Partager:
L'organisation Animal Rights s'est infiltrée dans l'un des plus grands abattoirs de porcs en Flandre. Des images d'insoutenables souffrances animales ont été prises et rendues publiques aujourd'hui. L'un des plus gros clients de l'abattoir, Delhaize a annoncé qu'il mettait un terme à sa collaboration.
L'organisation de défense des animaux Animal Rights a introduit une plainte auprès du parquet de Bruges à l'encontre de l'abattoir de Tielt (Flandre occidentale), annonce-t-elle dans un communiqué jeudi. L'organisation, qui a filmé durant un mois en cachette "les pratiques frauduleuses du plus grand abattoir de Belgique", dénonce la "souffrance inimaginable" que les porcs y endurent. Animal Rights exige la fermeture immédiate de l'abattoir, ce que le ministre pour le bien-être animal, Ben Weyts a fait peu après midi. Il a ordonné l'arrêt de toutes activités de l'abattoir. Auparavant, joint par nos soins, l'un des principaux clients de l'abattoir, Delhaize, se disant choqué et surpris, avait annoncé mettre un terme à sa collaboration. "C'est un signal fort à l'égard de nos fournisseurs", nous avait expliqué le porte-parole du groupe, indiquant que tous les contrats Delhaize comportait un chapitre "Bien-être animal" et qu'il ne s'agissait pas juste de mots.
Les images montrent les actes de maltraitance dont sont victimes les porcs à leur arrivée à l'abattoir de Tielt et font état d'infractions à la législation relative à la protection des animaux au moment de leur abattage. Le film dure cinq minutes et montre des scènes de souffrances animales particulièrement dures à regarder, et à entendre aussi tant les cris des cochons sont déchirants.
"Pendant un mois, j'ai infiltré l'abattoir de Tielt en tant qu'employé. J'ai constaté que la production de viande cause d'énormes souffrances aux animaux. À l'arrivée à l'abattoir, beaucoup d'animaux sont frappés, tirés par les oreilles. Des animaux blessés et boiteux reçoivent des coups de pied. Il y a des animaux qui reprennent conscience après l'étourdissement au gaz. Ils sont suspendus et égorgés", raconte le militant de l'association Animal Rights.
"Parfois, ils sont immergés vivants dans un bain d'échaudage (destiné à attendrir la peau de l'animal pour faciliter l'étape suivante d'épilage) à une température de 60° où ils se noient", poursuit-il. Les images qui suivent viennent prouver la véracité du propos. Elles sont atroces. On y voit une chaîne de porcs pendus par les pieds qui descendent progressivement dans le bain. Un des cochons n'est pas mort. Il s'agite, se tord alors qu'il atteint l'eau du bain. On le voit ensuite se débattre en vain dans le bain en poussant des cris. Les images sont extrêmement dures. Les cris finissent par cesser. Le mammifère se noie.
Delhaize est un client important de l'abattoir de Tielt et vend la viande avec le label "Beter voor idereen" ("Mieux pour tous")
Malgré les obligations légales qui imposent, en Flandre, l'étourdissement des animaux avant leur abattage, on peut voir sur les images à plusieurs reprises des porcs qui sont entièrement abattus sans étourdissement et égorgés, continue l'organisation.
L'étourdissement au gaz utilisé dans l'abattoir n'est par ailleurs pas toujours efficace. La loi oblige dans de tels cas de prendre des mesures supplémentaires pour anesthésier les animaux destinés à l'abattage. Or dans la pratique, ce n'est que rarement effectué.
Certains porcs morts, durant le transport par exemple, sont quand même utilisés pour une future commercialisation alors qu'ils devraient en principe être retirés du marché. Dans le film, on entend un des travailleurs de l'abattoir déclarer: "si le vétérinaire ne le voit pas, un couteau en fera son affaire".