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Elle trouve une larve de parasite dans son cabillaud (photo): voici ce que l'Anisakiase peut provoquer si vous en mangez

Une consommatrice a trouvé une larve dans le poisson qu'elle était en train de déguster. Surpris, son mari nous a envoyé une photo du parasite. "Cela correspond à un Anisakiase", a commenté la directrice du laboratoire de parasitologie à l'ULB, qui décrit les symptômes que l'ingestion d'une telle larve peut engendrer.

Un habitant du Brabant flamand et sa femme ont eu une mauvaise surprise en dégustant leur dos de cabillaud, acheté au supermarché. Dimanche dernier, en plein repas, l'épouse arrête de manger: "En coupant dans la chair du poisson, ma femme a vu un ver enroulé sur lui-même, nous raconte ce témoin par téléphone, après nous avoir joints via notre page Alertez-Nous. On n'a évidemment pas fini notre plat".


Il trouve toutes sortes d'élements sur la toile: "J'en suis malade"

Ecœuré, le client cherche des informations sur internet. Et ce qu'il y trouve l'inquiète. "Il semble que ce soit un Anisakiase, pense-t-il. C'est un parasite aux effets dévastateurs. J'en suis malade rien que d'y penser. Il parait que ça peut contaminer le poisson. Apparemment, le parasite libère une substance chimique dans la chair du poisson".


Le laboratoire de parasitologie de l'ULB confirme: "C'est une larve du ver Anisakiase"

Pour vérifier ces suppositions, nous montrons la photo du parasite à Carine Truyens, directrice du laboratoire de parasitologie de la Faculté de médecine à l'ULB. La spécialiste confirme: "C'est tout à fait compatible avec un cas d'Anisakiase, estime-t-elle. C'est fréquent au niveau des poissons. C'est un parasite, mais attention sur la photo, il s'agit de la larve du parasite. Le ver adulte, lui, est plus grand".

Les premières recherches du témoin s'avèrent donc exactes. Mais qu'en est-il du reste? Les larves d'Anisakiase ont-elles un effet "dévastateur", comme le prétendent ces informations trouvées sur le net? La spécialiste relativise.


Si l'être humain mange cette larve vivante, "elle meurt"

D'abord, expliquons ce qu'est un parasite. "Par définition, le parasite est un organisme qui a besoin pour son cycle de développement de s'installer chez des hôtes, éclaire la professeure Truyens. Il ne sait pas se développer dans la nature. L'Anisakiase a un cycle de développement assez complexe, il passe par plusieurs hôtes successifs, dont certains crustacés, des poissons et des mammifères marins".

Normalement, pas d'homme sur son chemin, donc. "L'homme est un hôte accidentel, précise la spécialiste. C'est-à-dire que l'on peut ingérer une larve présente dans un poisson parce que le poisson est lui-même contaminé". Et le problème éventuel ne se pose que si la larve est vivante. "Le problème survient lorsque l'on mange du poisson cru, prévient Carine Truyens. Si on cuit le poisson, il n'y a pas de problème car la larve va mourir lors du processus de cuisson".

Et quand bien même, si elle est ingérée vivante par l'homme, la larve ne poursuit pas son développement dans notre estomac. "La larve va mourir", affirme la directrice du laboratoire. Problème: elle peut malgré tout provoquer des symptômes très désagréables.


Dans notre estomac ou notre intestin, la larve peut provoquer des symptômes

"Sa présence dans notre estomac ou intestin peut durer quelques jours à quelques semaines, indique Carine Truyens. La larve peut s'installer dans la muqueuse gastrique de l'estomac et donner de violentes douleurs quelques heures après le repas. Ces douleurs peuvent également induire des nausées, vomissements ou de la température".

Mais un autre problème peut survenir: notre corps peut réagir à la présence de la larve et tenter de l'isoler. "Un petit granulome (une sorte de petite boule, ndlr) peut alors se former. Pour éliminer cette larve ou ce granulome, on peut procéder par gastroscopie (examen endoscopique au cours duquel on insère un tube optique muni d'une caméra vidéo dans l'œsophage et l'estomac, ndlr)".


Autre possibilité: une réaction allergique ou des douleurs abdominales

Deux autres cas peuvent se présenter. "Plutôt que dans la paroi de l'estomac, la larve peut aussi s'installer un peu plus loin, dans celle de l'intestin au niveau du tube digestif, poursuit la spécialiste. Cela donne alors des douleurs abdominales. Là, les symptômes apparaissent plus tard, quelques jours après l'ingestion du poisson. Enfin, certaines personnes finissent aussi par faire une réponse allergique. Cela peut leur donner de l'urticaire par exemple".


L'ingestion d'une larve peut passer totalement inaperçue

Les symptômes abordés ci-dessus représentent les cas les plus désagréables. "Ce n'est pas plus dangereux que cela", dit Carine Truyens. Il est d'ailleurs possible de vivre quelques jours ou semaines avec cette larve en soi sans s'en rendre compte. "A partir d'un moment, la larve est évacuée ou alors le granulome va disparaître".

Les poissons sont analysés avant d'être vendus

La présence de ce parasite est-elle fréquente dans notre pays? Difficile à dire, selon la spécialiste, qui sait en revanche que l'on dénombre plus de cas au Japon. "Evidemment dans ce pays, on mange beaucoup de poisson cru, explique-t-elle. Les cas sont aussi plus nombreux dans les zones côtières".

Chez nous, les poissons sont censés être contrôlés. "La législation européenne prévoit qu’il incombe aux exploitants du secteur alimentaire de réaliser les contrôles requis à toutes les étapes de la production des produits de la pêche afin que les produits manifestement infestés de parasites ne soient pas mis sur le marché pour la consommation humaine, explique Jean-Sébastien Walhin, porte-parole francophone de l'Afsca, l'Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire. Ceci fait donc partie intégrante de l’autocontrôle de l’opérateur".

Les poissons devant être consommés crus doivent aussi subir un traitement

La tendance des sushis et autres mets asiatiques fait que l'on mange de plus en plus de poisson cru. Là aussi les contrôles existent. "Dans le cas où il s’agit de poisson destiné à être consommé cru, les opérateurs ont l’obligation de leur faire subir un traitement par surgélation afin de tuer les parasites viables pouvant présenter un risque pour la santé du consommateur".

L'Agence fédérale a d'ailleurs rédigé un article destiné aux consommateurs qui souhaitent savoir comment cuisiner en toute sécurité les mets à base de poisson cru.


Le couple de clients ne mangera plus de poisson pendant un petit temps

Ni notre témoin, ni son épouse, n'ont présenté des symptômes. "Je n'ai pas été malade, ma femme non plus, assure-t-il. Et de toute façon, nous avons cuit nos cabillauds au four, à bonne température".

Le client est en tout cas retourné au magasin, où il a facilement pu se faire rembourser les dix euros dépensés pour son poisson. Mais depuis, le couple avoue ne plus vouloir en consommer. "On était bien dégoûtés, dit le témoin. Le poisson, c'est fini pour l'instant".

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