Le procès des "princesses du Conrad" débutera jeudi devant la 59e chambre du tribunal correctionnel de Bruxelles, pour trois jours de débats. Une princesse des Emirats arabes unis et sept de ses filles sont prévenues pour avoir maltraité une vingtaine de femmes qu'elles employaient, en 2008, alors qu'elles séjournaient à l'hôtel Conrad (aujourd'hui Steigenberger) à Bruxelles.
La princesse arabe Sheikha Hamda Alnehayan, veuve du cheikh d'Abu Dhabi, et sept de ses filles vont être jugées devant le tribunal correctionnel de Bruxelles, pratiquement 10 ans après les faits.
Les princesses doivent répondre de traite des êtres humains ainsi que de traitements inhumains et dégradants et séquestration, des faits commis dans le luxueux hôtel Conrad à Bruxelles, en 2008.
La police avait constaté que cette famille princière des Emirats arabes, qui louait tout un étage de l'hôtel, y exploitait une vingtaine de femmes de différentes nationalités. Celles-ci y séjournaient dans des conditions proches de l'esclavage.
Selon l'enquête, elles se trouvaient là sans permis de travail et sans permis de séjour, travaillaient jour et nuit pour un salaire de misère, dormaient à même le sol et n'avaient pas le droit de quitter l'étage.
En 2012, la chambre des mises en accusation de Bruxelles avait renvoyé les huit princesses en correctionnelle. Mais la cour de cassation avait ensuite cassé cet arrêt. En cause, la visite domiciliaire effectuée à l'hôtel par la police au moment des faits, qui n'était pas valide.
En 2014, la chambre des mises en accusation avait à nouveau décidé de renvoyer l'affaire en correctionnelle. La défense avait, une fois encore, introduit un pourvoi en cassation. Mais en 2015, la cour de cassation avait cette fois rejeté le pourvoi, renvoyant définitivement les inculpées en correctionnelle.
Le Centre fédéral Migration (Myria) est partie civile dans cette affaire qui avait fortement ému l'opinion publique. A la défense, Me Adrien Masset représentera les prévenues qui contestent toutes les préventions. La défense estime que c'est la société Private Department, qui a signé les contrats d'emploi avec les victimes, qui est responsable devant la justice. "C'est cette société qui a signé les contrats. Elle a aussi souscrit des assurances santé pour ces employées", a précisé Me Stephen Monod, du barreau de Paris.
Mais aussi, sur le fond du dossier, les avocats de la défense ont considéré que les faits ont, à tout le moins, été largement exagérés par certaines victimes. "Il y a des récits qui ne tiennent pas la route. Lorsqu'on entend que des travailleuses devaient changer les draps de lit des princesses, imaginez-vous que du personnel autre que celui de l'hôtel fasse les lessives et étende le linge aux fenêtres? On a construit une histoire", a avancé Me Monod. "Egalement, lorsque j'entends dire qu'on leur confisquait leurs passeports pour les empêcher de circuler librement, je réponds que c'est faux. Pensez-vous que la famille avait peur qu'elles s'en aillent? Il n'aurait pas été difficile pour elle de retrouver du personnel dans ce domaine", a encore affirmé l'avocat.