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La justice va désigner d'ici fin décembre des experts afin d'examiner les nombreux enfants ayant été vaccinés contre la méningite avec des lots défectueux du Meningitec, a annoncé mardi le président du tribunal de grande instance de Clermont-Ferrand.
"Cinq ou six collèges d'experts", réunissant à chaque fois un pédiatre et un toxicologue, seront diligentés dans toute la France "à partir de début janvier" et devront rendre leurs conclusions "dans un délai raisonnable", a déclaré Jean-Claude Pierru lors d'une audience au civil pour déterminer la responsabilité du distributeur français du Meningitec.
A ce jour, quelque 580 familles, originaires de toute la France, ont porté plainte contre le laboratoire CSP (Centre Spécialités Pharmaceutiques), installé à Cournon-d'Auvergne (Puy-de-Dôme), à qui elles reprochent d'avoir acheminé des seringues susceptibles de contenir des résidus de métaux lourds (oxyde de fer, acier inoxydable, chrome, zinc).
Nombre d'enfants vaccinés avec ces lots frelatés souffriraient depuis de réactions en chaîne (diarrhées aiguës, fortes poussées de fièvre, troubles du sommeil, irritabilité, éruptions cutanées, etc...). Des adultes également vaccinés ont pour leur part développé des maladies auto-immunes.
Mardi, le tribunal a examiné environ 150 dossiers de familles de victimes. Une autre série de plaintes sera examinée lors d'une audience, le 26 janvier, également à Clermont-Ferrand.
Suite à la découverte de plusieurs seringues défectueuses, le laboratoire américain Nuron Biotech avait procédé à un retrait mondial de 21 lots de ce vaccin en 2014.
En France, tous les lots ont été retirés par précaution en septembre 2014, par l'intermédiaire de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Mais le vaccin aurait été toutefois encore prescrit trois mois après, à plusieurs reprises, selon l'avocat des familles, Emmanuel Ludot, qui évoque un "scandale sanitaire".
"Seule la nomination d'experts va permettre d'avoir la vérité, d'apaiser et de rassurer pour l'avenir" les parents de ces enfants, s'est félicité à l'issue de l'audience, cet avocat du barreau de Reims.
"C'est un bon début, j'ai l'impression qu'on commence enfin à être entendus", a aussitôt réagi Audrey Cheynau, une mère de famille de Loire-Atlantique, venue à l'audience avec une cinquantaine d'autres parents, les doudous de leurs enfants à la main.
Outre cette procédure, les victimes françaises du Meningitec se porteront également parties civiles dans la procédure pénale enclenchée en Italie. "Tous les dossiers de santé publique (traités au pénal, NDLR) vont à la poubelle en France. Vous avez vu le sort réservé au dossier du Gardasil ? Classement sans suite. Tchernobyl ? Non-lieu. L'hormone de croissance ? Non-lieu aussi", a fait valoir Me Ludot.
"Je n'ai pas envie que ces familles soit encore dans l'amertume sur le plan pénal. Nous irons donc nous faire reconnaître comme victimes auprès de la justice italienne", a-t-il ajouté.
Contactés par les journalistes, les avocats du laboratoire CSP n'ont pas souhaité réagir. Les représentants de quatre laboratoires étrangers, dont deux suisses, un hollandais et un allemand, qui ont participé à l'élaboration et la mise sur le marché du vaccin incriminé, n'étaient pas présents à l'audience.
Une pétition sur Internet, qui revendique 77.000 signataires, réclame par ailleurs la mise en place d'une cellule de crise par le ministère de la Santé afin de répondre aux inquiétudes des familles.