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Moins de dépistage du cancer en 2020 à cause de la pandémie: "On a diagnostiqué à peu près 5.000 cancers en moins en Belgique"

Près de 5.000 cancers n'ont pas pu être diagnostiqués, en Belgique, depuis le début de la pandémie. C'est un chiffre impressionnant. La crise sanitaire a, aussi, souvent "empêché" certains traitements, ce qui engendre une "surmortalité" des patients cancéreux. Pour les spécialistes, il est donc grandtemps de réagir.

C’est une intervention qui ne pouvait plus attendre. Ce patient est atteint d’un cancer. Avant de s’attaquer à la tumeur principale, il faut lui retirer une métastase au foie. "C’est une métastase qui vient d’un cancer du côlon, qui est limité. On a fait un bilan complet qui montre qu’il n’y a pas d’autre lésion", commente Vincent Donckier, chef du service de chirurgie de l’Institut Bordet, durant son intervention.

Une surmortalité attendue dans les prochains mois et années

C’est un cas grave. Pour éviter d’en arriver là, il faut se faire dépister le plus vite possible. Mais les dépistages ont été moins nombreux pendant la pandémie. "On a diagnostiqué, en 2020, à peu près 5.000 cancers en moins en Belgique avec comme conséquence attendue une surmortalité liée au cancer dans les prochains mois et les prochaines années. On va traiter des patients avec des tumeurs plus avancées avec des résultats forcément moins bons", poursuit Vincent Donckier.

Il faut s’attendre à 15% de surmortalité parmi les patients atteints d’un cancer colorectal, 10% pour les cancers du sein. Pour éviter cette surmortalité à l’avenir, le Professeur Donckier et trois de ses collègues lancent un appel pour que l’ordre des priorités et des urgences soit revu entre les patients Covid et les autres. "Il faut faire des stratégies globales. Il faut inclure, certainement, dans le plan de traitement Covid l’anticipation des conséquences que ça aura sur les autres soins."

Un manque de personnel 

Cette opération était urgente. Mais il fallait être certain que le patient puisse avoir une place aux soins intensifs à la sortie du bloc. Avec l’obligation de réserver 50% des lits pour les patients Covid, c’est un autre problème. "C’est toute la balance des priorités qui est de savoir comment, ce qu’il faut limiter comme interventions chirurgicales comme pourvoyeurs de patients aux soins intensifs, ce qu’on peut retarder et ce qu’on peut retarder jusqu’à quel point…", insiste le chef du service de chirurgie de l’Institut Bordet.

Revoir l’ordre des priorités, le statut des interventions essentielles ou qui ne le sont pas… Et encore et toujours, réinvestir dans l’humain. A l’Institut Jules Bordet, seules 4 des 10 salles d’opérations tournent pour l’instant, par manque de personnel soignant. 

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