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Avec le CETA, la Wallonie s'est forgée un nom de l'est de l'Europe à l'ouest du Canada. Aujourd'hui c'est la fin de la dramatisation, mais avec quelles conséquences? C'était l'un des thèmes de l'émission C'est pas tous les jours dimanche.
"Finalement on se rend compte que ce 'non' ne servait pas à grand-chose, jusqu'à preuve du contraire, il n'y a pas grand-chose qui a changé dans ce traité", s'est d'abord exprimée la chroniqueuse et journaliste Emmanuelle Praet.
"On a besoin d'amis dans le monde"
Pour certains invités et chroniqueurs de l'émission, la Belgique souffrira du "non" wallon à l'avenir. "On n'est pas seuls au monde. On a besoin d'amis dans le monde. La diplomatie a une mémoire très longue. J'ai écrit pendant 38 ans sur cela, et on va payer le prix quand on aura besoin du soutien du Canada ou d'autres pays européens", explique l'éditorialiste du journal flamand Standaard, Mia Doornaert.
Avons-nous heurté nos amis canadiens de l'autre côté de l'Atlantique? En tout cas, l'image du Canada véhiculée durant les débats était assez négative. "Au niveau des entreprises canadiennes il y a aussi un dommage qui a été causé, parce qu'on a réduit le Canada au bœuf aux hormones et à la protection sous le standard des droits de l'Homme", explique Jane Murphy, vice-présidente de la Chambre de commerce canadienne Belgique-Luxembourg.
Justin Trudeau affirme qu'il n'y a pas de conséquence
Le report de trois jours du sommet n'est qu'une péripétie sans conséquences, a assuré le Premier ministre canadien durant la conférence de presse organisée ce dimanche à Bruxelles durant le sommet. "Effectivement, on avait planifié de signer cet accord il y a trois jours, on le signe aujourd'hui à la place, ça ne fait pas une énorme différence dans l'impact économique que ça va avoir pendant des décennies de manière positive sur tous nos citoyens. Et le fait qu'on ait pu écouter des préoccupations, adresser ces préoccupations (y répondre, ndlr), et démontrer que ça se fait dans le respect de la démocratie et des différentes perspectives, je suis tout à fait content qu'on arrive ici ayant eu des défis".
Des conséquences au sein même de la Belgique
Même au sein de notre pays, entre le nord et le sud, la résistance de Paul Magnette pourrait laisser des traces. "Le problème c'est qu'il a posé un précédent, et j'imagine qu'en Flandre il y a des gens qui vont dire 'Ahah! Tu as agi en pays indépendant, tu as agi comme si tu n'avais pas besoin de tenir compte des autres, nous gardons ça en réserve et demain nous verrons à quelle occasion nous pourrons nous servir des mêmes arguments", analyse Christophe Giltay, grand reporter pour RTL-TVI.
Vu de Flandre, le "non" wallon n'a donc pas que du négatif. "C'était quand même des partis flamands qui ont demandé plus de compétences pour les régions. Les parlements régionaux l'ont utilisé, apparemment en Wallonie on a fait ça, donc on ne doit pas se plaindre sur ce point", explique le chef de groupe CD&V à la Chambre, Raf Terwingen.
Un effet positif pour l'image de la démocratie
Vu de l'étranger, la résistance du "petit village wallon" n'aura cependant pas été que négative. "C'est vrai qu'on a vu la Wallonie comme un moment où la démocratie arrive à s'exprimer, surtout dans un moment où en Italie on discute beaucoup du changement de la constitution", explique un journaliste italien, Filippo Giuffreda.
Le gouvernement wallon satisfait
Quant au fond du dossier, le gouvernement wallon confirme: il est satisfait. "Nous avons obtenu le maintien de clauses sociales et environnementales de manière expresse. Aucun état ne pourra être attaqué parce qu'il améliore ses clauses environnementales et sociales, ce n'était pas dedans", estime Jean-Claude Marcourt, ministre wallon de l'Economie.