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C’est un incident qui n’arrive malheureusement pas qu’aux autres… Michael, 52 ans, a pressé le bouton orange Alertez-vous pour nous raconter l’arnaque dont il a été victime. En quatre jours, 200.000 euros ont été prélevés de son compte bancaire. Comment cette situation est-elle possible, et comment réagir en pareille situation ?
"Me voilà sur la paille, avec une nouvelle maison en hypothèque et une vie gâchée". Cette année, ce n’est pas une, mais deux arnaques qu’ont subis Michael et sa femme. Après avoir versé plus de 7.000 euros sur un compte pensant être celui de son fils, le père de famille en a perdu 200.000 à cause d’une escroquerie en ligne.
"Ma femme a vu passer une info sur les réseaux sociaux qui expliquait la façon dont Sandrine Dans aurait gagné de l’argent", explique-t-il. Selon l’annonce, il lui suffisait simplement d’investir dans les bitcoins pour faire fructifier ses économies.
Michael décide alors d'investir 250 euros. Il est directement contacté par téléphone, son interlocuteur lui propose de placer davantage pour multiplier les bénéfices. Il clique sur le lien et accepte de communiquer ses informations personnelles et bancaires. La machine est alors lancée.
Ceux qui promettent de l’enrichir transmettent, à Michael, un document qu’il doit faire signer par sa banque. "Mon banquier m’a félicité pour l’achat d’une nouvelle voiture. Je n’ai pas compris, mais je n’ai pas relevé l’information", confie l’intéressé.
Ce que l’homme comprendra plus tard, c’est que le fameux document portait sur l’achat d’une Fiat. Un moyen, pour les voleurs, de prélever des sommes importantes sans éveiller les soupçons. Ne l’ayant pas lu, notre alerteur n’a pas vu venir l’arnaque.
En quelques jours et en seulement quatre opérations, Michael s’est fait voler les 200.000 euros qu’il possédait sur son compte grâce à la vente de sa maison. "On aurait pu vivre décemment sans penser à rien. Maintenant, on se retrouve avec un loyer très important, on ne mange qu’une seule fois par jour et on se retrouve sans rien", nous confie-t-il, dépité.
L’image de Sandrine Dans utilisée
Cette arnaque, c’est du phishing très répandu sur les réseaux sociaux. Cette technique trompe les internautes en les incitant à communiquer leurs données personnelles. Grâce aux nouvelles technologies, ces fraudes sont de plus en plus nombreuses. "Certaines banques ont été victimes d’instrusions et de fuites de données qui permettent d’arnaquer les clients. En Belgique, 800.000 comptes de citoyens ont été mis à disposition sur le dark web", explique Olivier Bogaert, expert en cyber-sécurité.
Grâce aux informations générales récoltées, les fraudeurs peuvent également adapter leur contenu à leurs potentielles futures victimes. Le visage de Sandrine Dans a été utilisé pour cette annonce-ci, mais ce n’est pas la seule personnalité dont l’identité a déjà été usurpée pour des arnaques. "Ils ont la possibilité de proposer du contenu sponsorisé que la personne verra quand elle ouvrira ses réseaux sociaux. Elle fait confiance, elle est convaincue de la bonne affaire et évidemment, elle clique".
Et ce n’est pas tout, puisque "grâce à l’intelligence artificielle, les messages sont parfaitement rédigés et de plus en plus crédibles", raconte l’expert.
"Un appel aurait pu changer le cours de ma vie"
Après avoir compris la supercherie, Michael a porté plainte auprès de la police. Malheureusement, l’enquête risque de ne jamais aboutir. "Les auteurs se trouvent souvent dans des pays lointains. On a des informations selon lesquelles il y aurait des activités intenses en Russie ou en Corée du Nord. Mais quand on doit localiser les auteurs, il faut la collaboration des pays concernés. Dans ce genre de cas, c’est très compliqué", atteste Olivier Bogaert, ancien commissaire de police à la Computer Crime Unit.
De son côté, la victime ne comprend pas que sa banque ne se soit pas méfiée : "BNP Paribas ne m’a averti de rien alors que pour verser deux fois 50 euros à ma fille sur la même semaine, ils m’alertent. Un appel en me disant ‘attention, vous vous faites arnaquer’ aurait changé le cours de ma vie", dit-il. Mais comme l’explique l’expert en cyber-sécurité, "tout dépend de la banque et des conditions d’utilisateurs signées lors de l’ouverture du compte".
Le père de famille, lui, considère que son banquier aurait dû se rendre compte de la supercherie dont il faisait l’objet, malgré le papier qu’il lui avait fait signer. Une enquête est en cours, auprès de la police. De son côté, la banque BNP, contactée par nos services, a affirmé qu'elle ouvrirait une enquête si Michael introduisait une requête "en bonne et due forme".
En cas de doute concernant une arnaque en ligne, Olivier Bogaert affirme qu’il est nécessaire de:
- vérifier la véracité de telles propositions à l'aide d'une recherche internet.
- suspecter quelqu'un qui souhaite obtenir des informations confidentielles ou semble pressé d'en obtenir.
- ne jamais verser d'argent ou finaliser un achat via un lien cliquable.
L'expert en cyber-sécurité conseille plusieurs sites internet comme Scamdoc ou Haveibeenpwned, qui permettent d'analyser la fiabilité des sites, de s’informer sur les arnaques en cours, ou de vérifier qu’une adresse mail n’a pas été piratée. La banque, elle, conseille de n’échanger les données bancaires que via des canaux sécurisés.
Si vous pensez être victime d'une fraude, il est conseillé de directement prévenir votre banque et de bloquer le ou les comptes concernés.