D'abord l'émotion, les triomphes suivront: c'est par un hommage rendu à Johnny Hallyday, mort le 6 décembre des suites d'un cancer, que se sont ouvertes les 33e Victoires de la musique vendredi à la Seine Musicale à Boulogne-Billancourt, près de Paris.
Yarol, Slimane, Florent
Peu après 21h00, les premières notes de "Toute la musique que j'aime" ont résonné, jaillissant des instruments des musiciens de "l'idole des jeunes", dont son guitariste Yarol Poupaud. Puis Slimane et Florent Pagny, qui ont chacun participé à l'album hommage "On a tous quelque chose de Johnny" récemment paru, les ont rejoint sur scène pour reprendre "Requiem pour un fou", un des plus grands tubes du "taulier" datant de 1976. Une performance vocale couplée forcément moins impressionnante que celle dont était capable à lui seul le chanteur, comme en ont témoigné les images d'archives diffusées juste après.
La dernière fois qu'on avait vu ensemble ses musiciens, c'était lors des funérailles de la star, le 9 décembre. Ils avaient joué devant la foule amassée à l'extérieur de l'église de la Madeleine à Paris, sans chanteur, le micro orphelin de Johnny trônant à leurs côtés.
L'hommage à la plus grande star du rock français (10 Victoires), dont un album posthume est attendu cette année, a donné le coup d'envoi de la soirée, en attendant le premier lauréat, celui de la catégorie "album de musiques du monde". En lice: "Lamomali", de -M-, Toumani & Sidiki Diabate et Fatoumata Diawara, "La confusion" d'Amadou & Mariam, et "Mogoya" d'Oumou Sangaré.
Un hommage pour France Gall prévu
Un autre hommage, à France Gall, était prévu plus tard dans la soirée, avec d'autres moments forts attendus comme les performances live du président de la cérémonie, la star britannique Sting en duo avec le Jamaïcain Shaggy, et d'Etienne Daho, qui devait se voir remettre une Victoire d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.
Une razzia du rap?
Pour ce qui est de la compétition, qui succèdera à Jain et Renaud, désignés l'an passé artistes féminine et masculin. Avec deux favoris ayant émergé à quelques heures du dénouement.
Charlotte Gainsbourg, jamais récompensée malgré trois nominations en 2010, a sorti un album électro-mélancolique "Rest", particulièrement apprécié des critiques, dans lequel on découvre une voix plus assurée aussi bien qu'une plume affûtée, pour la première fois en français. Suffisant pour rejoindre son père Serge et sa mère Jane Birkin au palmarès ?
Face à elle, se dressent Catherine Ringer, déjà sacrée en 2012 et qui a publié "Chroniques et fantaisies" en fin d'année passée, ainsi que Louane, la benjamine (21 ans), lauréate d'une Victoire de l'"album révélation" en 2016, et dont le deuxième opus éponyme a fini dans le top 10 des ventes de 2017.
Chez les artistes masculins, le rappeur Orelsan bénéficie d'une grosse cote. L'auteur de "La fête est finie", plébiscité par la critique, concourt d'ailleurs également pour l'"album des musiques urbaines" et la "création audiovisuelle", et pourrait donc réussir un triplé. Comme avant lui un certain Stromae (2014).
Déjà lauréat de deux Victoires en 2012 ("artiste révélation", "album rap" pour "Le chant des sirènes"), le rappeur de 35 ans, dont le début de carrière a été perturbé par des accusations de misogynie, est en lice aux côtés de deux candidats qui comptent. Le vétéran baroudeur Bernard Lavilliers, revenu en grande forme avec "5 minutes au paradis", et le rappeur marseillais Soprano, plus gros vendeur d'albums physiques (CD, vinyles) en 2017 avec "L'Everest".
Orelsan, Soprano dans les catégories majeures, mais également Mc Solaar pour l'"album de chansons", Gaël Faye pour la "révélation scène", Bigflo & Oli pour la "chanson originale" et l'"album de musiques urbaines" où concourt aussi Lomepal: les rappeurs pourraient faire une moisson historique, eux qui trustent déjà le haut des charts en France.
Six Victoires pour le hip hop dans douze catégories, ce serait une grande première.
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