La Belgique est aujourd’hui en grève générale. Cette grève fait débat entre ceux qui l’estiment nécessaire et ceux qui la trouvent inutile voire néfaste pour l’économie. Au moment où les gilets jaunes et les manifestants pour le climat ont montré que les mobilisations informelles avaient le vent en poupe, ce mouvement syndical "à l’ancienne" a-t-il encore de la pertinence ?
La référence va vous paraitre un peu capillotractée, mais cette question me rappelle le débat présidentiel français entre Giscard et Mitterrand en 1974. Le candidat socialiste François Mitterrand était donné favori face au libéral Valery Giscard d’Estaing, et tout d’un coup au cours du débat télévisé Giscard a eu cette formule qui a renversé la tendance : "Vous n'avez pas Monsieur Mitterrand, le monopole du cœur ! Vous ne l'avez pas..."
Le monopole du cœur
De la même façon, on pourrait dire en quelque sorte que désormais les syndicats n’ont plus le monopole de la rue. Depuis des semaines d’autres dépourvus de chasubles rouges, vertes, ou bleues, battent le pavé à leur place. Avec à la clef un paradoxe : ces mouvements d’un nouveau genre captent l’attention de médias, séduisent le public, occupent le centre du débat politique, alors que leurs revendications restent floues ou trop généralistes et que leur représentation est loin d’être représentative.
En revanche les syndicats dont les revendications sont claires et la représentation légitime, donnent l’impression d’avoir perdu le mandat du ciel. Cette grève pour marquer le coup sur les salaires c’est aussi l’occasion de remettre les choses en place. Sur les questions sociales l’interlocuteur naturel du gouvernement et des entreprises c’est le monde syndical.
Une grève juste ou inutile ?
Maintenant cette grève est-elle pertinente, dans un monde lancé à toute vapeur, où la moindre anicroche à la marche forcée se traduit immédiatement en perte d’argent ? Il fallait entendre sur nos antennes ces derniers jours ces patrons de PME ou ces indépendants se désespérer de perdre de la marchandise, des marchés, des clients... Déjà qu’il faut dormir la nuit et parfois accorder des vacances alors si en plus on s’arrête pour faire la grève, c’est du suicide ! Sans compter sur notre image à l’étranger. C’est comme cette historie de salaire, les 0,8% d’augmentation ont été calculé par un organisme indépendant en vertu d’une loi de 1996. Point à la ligne il n’y a pas à barguigner.
TINA
Comme aurait dit Margaret Thatcher "There Is no alternative", il n’y a pas d’autre solution, pas d’alternative c’est comme ça ! En anglais on en a fait un acronyme : TINA ... et à chaque contestation de la mondialisation, de l’économie de marché ou de la dureté des temps, la réponse c’est : TINA ! TINA ,TINA,TINA,TINA ... There Is no alternative, il n’y pas d’autre issue...
Ne me dites pas que vous n‘entendez jamais cela dans votre vie quotidienne ou votre boulot. Alors disons que cette grève générale, c’est un peu une manière de dire zut à TINA.
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