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Fabrice alerte sur une application de paiements différés utilisée par sa fille: "Ils ne vérifiaient pas qu'elle est mineure"

Après une mésaventure, Fabrice souhaite avertir du danger que peut représenter l'application Klarna, que sa fille a téléchargée à son insu. 

Une facture a attiré l'attention de Fabrice. Arrivée par la poste, la lettre au nom de sa fille, Alizée, l'interpelle et il décide de lui demander. "Elle l'ouvre, elle regarde et je vois que sa tête est bizarre. Donc je lui ai posé la question. Elle m'a répondu que c'est un truc qu'elle a pourtant déjà payé", raconte-t-il.

Le père de famille inspecte à son tour le courrier et remarque qu'une date d'échéance avec des frais de rappel y figure. Il cherche alors à en savoir plus. "C'est une société où on peut acheter chez Shein ou d'autres commerces et ensuite payer endéans les 30 jours", lui répond son adolescente. C'est ainsi que Fabrice découvre l'existence de l'application Klarna. 

Père et fille règlent la somme demandée, avec une avance sur l'argent de poche de l'adolescente. "Je lui dis simplement qu'il n'y a plus à faire ça, qu'elle n'en a pas besoin, qu'elle a assez d'argent pour pouvoir s'acheter des petits vêtements ou autre chose", rapporte Fabrice. 

Pensant l'incident réglé, le père n'en est que d'autant plus étonné de recevoir une nouvelle lettre similaire quelques jours plus tard. "Là, je m'inquiète encore un peu plus, parce que là, c'est une deuxième facture. (...) Il y en a peut-être une troisième ou une quatrième. Et effectivement, il y en a une troisième qui est partie directement chez une société de recouvrement. En fait, il n'y aurait pas eu de limites puisque Klarna ne vérifiait pas que ma fille était mineure."

Klarna, c'est quoi ? 

Il s'agit d'une entreprise technico-financière suédoise, offrant des solutions d'affacturage en ligne. Entendez par là que l'entreprise paie les factures contractées par les clients auprès des magasins avant de réclamer cette même somme d'argent auprès des clients. Ces derniers bénéficient ainsi d'un plus long délai pour payer leurs achats. 

Cette sorte de relation à trois apporte en principe une satisfaction à toutes les parties. Le client peut étaler ses paiements sans payer plus cher que le prix de base, la plateforme est rémunérée par le magasin car ce dernier estime que son système permet aux clients d'acheter plus d'articles et donc dépense plus d'argent sur le long terme que ce qu'il ne l'aurait fait si le paiement devait être réglé en intégralité sur-le-champ. "Mais l'acheteur prend des risques parce qu'il pourrait ne pas pouvoir rembourser", précise Mikael Petitjean, économiste en chef au Waterloo Asset Management et professeur de finance à l'UCLouvain. 

De nombreuses personnes peuvent recourir à ce genre de pratique, mais l'expert cible le profil le plus répandu : "Ce sont souvent des personnes qui n'ont pas beaucoup de moyens et qui sont dans des achats un peu impulsifs. C'est vrai que la jeune génération et les mineurs sont assez exposés à ce genre de stratégie. Si on a 120 euros à rembourser en six fois, ça ne fait que 20 euros par mois et ils peuvent se dire qu'ils peuvent facilement le rembourser."

Un risque réel pour le portefeuille

Le risque, c'est de ne pas gérer l'amas de petits achats. "Ce sont souvent de petits montants, mais additionnés cela peut représenter une part assez importante du budget familial. Et si on ne paie pas, il y a une procédure qui se met en place et ça peut être assez lourd et assez coûteux, notamment pour la famille. Pour un mineur, la famille est solidaire et les parents doivent rembourser", précise Mikael Petitjean.

L'entreprise a donc tout intérêt à bien se renseigner sur la solvabilité des personnes qui veulent utiliser ses services. 

Si Fabrice s'est assuré que la leçon passe bien auprès de sa fille, il souhaite alerter sur cette pratique qui pourrait mettre des parents dans une situation très inconfortable. 

"Je suis même étonné de faire des crédits pour acheter des vêtements. Où on va ? On n'arrête plus, en fait. Bientôt, on va faire des crédits pour acheter un crayon et une gomme. Ce qui m'inquiète en plus, c'est les parents qui n'ont peut-être pas les moyens de donner un argent de poche à son enfant qui pourrait faire justement ce genre d'achat facilement parce qu'il se dit 'tant pis, mon papa n'est pas au courant. Moi, je commande, j'ai des nouveaux vêtements, j'ai du maquillage, j'ai ce que je veux et il n'y a rien à payer'".

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