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De l’eau à l’œil, à table ? En salle, l’idée séduit. "Je pense que c'est une bonne chose d'inciter les gens à boire plus d'eau", sourit une cliente. "Pour nous, les consommateurs, c'est tout bénéfice. Evidemment, les restaurateurs ne seront peut-être pas du même avis", renchérit un autre.
Pour se rendre compte des impacts d'une telle mesure, nous nous rendons dans un établissement à Gosselies, à Charleroi. 300 à 600 bacs d'eau par an y sont distribués. Avec la carafe gratuite, ce sont des rentrées en moins. "Le petit service que l'on met à table, comme du pain ou des olives... On devra peut-être y faire attention", rapporte Rachid Boudou, propriétaire de plusieurs restaurants.
En Wallonie, servir l'eau gratuitement entraînerait une diminution du chiffre d'affaires de 400 à 600 millions d’euros par an.
Dans un restaurant que nous visitons à Baudour, à Saint-Ghislain, c’est la logistique que l’on craint. La corvée de l’eau prendra du temps, et il faudra investir. "Est-ce qu'on va la servir tempérée? Ce n'est pas très commercial si on joue le jeu, il faudrait qu'elle soit fraîche comme une bouteille d'eau classique que l'on paie donc ça veut dire acheter des nouveau frigos", explique Emilie Fernez, restauratrice."Notre problème est le goût de l'eau car je suis persuadé qu'il est instable. On est obligés de désinfecter l'eau", ajoute Eric Fernez, chef et propriétaire d’un restaurant.
Pour les professionnels, pas question qu'on leur force la main sans la tendre. "Clairement, c'est non. Il n'y a pas de tergiversation ou alors, ils nous le suggère avec éventuellement des compensations financières à long terme mais pour le moment, c'est non", insiste Jean-Louis Simonet de la Fédération Horeca en Wallonie.
Le secteur craint des pertes d’emploi, par manque de chiffre d’affaires, et avance un autre argument. "Nous payons 21% de TVA sur l'eau. Dès qu'elle sera gratuite, elle sera à 0%. C'est un vrai manque pour l'Etat", ajoute Jean-Louis Simonet.
L’eau gratuite dans les restaurants le serait donc uniquement en Wallonie? Cet autre déséquilibre est dénoncé par le secteur.