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Révoltée, Lambertine nous a décrit via le bouton orange Alertez-nous la scène à laquelle elle a assistée récemment à Chênée (Liège) : "Un camion-poubelle mélangeait cartons et sacs jaunes (ordures ménagères) dans sa benne". Et de s'indigner : "Pourquoi nous oblige-t-on à trier strictement nos déchets si c'est pour tout mélanger dans un camion-poubelle ? Se moquerait-on du citoyen a Liège ?" Une exaspération partagée par Bernard, également de Liège, qui nous a contactés après avoir remarqué des éboueurs jeter des sacs pêle-mêle dans la benne de leur camion : à 11h45, rue Monulphe, précise-t-il.
Des déchets collectés lors de deux passages, à quelques heures d'intervalles
À Liège, la collecte des déchets est assurée par une entreprise privée, sous contrat avec la Ville. Elle a lieu un seul jour, à différentes heures selon le type de déchets. Le collecteur est tenu de passer une première fois pour la collecte des PMC (sacs bleus) et PC (papiers-cartons), une seconde fois pour la collecte des OMB (Ordures Ménagères Brutes, sacs jaunes) et organiques (sacs verts), rappelle Arnaud Lombardo, le chef de cabinet de l'échevin de la Propreté. Les déchets sont ensuite transportés chez Intradel, une intercommunale chargée de les traiter.
Un choix politique assumé par la Ville
"Un camion balai" ramasse tout pour des raisons de salubrité publique
La Ville reçoit régulièrement des plaintes semblables à celles de Lambertine ou Bernard. À ces personnes, les autorités fournissent invariablement les mêmes explications : lors du dernier passage, le camion emporte tous les sacs ou papiers/cartons qui n'ont pas été pris avant, soit parce que les habitants ont déposé leurs sacs trop tard, soit parce que leurs sacs contenaient des déchets inappropriés. "C'est ce qu'on appelle un 'camion balai'", dit Arnaud Lombardo.
Il en est ainsi parce que la Ville l'a demandé au collecteur pour une question de salubrité publique. Il s'agit de garder les rues propres, "un choix politique qui est assumé par la Ville", souligne Arnaud Lombardo. Des déchets recyclables sont donc brûlés à l'incinérateur avec le reste, au lieu d'être triés et valorisés.
Aux citoyens mécontents, la Ville fournit les relevés des heures de passage des camions. "Pour bien leur expliquer que, oui, à l'heure indiquée, c'est parfois le 2e camion qui passe", raconte le directeur de cabinet. Des données connues avec précision puisque les camions sont équipés de GPS.
Par exemple, dans le cas rapporté par Bernard, Arnaud Lombardo nous a montré les deux rapports de passage dont il dispose pour cette rue le mercredi 7 octobre : le 1er camion est passé à 7h26, le second à 9h56. "Cela signifie, concrètement, que tous les sacs bleus ainsi que tous les papiers-cartons sortis après 7h30 sont collectés lors du second passage et donc mélangés aux sacs jaunes", explique-t-il.
Qu'en est-il du camion aperçu à 11h45 ? "La société Renewi étant, en plus des secteurs qui lui sont adressés, chargée de faire "place nette", les derniers camions qui sillonnent les rues emportent systématiquement ce qui est éventuellement resté, raconte le chef de cabinet. Il arrive fréquemment que des camions repassent dans des rues déjà collectées plus tôt parce que les boucles sont inévitables pour assurer un passage dans toutes les rues sans exception. C'est sans doute le cas ici."
Chaque semaine il y a des citoyens qui sortent mal leur sac
La Ville envisage de "faire de la répression via la police", mais pas de changer de système de collecte
Face à tant d'incompréhension, la Ville ne devrait-elle pas changer son système de collecte et proposer aux Liégeois, par exemple, une organisation semblable à celle de Bruxelles ? L'opérateur public Bruxelles Propreté passe au moins deux fois par semaine chez tous les ménages pour collecter les déchets. Les sacs bleus PMC sont récoltés avec les sacs OMB un jour, tandis que les cartons et déchets organiques le sont un autre jour (également avec les sacs OMB).
Arnaud Lombardo estime que le système de collecte où tous les déchets sont collectés sur un seul jour est "clair" et "simple". Un système avec deux jours de collecte coûterait plus cher et poserait de nouveaux problèmes, estime-t-il : "Il y a des gens qui ne sortiront pas leurs sacs le bon jour, qui sortiront le bleu au lieu du jaune, ça c'est assuré". Les services propreté de la Ville ne pensent pas non plus qu'une collecte sur deux jours soit la bonne option, rapporte-t-il.
Pour s'assurer que les déchets soient bien recyclés, la solution se trouverait dans le respect strict des horaires de dépôt des sacs et des règles de tri, insiste-t-il. "Il y a des citoyens qui disent 'c'est chaque semaine', eh oui mais chaque semaine il y a des citoyens qui sortent mal leur sac", déplore Arnaud Lombardo. "On doit continuer à sensibiliser, voire à un moment donné, faire de le répression via la police", conclut-il.
Néanmoins, la Ville dit "entendre les critiques" et explique que des échanges avec les collecteurs, les services de propreté et la police ont lieu pour réévaluer la situation. "Il y a une remise en question régulière avec les différents acteurs de la propreté. On est très conscients des problèmes et on essaye de trouver les solutions les plus adaptées", assure Arnaud Lombardo.