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C'est donc une info RTL, et un rebondissement dans le dossier des tueurs du Brabant. Les enquêteurs sont apparement passés à côté de 2 armes, similaires à celles utilisées par les tueurs, et qui appartenait à un suspect, un ancien leader d'un groupuscule d'extrême-droite, infiltré par la Sûreté de l'état. Et pourtant, ces armes n'ont jamais été analysées. Elles ont même été détruites. Un reportage de Benjamin Samyn et Emmanuel Tallarico.
En 1986, le calme règne à nouveau dans les lieux touchés par les tueries du Brabant. Le dernier fait s'est déroulé il y a un an. En tout, les auteurs ont commis 17 agressions sauvages et tué 28 personnes. Il y a eu également 22 blessés. Les enquêteurs perquisitionnent plusieurs stands de tir du royaume. Ils sont à la recherche des armes qui ont servi à commettre les massacres. Parmi celles-ci, deux riot guns, que l'on nomme dans le dossier R1 et R2. Ils ont des caractéristiques bien connues.
Deux ans plus tard, Michel Libert est entendu pour la première fois comme témoin. Cet homme est l'une des figures du WNP, (Westland New Post) une organisation clandestine d'extrême droite active dans les années 80. Elle est composée notamment de militaires et de gendarmes. Le climat est à la guerre froide et à l'anticommunisme. Le groupe néonazi est adepte de la doctrine de la guerre subversive. Un projet qui vise la création d'un climat d'insécurité, destiné à déstabiliser le pouvoir en place. Durant l'interrogatoire, Michel Libert reconnait détenir deux riot guns. Ces armes ont les mêmes caractéristiques que celles recherchées. Voici ses déclarations à l'époque: "J'ai acquis deux riot guns au début de l'année 1985. J'en détiens toujours un et l'autre, je l'ai vendu."
L'année 1985 correspond à la fin de la période des tueries, mais plus tard Michel Libert dira qu'il les a achetés en réalité en 1982, soit au moment des premiers faits. Mais chose incroyable: ces armes ne sont ni saisies, ni expertisées par les enquêteurs. Nous avons contacté une source proche de l'enquête. Elle a choisi de répondre par écrit à nos questions. Elle ne comprend pas pourquoi ces riot guns n'ont pas été analysées: "Je préfère dire qu'il s'agit d'une erreur. Dire qu'il s'agit d'une manipulation serait alimenter la thèse complotiste. Celle-ci n'aura fait que desservir le dossier depuis plus de 30 ans. Rien ne permet d'étayer la thèse d'une manipulation, même si on peut se poser sérieusement la question."
En 2014, de nouveaux enquêteurs s'intéressent à ces riot guns. Ils se rendent compte que ces deux armes ont été saisies par la police dans d'autres dossiers. L'une lorsque Michel Libert a voulu la déclarer en 1995. L'autre, vendue à un tier a été confisquée dans le cadre d'un dossier de menace intra-familiale, mais les enquêteurs déchantent. Elles ont été détruites des saisies au début des années 2000 et ne seront donc jamais comparées à celles du Brabant Wallon.
"R1 et R2 sont le chaînon manquant qui aurait permis de définitivement faire entre les faits et leurs auteurs"
Michel Libert, nous l'avons sollicité à son domicile. L'homme n'exclut pas de répondre à nos questions plus tard. Le passé semble néanmoins le hanter. "Ce sont des affaires qu'on a toujours mises sous le couvercle. Chaque fois que j'ai voulu parler de quelque chose, on m'a dit:"Ce n'est pas de cela qu'on parle". J'ai dit:"Mais si on ne parle de ça on ne sait pas continuer à parler de ce que vous vous voulez parler. C'était quarante ans comme à monsieur".
Après son arrestation en 2014, Michel Libert a été relâché sans inculpation, faute d'élément concret. Détruits, ces deux riot guns n'offriront aucune réponse et referment probablement l'une des pistes les plus sérieuses de ce dossier: celle de l'extrême droite, acoquinée à certains éléments de la Sûreté de l'Etat.