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Témoignage exclusif: un indic de la police raconte comment il "travaille"

Témoignage exclusif et interpellant. Celui d'un "indic", un indicateur de la police judiciaire. Un homme qui "fournit" des informations aux policiers en échange, le plus souvent, d'une prime. L'an dernier, ses "tuyaux" ont permis l'arrestation de 1.500 personnes, notamment dans des dossiers liés à la drogue. L'un de ces "indics" a donc accepté de se confier à l'une de nos équipes.

"Il y avait un dealer qui vendait sur un endroit. J’ai fait arrêter onze personnes de chez lui.  Il ne s’est jamais méfié." Il s’appelle Arthur et c’est une taupe. Un indic (indicateur) de la police. Sa voix est réelle mais elle est transformée dans notre reportage télé car nous devons protéger son identité.


Jusqu'à 6000 euros de rémunérations

Toxicomane à l’héroïne et à la cocaïne, il va à la rencontre des vendeurs de stupéfiants et n’hésite pas à les balancer contre rémunération. "C’est 250 euros la tête, par dealer. Ça arrive d’avoir une, deux, comme une dizaine d’arrestations. On va dire la plus grosse somme que j’ai eu est 5.900 euros. La plus petite, 200 euros", fait savoir Arthur au micro de Benjamin Samyn pour le RTLinfo 13 heures. "Parfois, je ne suis même pas rémunéré, mais ça me fait plaisir de donner. Il y a tellement de dealers qui viennent ici. Et ça rentre et ça sort de prisons comme si c’était normal. Quand je vois ça, ça me donne encore plus l’envie de les remettre en prison."

"Ils sont méfiants"

Ce boulot, il le fait depuis plusieurs années. Il estime avoir participé à l’arrestation d’une centaine de vendeurs de stupéfiants. Et à force de côtoyer un milieu criminel qu’il n’hésite pas à dénoncer, Arthur prends des risques. "Je change de voiture, j’essaie de  pas être toujours moi  on va dire. Et de changer de nom aussi", poursuit-il. "A la longue, franchement c’est une habitude pour moi. Il n’y a pas de risques. Maintenant, s’il y a un problème, je ne me laisserai pas faire. Ils ne vont pas sortir un flingue ou un couteau. Ils sont méfiants. Mais ça passe quand même parce qu’ils te renvoient quand même son numéro et tu vas quand même encore à eux. Tu leur achètes et ça passe."

"La police fédérale me donne des rendez-vous"

Ses tuyaux, il les donne au SIC, soit à la Section d’Information Criminelle. C’est elle qui gère la banque de données des indics, les primes et les renseignements qu’ils injectent aux équipes sur le terrain. "La police fédérale me donne des rendez-vous. J’y vais et là, un agent prend son calepin et je donne toutes les informations que j’ai à donner. Ensuite, ils transmettent directement aux enquêteurs de la police des stups. Une fois qu’ils sont arrêtes, je les revois un mois et demi, deux mois après pour être rémunéré", explique Arthur. Frank Discepoli – avocat pénaliste et assistant en droit pénal et procédure pénale, fait savoir "qu'en général, les enquêteurs essaient immédiatement de confronter cette déclaration ou information avec des éléments objectifs. C’est seulement à partir de ce moment qu’ils lancent un dossier."

Arthur aimerait se sortir de ses addictions à la drogue et se préserver du milieu des stupéfiants. A l’heure actuelle,  il n’y est pas encore arrivé.

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