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Le Kosovo, qui organise dimanche des législatives, a un drapeau dont peu se préoccupent, une judoka superstar, des jeunes à foison, et une cathédrale qui sonne creux.
- Une 'serviette' pour drapeau -
Les Kosovars sont convaincus que le drapeau du Kosovo -- son territoire et six étoiles jaunes sur fond bleu--, surnommé "la serviette", a surtout été adopté pour satisfaire les Occidentaux.
Le drapeau qui flotte partout, c'est celui de l'Albanie: l'aigle bicéphale noir sur fond rouge. Pour les Kosovars albanais, il ne faut pas y voir un rêve de "Grande Albanie", juste l'attachement à la nation albanaise.
Un autre drapeau a la cote: la bannière étoilée s'affiche jusque dans les bâtiments officiels. Reconnaissants du soutien de Washington dans la lutte pour l'indépendance, les Kosovars se décrivent comme le peuple le plus pro-américain du monde. Pristina a ses statues de Bill Clinton et Madeleine Albright, des rues sont baptisées aux noms de George W. Bush et Hillary Clinton, le candidat du parti au pouvoir appose une photo de Donald Trump sur ses affiches.
Dans les zones où vivent les Serbes, ce sont les couleurs serbes qui flottent, et c'est le visage du président de Serbie, Aleksandar Vucic, qui s'affiche.
- Une icône en kimono -
Le grand frère albanais attend son premier titre olympique. Il n'aura fallu au Kosovo qu'une participation en 2016 à Rio, grâce à la judoka Majlinda Kelmendi.
Le Kosovo a fait du sport un instrument diplomatique. Il avait arraché son adhésion au Comité international olympique (CIO) en 2014, au grand dam de la Serbie.
Ses footballeurs brillent dans les sélections kosovare mais aussi suisse. Derrière ses stars Xherdan Shaqiri, Valon Behrami et Granit Xhaka, le football helvète s'est trouvé un gisement de talents dans son immigration kosovare.
- Puissante diaspora, population jeune -
La diaspora a son ministère. Selon les estimations, ils seraient plus de 700.000 Kosovars albanais à l'étranger, surtout en Allemagne et en Suisse, pour environ 1,8 million d'habitants. La diaspora joue un rôle économique (et politique) majeur. En 2018, elle a apporté plus de 800 millions d'euros de devises.
le Kosovo a la population la plus jeune d'Europe avec selon l'UE, 53% de moins de 25 ans. Très touchés par le chômage, beaucoup aspirent à émigrer.
- Deux monnaies... émises ailleurs -
La principale devise en usage au Kosovo est l'euro, gage de soutien occidental et de stabilité monétaire malgré une économie très faible. Dans les secteurs serbes, on paie plutôt en dinars, signe du refus persistant de cette communauté d'offrir sa loyauté à Pristina vingt ans après la fin de la guerre.
En dix minutes de voiture, on passe de Pristina à Gracanica, sans traverser de frontières ou passer de check-point. Mais la monnaie change...
Dans le nord du Kosovo, les voitures circulent avec des plaques d'immatriculations serbes et on peut y appeler en Serbie sans indicatif international.
- Une cathédrale en pays musulman -
Les Kosovars albanais sont à plus de 90% musulmans. On trouve pourtant à Pristina une des plus grandes cathédrales catholiques des Balkans, Sainte Mère Teresa, du nom de la religieuse d'origine albanaise. L'édifice aurait été voulu par l'ex-président Ibrahim Rugova comme symbole de reconnaissance envers l'Occident qui l'avait soutenu dans sa lutte d'indépendance.