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Farid Alsaïd exerce comme radiologue dans un cabinet de Molenbeek-Saint-Jean depuis 2014. Un Bruxellois aurait porté plainte contre lui pour un mauvais diagnostic livré à son épouse en 2019. Une anomalie bégnine, d’après le radiologue, s’avère être un cancer du sein. La patiente décède près de deux ans plus tard.
Hors caméra, Farid Alsaïd accepte de nous rencontrer dans son cabinet. Il nie formellement avoir porté préjudice à des patients. Il nous renvoie vers son avocat. "Nous ne savons pas qui c'est. Apparemment c'est une plainte anonyme, mais on n'a pas connaissance. Si on connaissait le nom, on pourrait vérifier si effectivement il s'agissait d'un patient du docteur. Mais pour l'instant, on ne sait rien", nous explique Georg Szabo, l'avocat de Farid Alsaïd.
Condamné plusieurs fois par la justice en France et en Belgique
De son côté, le parquet de Bruxelles ne confirme pas avoir ouvert un dossier. Ce qui est avéré en revanche, c’est que le médecin a déjà été condamné plusieurs fois. D’abord en 2008 en France, où il tenait cinq cabinets. Manque d’hygiène ou dépistages du cancer du sein réalisés sans agrément: le radiologue est interdit d’exercer pendant trois ans.
En 2014, il est condamné à quatre ans de prison pour escroquerie à la sécurité sociale. La justice lui interdit alors définitivement d’exercer sa profession.
Il traverse alors la frontière et poursuit ses activités chez nous. En 2015, il est condamné à Mons pour avoir organisé sa propre insolvabilité, en s’appauvrissant délibérément pour réduire son patrimoine.
Nous n’avons pas un territoire européen unique en matière disciplinaire
Alors, est-ce étonnant que ce radiologue exerce toujours chez nous? Pas vraiment, d’après l’ordre des médecins. "Nous n’avons pas un territoire européen unique en matière disciplinaire. Lorsque les médecins commettent une faute pour laquelle ils sont sanctionnés, il n’y a pas de généralisation de la sanction. C’est une lacune règlementaire", réagit par écrit Benoît Dejemeppe, président de l’Ordre national des médecins.
S’il y a eu une sanction à l’étranger, l’ordre des médecins doit relancer une instruction pour déterminer si la sanction doit être appliquée ou non sur le territoire belge.
La loi interdit à l’Ordre des médecins de communiquer sur le traitement en interne d’un dossier. Impossible donc de savoir si l’Ordre des médecins en Belgique connaissait le passif du radiologue et si une instruction a bien été ouverte.