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La justice belge a identifié trois logements qui ont été loués en Belgique pour préparer les attentats de Paris et confirmé mercredi que leur organisateur présumé, Abdelhamid Abaaoud, avait séjourné à Charleroi (sud) avant les attaques.
La Belgique avait été désignée très rapidement comme base arrière organisationelle des commandos qui ont fait 130 morts dans la capitale française le 13 novembre, mais c'est la première fois que la justice donne autant de détails sur les planques utilisées.
"Trois logements conspiratifs utilisés par les auteurs des attentats du 13 novembre 2015 ont été retrouvés par les enquêteurs", a indiqué le parquet fédéral, en charge de l'enquête sur les attentats en Belgique, dans un communiqué.
Il s'agit d'un appartement à Schaerbeek, une commune populaire du nord de Bruxelles, d'un autre appartement à Charleroi (sud de la Belgique) et d'une maison à Auvelais, dans la région de Namur (sud).
Deux mois après les attentats, quatre hommes restent traqués par les polices européennes dont Salah Abdeslam et trois des kamikazes restent à identifier.
Le parquet a notamment confirmé que l'un des kamikazes du Stade de France, Bilal Hadfi, et Abdelhamid Abaaoud, jihadiste belgo-marocain de l'Etat islamique qui aurait eu un rôle de premier plan dans l'organisation des attentats, ont séjourné dans l'appartement de Charleroi avant les attaques.
"Une perquisition (...) a permis la découverte de matelas ainsi que d'empreintes digitales" des deux hommes dans cet appartement, situé rue du Fort, selon le communiqué.
Les trois logements ont été loués sous de fausses identités bien avant les attentats: début septembre pour les deux appartements, le 5 octobre pour la maison d'Auvelais.
"Le loyer des trois logements et la garantie ont tous été payés en liquide à leur propriétaire respectif", a expliqué le parquet.
Il était déjà apparu vendredi que l'appartement de Schaerbeek avait probablement servi à fabriquer des ceintures d'explosifs.
Ceintures d'explosifs
Une perquisition, le 10 décembre, a permis aux enquêteurs "la découverte de matériel destiné à la préparation d'explosifs, d'une balance de précision, de traces de TATP (l'explosif utilisé par les kamikazes, NDLR), de ceintures ventrales ainsi que d'un schéma dessiné à la main décrivant un personnage portant une large ceinture à la taille", décrit le parquet.
La police y a également trouvé "l'empreinte ADN" de Bilal Hadfi et une empreinte digitale de Salah Abdeslam, l'un des suspects clés, soupçonné d'avoir joué au moins un rôle de logisticien dans les attentats, et qui est toujours en fuite.
La police traque également Mohamed Abrini, un autre Belgo-Marocain vu en compagnie de Salah Abdeslam deux jours avant et sans doute la veille des tueries, sur l'autoroute entre Bruxelles et Paris.
Elle recherche aussi deux hommes contrôlés en septembre avec de fausses cartes d'identité belges au noms de Soufiane Kayal et Samir Bouzid, alors qu'ils se trouvaient en voiture avec Salah Abdeslam, entre Budapest et Bruxelles.
Avec sa fausse carte d'identité, l'homme se présentant comme Samir Bouzid a notamment transféré 750 euros à la cousine d'Abaaoud depuis une agence Western Union en région bruxelloise, la veille de l'assaut de Saint-Denis près de Paris du 18 novembre, dans lequel ils ont tous les deux été tués.
La maison d'Auvelais était déjà soupçonnée d'avoir servi de cache. Plusieurs matelas y ont été découverts, selon le parquet.
L'itinéraire des commandos entre la Belgique et Paris, la veille des attentats, a notamment été repéré grâce à des images de vidéosurveillance.
"L'enquête a permis (...) de déterminer que le véhicule SEAT Leon qui a servi ultérieurement à commettre les attentats de Paris est passé à proximité immédiate des logements à Charleroi et à Auvelais", indique le parquet.
"Par ailleurs, un véhicule de marque BMW loué par" l'un des hommes inculpés et incarcérés en Belgique, Mohamed Bakkali, "est également passé à proximité immédiate des trois logements", selon cette source.
La justice belge a au total inculpé dix individus, dont neuf sont toujours incarcérés, dans le volet belge de l'enquête sur les attentats.
Plusieurs d'entre eux sont accusés d'avoir aidé Salah Abdeslam au début de sa cavale, et notament lors de son retour en Belgique le lendemain des attentats.