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Exclu RTL: un document confidentiel prouve qu’au niveau du renseignement, y compris terroriste, la police belge est défaillante

Au niveau de la police fédérale, il existe un problème à la fois informatique et humain, qui résulte d'un manque de moyens, qui empêche les informations de circuler entre les arrondissements judiciaires. Résultat: s'il est impossible de faire certaines connections entre des informations, la notion même de renseignement ne tient plus. "Le renseignement, c’est notre talon d’Achille en Belgique depuis une trentaine d’années", dénonce un agent sous couvert de l'anonymat.

RTL-TVI a pu se procurer un document secret de la police fédérale, émis dans le cadre d’un projet mené au sein de la direction générale de la police judiciaire. Il s’agit d’une note interne qui décrit la mauvaise gestion des renseignements au niveau des services centraux de la police, c’est-à-dire l’échelon situé au-dessus des arrondissements.


Impossible de recouper une information

Le problème ? Un manque de moyens humains et d’outils informatiques adéquats: "La manière dont l’information est actuellement classée (...) ne permet que de retrouver une information parmi d’autres sans pouvoir la recouper et la transformer en renseignement criminel. A ce jour, nous sommes dans l’incapacité d’effectuer le moindre travail de gestion du renseignement en tant que tel", constate le document.


"On n'a pas les outils ni le personnel pour"

Un agent de la police fédérale, qui a accepté de parler à nos journalistes Benjamin Samyn et Samuel Lerate anonymement, confirme cette réalité. "La masse de renseignements est énorme. Il faut évidemment faire le tri entre ce qui est important et ce qui l’est moins. Il faut vraiment développer une véritable intelligence judiciaire. Pour cela il faut des outils et ces outils pour l’instant on n’en a pas, et on n’a de toute façon pas suffisamment de personnel qui permettrait de gérer cette masse d’information."


Exemple de problème

Concrètement, prenons le cas d’un numéro de téléphone qui apparait dans un dossier à Bruxelles. Il n’est alors pas jugé intéressant pas les enquêteurs locaux. Puis, le même numéro apparait dans l’arrondissement d’Anvers. Et bien le lien entre les deux affaires ne peut pas être effectué. Il n’y a pas de système informatique global qui le permettrait. Pourtant, cela pourrait apporter des éléments utiles, par exemple dans des dossiers de terrorisme. "Ça pourrait être aussi le cas pour des dossiers de stupéfiants, de trafic d’armes, tout ce qui concerne en fait la criminalité organisée", confirme le policier, qui déplore l’inefficacité du système tel qu’il existe aujourd’hui en Belgique. "Je pense qu’on passe très régulièrement à côté d’informations qui pourraient être utiles." Il dénonce aussi un manque de collaboration entre la Sûreté de l’Etat et ces services centraux de la police fédérale.


Pour ce policier, ce manquement est en partie la cause de catastrophes

"Le renseignement, c’est notre talon d’Achille en Belgique depuis une trentaine d’années. Ce qui fait qu’à intervalles réguliers, on a des faits dramatiques qui se produisent en Belgique et on se rend compte systématiquement que la gestion de l’information, du renseignement, est une partie du problème", dénonce-t-il.


Il faudra que le gouvernement fédéral débloque beaucoup de moyens pour régler le problème

La commission d’enquête parlementaire sur les attentats de Bruxelles, qui débute lundi, va donc avoir du travail. Les renseignements belges, au niveau de la police fédérale, n’existeraient donc pas au sens où on l’entend habituellement, puisqu’il est impossible de connecter facilement des informations entre plusieurs arrondissements différents.

Selon le policier qui a accepté de nous parler, il faudra une impulsion politique pour donner plus de moyens, humains et techniques, donc plus d’argent, aux services centraux de la police fédérale pour améliorer cette gestion des renseignements défaillante.

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