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Serviette à la main, un coach nettoie les appareils de musculation et autres tapis de courses alignés dans une vaste salle du centre-ville de Strasbourg : après sept mois de fermeture imposée par la pandémie, usagers et gérants se réjouissent de voir, enfin, "le bout du tunnel".
"Ca me fait vraiment plaisir de revenir ici. La salle est fermée depuis le 23 octobre, ça commençait à être long", témoigne Jordan Bouvier, entraîneur diplômé d'Etat, qui sort de plusieurs mois de chômage partiel. "Il a fallu dépoussiérer chaque machine", s'amuse-t-il.
Même préposés au ménage, ses collègues sont heureux de reprendre le travail : les sourires se devinent derrière les masques, l'excitation des retrouvailles donne une ambiance "de rentrée scolaire" à ce grand nettoyage de printemps.
Ensemble, ils peaufinent les derniers préparatifs afin d'accueillir le public dans le respect des nouvelles normes sanitaires : un marquage au sol impose un sens de circulation, la moitié des machines et des casiers sont condamnés pour respecter la jauge d'accueil fixée à 50% des capacités, et des flacons de désinfectants sont mis à la disposition de chacun des usagers.
"On est prêt, on a hâte d'accueillir les adhérents", se réjouit Hakim Chelfaoui, l'un des gérants, animateur d'un réseau de 18 salles de sport dans le Grand Est pour l'enseigne Keep Cool.
Il y avait, dit-il, un "sentiment d'injustice", alors que les cinémas, musées, et terrasses ont rouvert depuis le 19 mai. "On a eu l'impression d'être les oubliés, puisqu'on parlait beaucoup des restaurants, mais on négligeait les salles de sport", regrette-t-il.
Hakim Chelfaoui reconnaît surtout que la période de fermeture a "mis un coup à la santé financière" de l'entreprise qui a sollicité un prêt garanti par l'Etat et renégocié certaines échéances auprès des banques et des bailleurs.
- "Retrouver la vie d'avant" -
Pour limiter la casse, le personnel n'est pas resté les bras croisés : une application mobile pour faire du sport à la maison a été développée, et des sessions d'entraînement en extérieur ont été proposées. Mais ces solutions alternatives n'ont pas toujours permis de retenir la clientèle.
"Des abonnements ont été résiliés, en moyenne, on a perdu 30% de nos adhérents", indique Hakim Chelfaoui. "Mais on est confiant, je pense que les gens ont envie de retrouver leur vie d'avant et de refaire du sport".
Signe que l'attente est là, les sollicitations se multiplient à l'approche de la réouverture, sur les réseaux sociaux comme à l'accueil de l'établissement.
"Avant, je venais quatre fois par semaine. Là j'ai repris du poids, mais j'ai hâte de revenir, ça fait du bien de pouvoir se défouler", témoigne Ahmet Karayel, étudiant de 23 ans, venu s'enquérir des horaires d'accès.
"La salle de sport, c'est pas seulement un endroit pour se faire des muscles, c'est aussi un lieu pour socialiser, se déstresser après une journée de révision", explique cet habitué. "C'est vraiment pas pareil que faire des exercices à la maison".
L'enjeu pour chacun est désormais d'éviter que les salles de sport ne se transforment en clusters à l'occasion de leur réouverture. Comme dans les restaurants, les enseignes incitent donc les usagers à télécharger l'application TousAntiCovid et à flasher un QR code à chaque séance, afin de les avertir si un client est testé positif au Covid-19.
"Ce n'est pas obligatoire, mais c'est fortement recommandé", insiste Hakim Chelfaoui. "C'est un bon moyen qui doit nous permettre de rester ouverts. Le vrai combat, c'est que ce virus soit derrière nous".