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Le Premier ministre Charles Michel s'est défendu des accusations portées contre lui par la presse internationale présentant son gouvernement comme l'un des cinq ou six appartenant aux pays partisans de la ligne dure du "Grexit". Il a assuré au contraire, ce lundi devant le parlement belge, avoir joué un rôle de médiateur autour de propositions alliant solidarité et responsabilité.
"Nous avons toujours estimé que la Grèce devait rester dans la zone euro. Ce point de vue n'a jamais varié. C'est dans ce sens que nous avons oeuvré tout au long des réunions de ces dernières semaines", a indiqué ce lundi Charles Michel, interrogé au sein du comité d'avis sur les questions européennes qui réunit des députés et des sénateurs.
"J'ai pris des responsabilités, tenté de jouer un rôle utile"
Plusieurs parlementaires dont le député Dirk Vandermaelen et la présidente de Groen Meyrem Almaci ont relayé des informations des journaux français Le Monde et britannique The Guardian selon lesquelles la Belgique aurait, avec quelques pays, appuyé ces dernières heures la position de la chancelière allemande Angela Merkel et son ministre des Finances Wolfgang Schaüble en faveur d'une sortie de la Grèce de la zone euro. Ces informations ont étonné jusqu'au sein de la majorité, le chef de groupe CD&V au Sénat Steven Vanackere s'inquiétant du fait que la Belgique puisse s'éloigner de son rôle historique dans la construction européenne.
Le chef du gouvernement belge n'a pas apprécié les sorties médiatiques évoquées, assurant avoir ces dernières heures oeuvré avec six ou sept collègues "à rapprocher les points de vue, éviter les drames, une faillite totale qui aurait conduit à l'aventure". Je peux vous dire "les yeux dans les yeux que j'ai pris des responsabilités, tenté de jouer un rôle utile, en déposant des textes et propositions qui permettaient d'offrir des perspectives", a ajouté en substance le Premier ministre.
L'opposition pas convaincue
Ces propos n'ont pas rassuré l'opposition qui a globalement fustigé ce lundi un accord ajoutant une nouvelle couche d'austérité au détriment de la population grecque et mettant le pays sous tutelle. Pour la majorité, au contraire, cet accord ouvre des perspectives, notamment en termes d'investissements et de flexibilisation de la dette. "C'est un plan très très dur pour la population et le gouvernement grec, mis devant le fait accompli", a commenté Stéphane Crusnière (PS), évoquant l'absence de solution sur la restructuration de la dette et une mise sous tutelle de 50 milliards d'actifs publics qui relève de l'"humiliation". Selon lui, un petit groupe de pays dont la Belgique ont oeuvré contre l'intérêt général européen. Le député européen Claude Rolin (cdH) a tenu à peu près le même discours en s'inquiétant de l'absence de projet industriel ou de vision sur la sécurité sociale. "La Belgique a défendu une vision austéritaire et nationaliste", a constaté Georges Gilkinet (Ecolo), Marco Van Hees (PTB) dénonçant "un coup d'Etat néo-colonial". Le Premier ministre s'est dit au contraire "soulagé" par un accord qui permettra de "restaurer la confiance" entre la Grèce et ses créanciers, de nombreuses étapes restant cependant à franchir dans les prochaines semaines.
Que contient l'accord ?
L'accord conclu avec la Grèce passe par la privatisation d'actifs gérée par Athènes, garantissant le redéploiement économique et la recapitalisation des banques, la correction de certaines mesures jugées néfastes pour la dette, l'ouverture de perspectives en vue d'une flexibilisation de la dette et un nouveau plan d'aide d'au moins 82 milliards d'euros auxquels s'ajouteront les 35 milliards d'euros de la Commission européenne pour la croissance et l'emploi. L'hypothèse d'un Grexit comme bâton, exigée par certains Etats membres, n'a finalement pas été retenue dans l'accord final.
La Grèce s'est engagée a faire voter un certain nombre de réformes les 15 et 22 juillet au parlement. Plusieurs parlements d'autres Etats membres doivent pour leur part se prononcer sur l'accord intervenu lundi.