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Yvan Colonna: "L'Etat français n'est pas un assassin", assure le préfet de Corse

"L’Etat français n'est pas un assassin", a affirmé lundi le préfet de Corse en réponse au slogan largement repris sur l'île lors des manifestations organisées depuis l'agression mercredi du militant indépendantiste Yvan Colonna, grièvement blessé par un codétenu en prison.

"L’Etat français n'est pas un Etat assassin, l’Etat français n'a jamais été un Etat assassin, prétendre le contraire est contraire à la vérité", a déclaré à l'AFP Amaury de Saint-Quentin, nouveau préfet de Corse, à l'issue d'une conférence de presse.

"Je suis triste et malheureux de voir un tel slogan porté sur un territoire où la France et la République ont tant fait", a-t-il ajouté en référence au slogan en langue corse "Statu Francese Assassinu", largement repris dimanche dans une manifestation qui a réuni 4.200 personnes, selon la préfecture, 15.000, selon les nationalistes qui l'organisaient.

La famille Colonna et les nationalistes dénoncent des "dysfonctionnements" de l'administration pénitentiaire ayant conduit à l'agression d'Yvan Colonna et reprochent à l'Etat d'avoir toujours refusé au militant corse de purger sa peine sur l'île.

"L'urgence aujourd'hui, c'est de renouer le dialogue avec l'ensemble des acteurs du territoire et retrouver la voie de l'apaisement", a insisté le préfet.

Assurant "comprendre la douleur, la colère de certains", il a toutefois estimé que ce "drame" "ne justifie pas les violences" qui ont émaillé les manifestations, notamment dimanche, avec une vingtaine de manifestants et quatre gendarmes blessés.

Lundi, 11 collèges et lycées sur les 47 que compte l'île ont connu "des blocages et tentatives de blocages" menés par des élèves en soutien à Yvan Colonna, selon le rectorat, et l'université de Corse était toujours bloquée à l'appel de trois syndicats étudiants nationalistes Ghjuventu Paolina (GP), Ghjuventu Indipendentista (GI) et Cunsulta di a Ghjuventu Corsa.

Des lycéens ont manifesté devant la préfecture de Haute-Corse à Bastia. "Des projectiles ont été lancés sur les policiers" et des poubelles incendiées, a indiqué à l'AFP un porte-parole de la préfecture, précisant que la préfecture et la Collectivité de Corse partagent des locaux.

La manifestation s'est terminée en début de soirée, selon la préfecture.

- "Pouvoir du dialogue" -

De nouveaux rassemblements sont prévus lundi soir à Aix-en-Provence et dans plusieurs villes corses.

Se voulant apaisant, le préfet de Corse, arrivé dans l'île jeudi dernier mais prenant officiellement ses fonctions lundi, a assuré qu'il veut un Etat "proche de la Corse et des Corses".

"Je m'inscris comme partenaire des élus, de tous les élus quelle que soit leur couleur politique", a-t-il insisté.

L'évêque d’Ajaccio Mgr François Bustillo a également tenu à s'adresser, dans un communiqué, à "(s)es frères corses en ces jours troublés".

"Face à la crispation sociale, nous croyons au devoir et au pouvoir du dialogue pour réparer la confiance et réconcilier les citoyens. La voie de la force est mortifère", a écrit l’évêque.

"L’esprit de vengeance et de violence engendre la barbarie. Le chemin qui va de la tentation fratricide à la fraternité est possible", a-t-il ajouté.

Le militant indépendantiste Yvan Colonna, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, a été violemment agressé par un codétenu mercredi à la prison d'Arles (Bouches-du-Rhône). Depuis, il est entre la vie et la mort, soigné dans un hôpital marseillais.

A Paris, son agresseur, Franck Elong Abe, 35 ans, a été mis en examen dimanche pour "tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et placé en détention provisoire.

Lundi la garde à vue d'un autre codétenu a été levée, selon des sources proches du dossier. Smaïn Ait Ali Belkacem, condamné à perpétuité pour un attentat à Paris en 1995, avait été interrogé pour "savoir ce qu’il savait éventuellement du projet" de Franck Elong Abé.

mc-est/iw/dch

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