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Frank Berton défendra Salah Abdeslam en France. L'avocat lillois qui a notamment plaidé dans l'affaire d'Outreau a rencontré le détenu vendredi à la prison de Beveren. Il s'est également entretenu avec son avocat belge Sven Mary.
L'avocat lillois Frank Berton qui se chargera de la défense de Salah Abdeslam en France s'est montré surpris par le transfert de son client. "Il a demandé à être transféré. Il est en France dans des conditions assez rapides et surprenantes. Je crois savoir qu’il a une audience demain en Belgique, je suis donc assez surpris qu’il soit déjà ici en France. Nous allons voir ce qui a été fait dans la procédure", a-t-il déclaré au micro d'I-télé.
Frank Berton, pénaliste, a notamment plaidé lors de l'affaire d'Outreau, dans laquelle il a obtenu deux acquittements, et assuré la défense de la Française Florence Cassez, accusée d'enlèvement et de séquestration au Mexique avant d'être libérée en 2013. M. Berton et Sven Mary, actuel conseil de Salah Abdeslam, se sont rendus vendredi à la prison de Beveren où ils ont pu s'entretenir deux heures et demie avec le principal suspect des attentats de Paris du 13 novembre, qui ont fait 130 morts, rapporte encore Le Soir. Interrogé ce mercredi matin sur BFM TV, Frank Berton avait précisé: "Il a fait savoir à Sven Mary qu'il souhaitait me rencontrer. J'ai rencontré ce garçon pendant 2h30. Il a le droit à un procès équitable."
Frank Berton, un brillant avocat aux dossiers emblématiques
Salah Abdeslam a été remis mercredi à la France. Frank Berton assurera la défense en France du suspect-clé dans les attentats de Paris. La carrière de ce brillant avocat lillois de 53 ans est ponctuée de plusieurs affaires médiatisées. En juillet 2004, il participe au procès d'Outreau devant la cour d'assises de Saint-Omer, en tant qu'avocat d'Odile Marécaux et Franck Lavier, deux des 17 accusés dans le box pour cette affaire de viols sur mineurs. Frank Berton obtiendra l'acquittement d'Odile Marécaux, puis, plus tard, celui de Franck Lavier. Il a également assuré la défense de la Française Florence Cassez, accusée d'enlèvement et de séquestration au Mexique avant d'être libérée en 2013 au bout de sept ans de prison. La Cour suprême du Mexique avait annulé la condamnation à 60 ans de prison de la Française, âgée de 38 ans à l'époque, estimant que ses droits constitutionnels avaient été violés par les autorités lors de son arrestation. "C'est un jour historique pour la justice mexicaine", avait alors déclaré Me Berton. On le retrouve encore lorsqu'éclate l'affaire du Carlton de Lille, en tant qu'avocat de Francis Henrion.
L'ex-directeur de l'établissement, inculpé pour proxénétisme aggravé, au même titre que le propriétaire du Carlton, Hervé Franchois, avait été relaxé. L'an dernier, Frank Berton participe au procès pour l'assassinat d'un couple de restaurateurs français dont les corps avaient été retrouvés affreusement mutilés à Madagascar en 2012, en tant que conseil des familles. Deux Malgaches ont été condamnés aux travaux forcés à perpétuité pour ces faits. Frank Berton avait aussi défendu Aït Ali Belkacem, condamné en septembre 1999 à dix ans de prison pour association de malfaiteurs lors du procès d'un réseau islamiste considéré comme responsable d'attentats perpétrés entre juillet et octobre 1995 en France, faisant dix morts et 250 blessés. L'Algérien de 31 ans avait avoué être l'auteur d'un attentat à la bombe dans une gare parisienne le 17 octobre 1995, lors duquel 30 personnes avaient été blessées.
Dans un entretien vidéo accordé à La Voix du Nord mercredi, Me Berton rappelle qu'alors qu'il avait reconnu les attentats, Aït Ali Belkacem "avait décidé en cours d'instruction après plusieurs mois de revenir sur ses aveux", et que l'avocat avait alors "décidé de quitter sa défense". "Je l'ai dit ça à Salah Abdeslam." Le ténor du barreau de Lille a par ailleurs défendu des familles de victimes de terroristes, après un attentat à Marrakech notamment. "Je connais donc un côté et l'autre côté."
Il défend aujourd'hui Salah Abdeslam, l'un des suspects clés dans les attentats à Paris. Toujours dans cet entretien à La Voix du Nord, Me Berton déclare que la décision de défendre Salah Abdeslam "n'est pas simple à prendre", mais qu'il l'a prise "en âme et conscience après (...) l'avoir surtout rencontré en prison pendant plus de deux heures et demi en présence de son avocat belge, qui nous assistera encore en France, Sven Mary". "On est là pour l'assister, l'accompagner devant le juge d'instruction et la justice française, et peut-être tourner une page suite à ce terrible drame." "On aura des critiques, on aura des menaces, l'avocat est là pour défendre, on est dans une démocratie, on est dans une République. (...) Chacun a droit à une défense, et Salah Abdeslam doit être défendu", ajoute-t-il encore.