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Pour enrayer la propagation du coronavirus en Belgique, la recommandation a été toujours été de ne porter un masque que si vous êtes en contact avec des malades ou si vous êtes vous-mêmes malades. Mais de plus en plus de Belges en portent et certains médecins recommandent également d'en porter systématiquement.
Parmi ces praticiens adeptes du masque, il y a Jean-Luc Gala médecin infectiologue à l'UC Louvain. Le spécialiste des situations épidémiques comme l'Ebola a répondu aux questions d'Alix Battard.
Selon lui, tout le monde devrait porter un masque: "C'est absolument indispensable, d'autant plus vu les chiffres de certains hôpitaux qui arrivent doucement à saturation au niveau des soins intensifs. L'objectif de porter un masque rejoint celui du confinement tel qu'imposé par le gouvernement qui est d'aplatir la courbe du nombre de cas sévères et de permettre aux services hospitaliers de maintenir leur résilience, c'est-à-dire d'absorber au fur et à mesure les cas sévères sans être débordés à un moment donné par un afflux massif de ces cas sévères. Pour ce faire, le port du masque et le confinement sont deux mesures indispensables. Si tous les Belges, les citoyens, qui sortent en rue portent un masque, ils diminuent d'autant la transmission du virus par gouttelettes, ce qu'on appelle les postillons, c'est un fait avéré. Ce sont des choses qui reposent sur de bonnes pratiques de terrain. Ce sont des principes de base qui ont été appliqués notamment et qui le sont toujours, quand on est en médecine dans des territoires étrangers, des techniques qui ont une efficacité réelle pour diminuer la transmission des virus".
Cet avis va à l'encontre du discours officiel des autorités. Pourquoi celles-ci n'ont-elles pas dès le départ encouragé la population à porter ces masques ?
"Pour une raison bien simple, je pense que les autorités se sont imaginées qu'elles avaient un devoir de protéger le citoyen et de fournir à chaque citoyen belge un masque. Mais je pense que ce postulat n'est pas correct. Bien évidemment que le gouvernement ne peut pas dans le cas actuel fournir un masque à chaque citoyen, il n'y en a déjà pas suffisamment pour les hôpitaux. Donc la priorité va aux hôpitaux mais je pense que nous avons le devoir nous comme citoyens de nous mobiliser en collectifs citoyens, de nous réapproprier la gestion de la crise et de se dire : nous Belges nous prenons la mesure de l'événement, nous nous réunissons, nous fournissons et nous créons nos propres masques et nous distribueront nos masques à ceux qui ne peuvent pas en faire. Je suis conscient que tout le monde ne peut pas coudre. Moi, non plus. Je suis bien conscient que tout le monde n'a pas de tissus. Mais tout le monde connaît au moins quelqu'un qui est capable de faire des masques. Et les centaines de messages que je reçois à l'heure actuelle me confirment que les citoyens s'organisent en corporations de producteurs et redistribuent vers leur quartier, vers les gens vulnérables ce type de masques. Donc, il y a toute une organisation citoyenne qui est en branle et qui doit essayer de prendre la mesure de cet événement."
Ces masques artisanaux seront-ils aussi efficaces que les masques chirurgicaux ?
"Ils seront incomparablement plus efficaces. Vous savez quand vous rajoutez différentes couches de filtres absorbants dans un masque qui est déjà lui-même une poche de tissu. Il existe des tutoriels. C'est donc une poche dans laquelle vous mettez différentes couches de tissus. Nous sommes en train de les tester ces fameux masques citoyens ici au laboratoire et je peux vous assurer qu'ils sont incroyablement plus confortables, plus efficaces et plus sûrs que ces masques chirurgicaux en papier qui franchement ne valent pas grand chose", conclut Jean-Luc Gala.
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