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Vous êtes plusieurs à avoir contacté la rédaction de RTL info via le bouton orange Alertez-nous au sujet de l’augmentation fulgurante du prix du CNG, le carburant des voitures roulant au gaz. "Depuis une semaine, les prix ont explosé. De 1,39 à 1,95 euro du kilo", nous rapporte un automobiliste qui souhaite rester anonyme. Au moment d'écrire cet article, le prix augmentait encore. "Le prix était de 2,10 euro par kg chez Lukoil à Anderlecht, dépassant les prix du diesel et de l'essence, une grande première", nous écrivait Patrick. On s'est penché sur la question en discutant avec un troisième témoin, Sébastien.
Il vient de s'offrir une voiture au CNG
"Je venais d’acheter une voiture au CNG pour éviter les prix trop onéreux à la pompe. Une Seat Ibiza de 2018. Mais visiblement j’aurais dû économiser un peu plus pour une électrique… On ne sait plus vers quoi se tourner pour se déplacer le moins cher possible", nous dit pour sa part Sébastien, 22 ans, qui se lance dans la recherche d’un emploi dans le secteur scientifique.
Le constat amer de Sébastien, à la pompe CNG...
C’est quoi le CNG ?
Afin de comprendre pourquoi son prix ne fait qu’augmenter, il est nécessaire de bien comprendre de quoi on parle. Le CNG, comprenez ‘Compressed Natural Gas’ en anglais ou ‘Gaz Naturel Comprimé’ en français, est un carburant obtenu en comprimant du gaz naturel et en l’injectant à une pression bien spécifique dans le réservoir du véhicule.
Les voitures roulant au CNG émettent moins de particules fines et de CO2 que celles qui roulent au diesel ou à l'essence.
Selon le site energuide.be (Sibelga), le prix d’une voiture CNG coûte entre 500 et 8000 euros de plus que le même modèle en version essence ou diesel. Le site ajoute qu’"en fonction du modèle, vous pouvez rouler entre 300 et 800 km" avec une voiture au gaz. Il précise que certaines de ces voitures possèdent un double réservoir (gaz/autre carburant) qui permet à la voiture de continuer de rouler une fois la réserve de gaz vide et ainsi atteindre "une autonomie de plus de 1000 km."
"C’est le gaz naturel qu’on utilise aussi pour se chauffer", explique Olivier Neirynck, directeur technique de la Brafco, la Fédération belge des négociants en combustibles et carburants.
Le prix a fait x10 en un an
"La réponse est simplissime", répond Olivier Neirynck à la question de savoir pourquoi le prix du gaz a tant augmenté sur une si courte période. "Ça dépend du bon vouloir de Vladimir Poutine d’ouvrir ou de fermer le robinet. Le prix du CNG suit celui du gaz naturel qu’on utilise pour se chauffer parce que ce sont les mêmes." Il ajoute : "en un an, le prix du gaz a été multiplié par 10."
Selon le directeur technique, "les experts pensent que les prix reviendront à la normale en 2025." Mais il n’est pas très optimiste sur l’avenir de la compétitivité du gaz comme énergie. "Les gens qui ont opté pour le gaz comme énergie pour se chauffer ou se déplacer n’ont malheureusement pas fait un choix très judicieux."
Toujours avantageux ?
Selon Dats24 (groupe Colruyt), leader en Belgique des pompes qui fournissent le CNG, "oui, le CNG reste un choix malin". L’entreprise a envoyé un mail à ses clients afin de les avertir de la hausse de leurs prix "en conséquence de la hausse exceptionnelle du prix du gaz".
"Notre experte en mobilité a étudié la différence entre le coût total d’utilisation de la Volkswagen Golf 8 avec trois motorisations distinctes : CNG, diesel et essence", avance l’entreprise qui affirme que "le coût total d’utilisation" de ce véhicule au CNG est 11% inférieur à celui du modèle diesel et jusqu’à 26% inférieur concernent le modèle essence.
Attention, cependant: ces données valent pour une consommation lissée sur 8 ans en fonction des prix moyens des trois carburants (le CNG a tourné autour de 0,9€ le kg de 2014 à 2020). Si on fait le calcul sur base des prix actuels, c'est nettement moins avantageux. Mais rien ne dit que dans 6 mois à venir, le prix du CNG sera toujours aussi élevé ; donc si on veut se faire idée, regarder les 8 dernières années n'est pas bête :
Pas d'accise sur le CNG... pour le moment
Mais on le sait, les prix des carburants à la pompe vont rarement à la baisse. Et ils devraient varier fortement dans les années à venir, comme l’explique Olivier Neirynck. "Il ne faut pas oublier que même si on parle de ‘gaz naturel’, ça n’en reste pas moins une énergie fossile comme le diesel et l’essence".
"Aujourd’hui, le CNG n’a pas d’accises comme en ont l’essence et le diesel. De nombreux politiques veulent supprimer l’utilisation des matières fossiles. Or le gouvernement touche 80 milliards d’euros grâce aux accises sur ces deux carburants. Si jamais on décide de les interdire, il y aura un trou de 80 milliards qu’il va falloir combler", détaille Olivier Neirynck qui ajoute que si jamais le CNG devient taxé comme le sont l’essence et le diesel (qui sont aussi des ressources fossiles), "ça n’est pas deux euros que ça coûtera, mais trois."
"Si on supprime toutes les énergies fossiles et qu’on mise tout sur l’électricité, les accises vont être mises dessus et on ne peut même pas imaginer le prix que ça va atteindre", conclut le directeur technique de la Fédération belge des négociants en combustibles et carburants.