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Le berceau républicain de Tim Walz, mal à l'aise avec ses valeurs de gauche

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Alex WROBLEWSKI

Le démocrate Tim Walz, qui affronte le républicain J.D. Vance lors du débat mardi, aime évoquer ses racines rurales dans le "Midwest" américain.

Mais à Butte, petite bourgade de 270 habitants où le colistier de Kamala Harris a été au lycée, Beth Lechtenberg rigole à chaque fois qu'elle l'entend jouer cette carte.

"Le consensus ici est que nous ne voulons pas qu'il dirige notre pays", explique à l'AFP cette éleveuse. "Sa morale et ses valeurs ne correspondent pas aux nôtres."

Cette mère de trois enfants s'oppose au gouverneur du Minnesota sur tous les sujets, de l'avortement jusqu'à la façon dont il a géré les manifestations du mouvement "Black Lives Matter".

Car à Butte, on porte ses convictions de droite en étendard. Un drapeau "Trump 2024" flotte devant le centre communautaire qui servira du bureau de vote en novembre.

Entouré de champs de maïs, le village se résume à un bureau de poste, une banque, un café familial et un bar. L'épicerie la plus proche est à 10 kilomètres.

Sur un entrepôt agricole, une bannière "Dieu, armes à feu et Trump" a été placardée en guise de devise.

Autant dire que Tim Walz n'est pas vraiment prophète en son pays. Le discours des locaux reflète plutôt la polarisation de l'Amérique: ils sont plutôt négatifs, même s'ils restent polis, comme le veulent les traditions du coin.

"Je suis ami avec beaucoup de membres de sa famille. Et aucun d'entre eux ne dira quoi que ce soit de bon sur lui", assure Brad Kallhoff, 58 ans, propriétaire d'une entreprise de transport. "Ils disent que Tim était un bon garçon à l'époque. Mais que lui est-il arrivé dans le Minnesota ?"

- "Déchirés" -

Naissance à West Point, enfance à Valentine, lycée à Butte: Tim Walz a partagé les débuts de sa vie dans trois petites villes du Nebraska.

Mais c'est Butte, où sa mère vit toujours, que le démocrate a mis en avant lors de son discours pour se présenter aux Américains pendant la convention démocrate en août.

Il a fait l'éloge de ce coin rural, où "la famille au bout de la rue ne pense peut-être pas comme vous (...), mais ce sont vos voisins, vous faites attention à eux et ils font attention à vous."

Sa politique reste malgré tout très éloignée de celle du comté, qui a voté à 87% pour Donald Trump lors de la dernière présidentielle.

Son ascension politique a été "très, très difficile" à digérer pour les habitants, confie Jean Hanson, camarade de lycée de M. Walz qui a quitté Butte en 1980.

"Ils veulent être fiers. C'est la meilleure chose qui soit arrivée à Butte depuis tant de décennies. Et pourtant, ils sont déchirés", explique cette comptable de 63 ans, depuis son domicile à Omaha, la plus grande ville du Nebraska.

"Ils veulent être fiers de lui, mais il est très démocrate", reprend-elle. "C'est très difficile."

- Débat vice-présidentiel boudé -

A Butte, plusieurs habitants sont en effet reconnaissants à Tim Walz d'avoir sorti leur village de l'anonymat. Mais ils auraient souhaité qu'il appartienne à leur famille politique.

"Il donne de l'espoir aux gens, parce que ça montre qu'on peut s'en sortir en venant d'une école tellement petite et d'une communauté tellement petite", concède ainsi Britanie Brewster, directrice du musée local.

Mais "ses opinions sont très différentes de celles des gens d'ici", ajoute immédiatement la trentenaire.

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Alex WROBLEWSKI

Peu d'habitants ont l'intention de suivre le débat vice-présidentiel mardi soir, qui se déroule en même temps qu'un match de volley-ball de l'école des filles, une réunion des pompiers volontaires locaux et coïncide avec la saison des récoltes.

"Nous connaissons ses positions et je n'ai pas l'impression que nous allons apprendre quelque chose de nouveau", reprend Mme Lechtenberg, l'éleveuse. "Je pense que tout le monde sera dans les champs. C'est une belle journée, et ils vont travailler."

Même la mère de M. Walz, Darlene a expliqué à l'AFP devoir s'absenter mardi. Mais selon ses voisins, c'est pour une bonne raison: elle a pris l'avion pour New York, afin de soutenir son fils.

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