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"Très émue", "chamboulée", "remuée". Pour raconter l’expérience qu’elle vient de vivre, Sarah ne manque pas de qualificatifs. "J’habite dans le quartier de La Hérronière, à Watermael-Boitsfort, qui est un quartier implanté dans une réserve naturelle. On y trouve beaucoup de verdure, c’est très sauvage. Il y a un même un étang avec énormément de canards qui, eux aussi, sont souvent soumis au danger".
Le danger auquel elle fait référence est en fait la concentration de renards sauvages qui rôdent dans cette région. Et selon Sarah, ils y sont un peu comme chez eux : "Il y en a énormément, ils voyagent un peu partout et n’ont pas du tout peur des humains. Ils marchent parfois à un ou deux mètres de nous. Nous ne sommes pas très loin de la Forêt de Soignes, donc ils viennent probablement de là-bas".
Une terrible soirée
Le 23 mars, aux alentours de 18 heures, il fait encore clair et Sarah en profite pour effectuer une promenade avec son petit chihuahua Zazou dans le parc de La Hérronière. Alors qu’elle prend une petite pause et que Zazou n’est qu’à quelques mètres d’elle, l’impensable se produit.
"Le parc est clôturé, impossible pour les renards d’y passer. Sauf à l’endroit ou j’étais, une barrière était cassée, et le renard en a profité pour happer mon chien", explique-t-elle, encore marquée par l’évènement. "Tout s’est passé très vite, j’ai à peine entendu mon chien couiner que c’était déjà terminé… J’étais avec ma sœur, on a cherché, on a crié son nom mais rien. Le renard l’avait déjà sûrement emmené dans sa tanière".
Malgré la douleur, Sarah compte bien retourner sur les lieux afin de chercher une trace de son chien. "On voudrait retrouver la petite veste que Zazou portait, au moins cela. En effectuant des recherches sur internet, je n’ai trouvé qu’un seul témoignage similaire. Il parait que les renards n’attaquent pas les chiens, que c’est très rare. Pourtant, ici, le chien de ma voisine s’est également fait attaquer".
Des attaques de plus en plus fréquentes
A priori, on dit les renards craintifs. Ils n’attaqueraient pas les chiens, théoriquement. Sarah a donc une explication à fournir concernant le drame qui lui est arrivé. "Mon chien était tellement petit, qu’il est possible que ce renard l’ait confondu avec un gros rat. J’ai appris que les renards se nourrissaient de rongeurs. Le chien de ma voisine ressemblait fortement au mien et il a subi le même sort que Zazou".
Malgré l’interdiction, des gens continuent de nourrir les renards ; ils se sentent comme chez eux
Julie (prénom d’emprunt afin de garantir un anonymat souhaité) est la voisine de Sarah. Son chien Django s’est fait attaquer par un renard il y a plus d’un an et est mort sur le coup. "En ramenant la dépouille de mon chien chez moi, le renard a continué à me suivre jusqu’à ma porte…".
Elle aussi voit la taille de son chien comme l’une des causes, mais pas seulement. "Malgré les interdictions, des personnes continuent de nourrir les renards. Du coup, ils se sentent comme chez eux et s’installent. Le confinement peut également être une raison de ces attaques. Moins de gens étaient dehors, donc moins de détritus. Les renards doivent alors essayer de manger n’importe quoi pour survivre".
Depuis la mort de son chien Django en février 2021, son combat pour mieux protéger les chiens du quartier est difficile. Peu de gens prennent le problème au sérieux et beaucoup de portes se ferment. "J’ai contacté beaucoup de personnes. La police, le bourgmestre, la commune… Le problème n’avance que très peu car le renard est une espèce protégée donc difficile d’y faire quelque chose".
"Le renard est partout à Bruxelles"
Contacté par la rédaction, l’organisme Bruxelles-Environnement a souhaité réagir à ce phénomène : "Nous n'avons actuellement connaissance que de l'un ou l'autre cas de chiens tués par un renard. Il faut également noter que le renard ne sort pas nécessairement gagnant lors de contacts avec des chiens et des chats", explique Guy Rotsaert, naturaliste au département biodiversité de Bruxelles-Environnement.
Il admet néanmoins une certaine "concurrence" que peut ressentir le renard lorsqu’un autre animal se trouve sur son territoire. "Le printemps est synonyme de période de reproduction. Si le renard constate la présence d'un concurrent, tant en termes de nourriture qu'en termes de défense de ses jeunes, aux abords du terrier, il tentera d'abord de faire fuir le concurrent hors du territoire. Si le concurrent ne part pas, les protagonistes en viennent aux pattes voire aux dents le cas échéant".
"On peut considérer que toute la Région bruxelloise est occupée par des territoires de renard. Il y est donc présent pendant toute l'année. Nous recommandons également de ne pas nourrir les renards directement et indirectement. C’est un bon moyen de fidéliser le renard à un endroit donc ça n’est pas une bonne idée", prévient le naturaliste.