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Arnaqué sur eBay, Sébastien veut bloquer la montre qu'il vient d'envoyer, MAIS "bpost ne sait rien faire, c'est scandaleux!"

Comme de nombreux Belges quotidiennement, Sébastien, manquant d'expérience dans la vente en ligne, s'est fait rouler de manière classique par un escroc basé en Espagne. Ce qui le scandalise le plus, c'est qu'il lui a été impossible de bloquer son colis au niveau de bpost après avoir décelé l'arnaque. Alors que Correos, l'équivalent espagnol, est parvenu à le faire après un simple coup de fil ! Explications.

On ne le rappellera jamais assez: la plus grande prudence est de mise lorsque vous achetez ou vendez quoi que ce soit sur internet.

Il faut toujours avoir une certaine confiance dans le site sur lequel vous achetez quelque chose (préférez des sites connus), ou dans la personne qui prétend vouloir vous acheter un objet en seconde main.

Pour cette seconde catégorie, évitez formellement les envois à l'étranger. Sébastien ne vous dira pas le contraire. Ce Bruxellois vient de faire deux découvertes désagréables liées à la vente d'un objet de seconde main. "Il n'y a que des imposteurs sur eBay et 2ememain", et "bpost ne peut pas bloquer un colis que j'ai envoyé", nous a-t-il expliqué après avoir contacté la rédaction de RTL info via le bouton orange Alertez-nous.


Il a gagné une montre connectée à un concours

La mésaventure de Sébastien a débuté il y a quelques semaines par... une très bonne nouvelle. "J'ai gagné un concours sur Facebook, via la page d'un commerçant (voir ci-contre, NDLR). J'ai reçu une montre connectée, un beau cadeau".

Mais notre témoin n'a pas d'iPhone, or il est indispensable pour utiliser la montre qui est de la marque Apple. De plus, la somme qu'il pourrait en retirer, plusieurs centaines d'euros, serait la bienvenue en ce mois de janvier.

Il décide donc de la mettre en vente, et choisit les plateformes les plus connues, eBay et 2ememain.

Pas d'expérience = danger

Sébastien l'avoue: "Je n'avais jamais utilisé ces plateformes". Sans expérience, il se fie donc à son instinct.

"Très rapidement, j'ai reçu plusieurs propositions relativement identiques", sur les deux plateformes. Il privilégie "celui qui a été le plus rapide", à savoir une personne basée en Espagne, qui l'a contacté via eBay. Les échanges via email se font tantôt en espagnol, tantôt en anglais, ce qui ne déstabilise pas notre témoin.

L'acheteur veut utiliser PayPal (un moyen de paiement sécurisé qui stocke vos données bancaires, vous évitant de les fournir à tous les commerçants) pour s'acquitter de la somme due, ce qu'accepte Sébastien. Cette méthode est plébiscitée par eBay (très lié à PayPal, d'ailleurs). Mais là aussi, notre témoin n'a pas tellement d'expérience.

"J'ai reçu un email de PayPal me disant que l'argent était bloqué jusqu'à ce que l'envoi se fasse".
 

Il envoie son colis via un 'point poste'

Confiant dans le déroulement de la vente, Sébastien se rend au point de vente bpost d'une librairie d'Evere, et envoie la montre en Espagne, à Valence. "Cela m'a coûté 32,80 euros".

Il retourne alors chez lui "pour envoyer les preuves d'envoi", en réponse à l'email qu'il a reçu de PayPal lui disant que le paiement serait débloqué dès qu'il aura fourni les preuves de l'envoi (le numéro de suivi, par exemple).

"Mais je ne parviens pas à envoyer l'email, je reçois une réponse comme quoi l'email n'existe plus", explique Sébastien.C'est alors qu'il comprend que quelque chose cloche, "qu'il s'est fait avoir".

Une arnaque classique

L'arnaque au faux email de PayPal est un grand classique, nous l'avions déjà évoquée avec l'histoire de Laurent, qui avait tenté de vendre un livre sur 2ememain.be.

Avec Sebastien, la technique – assez classique – est un peu différente. Elle fonctionne surtout avec les victimes ayant peu ou pas d'expérience dans la vente ou l'achat d'objet sur des sites de seconde main.

Première étape, proposer un très bon prix à la future victime. Sébastien a reçu une Apple Watch de première génération qui vaut actuellement, neuve, entre 229€ et 369€ (selon les versions). L'escroc lui promettait un paiement total (montre plus frais d'envoi) de 630€. Avec une somme si élevée, le vendeur cède parfois à l'excitation et oublie sa prudence.

Des sites comme eBay ou 2ememain.be ne jouent généralement qu'un rôle d'intermédiaire. Ils servent à mettre en lien l'acheteur et le vendeur, et le paiement ne s'effectue pas via le site (sauf avec eBay, dans certaines circonstances). L'escroc échange donc quelques emails avec la victime, et lui demande s'il peut payer via PayPal. Il prétend alors que le paiement est effectué.

Il utilise ensuite une fausse adresse email imitant (souvent maladroitement) le service clientèle de PayPal: dans le cas de Sébastien (voir ci-dessous), l'adresse est <Epaypuchases@mail2pay.com>, mais l'escroc maquille le 'nom' de l'expéditeur, qui indique 'service@paypal.com'. Il faut donc toujours regarder l'adresse email, et non le nom.

Avec cette fausse identité, l'escroc envoie un message indiquant que le compte de la victime a effectivement été crédité, mais que la somme ne sera débloquée et visible que lorsqu'elle aura fourni la preuve de l'envoi du colis. Ce qu'a fait Sebastien en rentrant du point poste d'Evere.

Dès que le colis est envoyé, c'est gagné pour l'escroc, qui vient de s'offrir gratuitement ce qu'il désirait...

Pas moyen de bloquer le colis au niveau de bpost

Conscient qu'il vient d'envoyer son cadeau à un escroc qui ne le paiera jamais, Sébastien appelle PayPal, qui lui explique comment il a été dupé par une fausse adresse email (Comment reconnaitre un faux email de PayPal?), et lui conseille de bloquer le colis au niveau de bpost.

Se renseignant rapidement au niveau de l'opérateur postal historique, il apprend que son colis va effectivement quitter la Belgique, et qu'il n'y a rien à faire.

"Je trouve cela scandaleux, on m'a dit que ça n'était pas possible, qu'ils ne savaient rien faire. Visiblement, il n'y a que dans les cas de terrorisme ou de drogue qu'on peut arrêter un colis", nous a expliqué Sebastien, très "frustré" à l'époque par la situation.

En effet, renseignements pris, bpost ne prévoit pas le cas où un client veut stopper l'envoi d'un colis. Sur le site de bpost, qui devrait le préciser clairement, on ne trouve aucune information à ce sujet.

Que dit bpost ?

"On envoie en moyenne 126.000 colis par jour, et ça peut aller jusque 240.000 lors des pics", nous a expliqué Barbara Van Speybroeck, porte-parole. Sans compter les "9.000.000 de lettres"...

Cela représente un "flux opérationnel" d'une grande importance. Et y insérer la possibilité de bloquer un colis dans ce flux, pour le ramener à son expéditeur, rendrait sans doute la procédure trop complexe pour bpost. Pour des raisons de logistique et d'organisation, mais également parce que "tous les colis ne sont pas identifiés à partir d'un code-barre" qui, en étant scanné, pourrait permettre de localiser précisément le colis dans le flux opérationnel.

La réponse finale de bpost, dont il faudra se contenter, est que le blocage d'un colis qu'on vient d'envoyer "n'est pas un service offert par bpost", qui nous confirme donc que "après le dépôt d'un paquet dans notre réseau, il n'y a pas moyen de le retirer".

Chez DHL, "c'est possible" tant que le colis n'a pas atteint une des centrales

On a appelé une autre société d'envoi de colis, et la réponse donne un peu plus d'espoir. "C'est possible de bloquer un colis qu'on vient d'envoyer", nous a expliqué Katleen De Wals, responsable des relations avec la presse de DHL.

"Mais cela dépend où il se situe dans le cycle. On peut l'arrêter si le colis est encore dans la voiture du coursier", donc si celui-ci n'a pas encore rejoint un des centrales de DHL.

Selon l'état d'avancement de la tournée du coursier, cela vous donne de quelques dizaines de minutes à quelques heures. "Il suffit de téléphoner au service clientèle de DHL", soit le &nbsp;02 715 50 50.

Correos, la poste espagnole, parvient elle à bloquer le colis !

Sébastien paraissait donc mal embarqué lorsqu'il nous a contactés le 20 janvier dernier. Entretemps, heureusement, la situation est sur le point de se débloquer.

Il est parvenu, "avec l'aide d'une amie espagnole", à contacter la poste de destination, Correos, par téléphone. "On a du attendre que le colis soit pris en charge en Espagne pour réussir à le bloquer!", s'étonne notre témoin.

"J'ai du envoyer un courrier comme quoi je voulais récupérer mon colis, et j'ai eu la confirmation que c'était en ordre". La poste espagnole prévoit donc, elle, la possibilité de bloquer un colis en cours d'envoi, même au niveau international, et même lorsqu'il arrive à destination...

Sébastien a donc récupéré sa montre connectée deux semaines environ après nous avoir contactés, sans frais d'envoi à sa charge ! Et il est plutôt soulagé. "Je suis sur la mutuelle, cette vente allait me permettre de finir mon mois", nous avait-il écrit.

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