le groupe d'experts qui conseille la Commission européenne sur le financement des énergies durables n'a pas recommandé lundi d'inclure à ce stade l'énergie nucléaire dans la "taxonomie", la future liste européenne des secteurs d'activités identifiés comme générateurs de bénéfices environnementaux.
L'objectif principal de la taxonomie est de limiter le marketing trompeur de type "greenwashing" ou le rhabillage de certaines technologies en solutions durables. L'établissement de la future liste européenne fait l'objet d'un intense lobby de plusieurs pays selon leur dépendance à l'une ou l'autre forme d'énergie. Certes, le nucléaire génère des émissions de gaz à effet de serre presque nulles pendant la phase de production d'énergie et peut donc contribuer aux objectifs d'atténuation du changement climatique, écrivent ces experts issus de la société civile, du monde universitaire, des entreprises et du secteur financier. Mais il est très difficile d'évaluer l'impact du nucléaire sur l'économie circulaire et la gestion des déchets, la biodiversité, les systèmes d'eau et la pollution, tempèrent-ils. Par exemple, en ce qui concerne la gestion à long terme des déchets de haute activité, une combinaison de stockage temporaire et d'élimination permanente dans les strates géologiques est la plus prometteuse, mais nulle part dans le monde un dépôt souterrain viable, sûr et à long terme n'a été établi. Impossible donc pour le groupe d'experts d'entreprendre une évaluation solide. "Compte tenu de ces limites, il n'a pas été possible au groupe d'experts de conclure que la chaîne de valeur de l'énergie nucléaire ne cause pas de préjudice significatif à d'autres objectifs environnementaux sur les échelles de temps concernées. Le groupe d'experts n'a donc pas recommandé l'inclusion de l'énergie nucléaire dans la taxonomie à ce stade", indique le rapport. De même, le gaz et certains types de bioénergie ne devraient pas être considérés comme durables, s'est réjoui de lire le Fonds mondial pour la nature (WWF) dans le rapport. Les experts souhaitent également que la taxonomie inclue une catégorie d'investissements non durables, que le WWF a appelée à maintes reprises pour identifier les domaines économiques les plus dommageables pour la planète. Le WWF regrette en revanche le "laxisme" des experts dans des domaines comme la foresterie et l'hydroélectricité, ainsi que le maintien dans la taxonomie de types de bioénergie comme les cultures de biocarburants ou le brûlage de troncs d'arbres et de souches. La Commission européenne va à présent évaluer les critères de taxonomie sur la base de la proposition du groupe technique. Elle procédera dans la foulée à une consultation et devrait publier la réglementation avant la fin de 2020. (Belga)
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