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Le mal de dos est considéré comme le mal du siècle. Comment expliquer que ce mal ronge énormément de personnes ?
"On a beaucoup de gens qui souffrent de maux de dos parce que tout le monde va y être soumis. Quand on a le bon mouvement, quand on a la vie idéale, on va en général bien. Mais souvent on a deux groupes de personnes. On a des gens en manque de mouvements. On a beaucoup de fonctionnaires, de personnes en télétravail où on ne bouge plus du tout. C’est une source énorme de mal de dos. Et on a des gens qui font trop de mouvements. Les techniciens, c’est trop de mouvements. On est dans le trop peu ou dans le trop en permanence."
Commençons par le "trop peu" de mouvements. Cela veut dire que l’on reste trop peu assis ? Quand on est assis, on pourrait se dire qu’on ne mobilise pas trop son dos. Mais ce n’est pas le cas finalement ?
"Quand on est assis, on ne mobilise pas son dos effectivement. Au niveau discal, par exemple, comme on n’a pas de circulation sanguine directe, il faut bouger le dos pour hydrater les disques. Si vous ne bougez pas du tout, vos disques vont se tasser plus, plus vite et donc vous aurez plus vite mal au dos. Vous aurez plus vite des hernies discales à cause de cette absence de mouvements. On pourra aider en consultation en ostéopathie en redonnant de la mobilité aux endroits du corps où il y a une perte de la mobilité. Et les gens peuvent le faire par eux-mêmes en marchant plus, en interrompant leur travail toutes les deux heures, en allant à la salle de sport, en faisant du yoga, etc. Cela va permettre au dos de bouger et de mieux fonctionner et de diminuer ce mal de dos."
Juste marcher, c’est suffisant ?
"Tout à fait. Les études montrent que 3 fois une demi-heure de marche par semaine c’est déjà "faire du sport". Le souci du télétravail, c’est que l’on ne va plus jusqu’au travail. Beaucoup de gens sortent de leur lit, se mettent à travailler et vont se coucher et donc ne s’offrent plus cette possibilité de bouger, du coup cela augmente ce phénomène pour le moment."
Donc, ça c’est trop peu de mouvements. Et puis il y a trop de mouvements. A quels types de situations vous faites référence ?
"Je fais référence à des ouvriers en bâtiment, des personnes qui font des sandwichs à longueur de journée ou des gens qui tapent sur un clavier d’ordinateur toute la journée qui utilisent trop les mêmes muscles en permanence. On est dans un excès de force musculaire ou de travail musculaire. Là il faut apprendre aux gens à se relâcher. Leurs muscles peuvent devenir trop tendus, ils peuvent donc se blesser à l’effort. Dans ce cas-là, le médecin qui diagnostique le met au repos. Au lieu de faire bouger les gens trop assis, il faut dire aux gens qui travaillent trop de se reposer un petit peu. Donc de couper leur journée, de faire une sieste. En rentrant le soir, ne pas encore faire le jardin par exemple, de s’occuper encore d’autre chose pare que là il y aura une saturation au niveau musculaire et les personnes finissent par se blesser en général."
Il y a différents maux de dos. C’est souvent dans le bas du dos qu’on souffre quand on fait trop peu d’exercices. Quels sont les différents maux de dos et à quoi peut-on les assimiler justement ?
"Les deux plus grands maux de dos que je vois en consultation, c’est le haut du dos, la nuque et les épaules, et le bas du dos. Ce seront deux approches différentes. Le bas du dos c’est généralement à cause du manque de force, du manque de mouvement. Tandis que le haut du dos, cela va être un excès de travail et de tension. Si on est assis longtemps dans son fauteuil, on va se relâcher, le bas du dos va être relâché et ne fournira aucun effort, tout va s s’écraser. Alors que le haut du dos, la tête doit toujours tenir sur les épaules. On sait bien que quand on dort, la tête tombe. Donc cela veut dire que l’on va travailler en permanence."
On dit aussi mal au dos égale plein le dos. C'est là que se mettent les tensions nerveuses, le stress, les contrariétés ?
"On va constater que des personnes qui en ont plein le dos émotionnellement se plaignent souvent de douleurs dans les trapèzes. C’est la tension qui s’accumule. Et d’autres parfois vont exprimer ça avec un lumbago. On force, on en a marre, il y a une crispation cérébrale qui vient en plus de la tension physique. Les deux ensemble font qu’à un moment donné il y a saturation, il y a blocage musculaire."
Quand on a mal au dos, est-ce que la tendance peut un jour s'inverser ?
"Il y a des tendances qui s’inversent. On sait que c’est entre 30 et 50 ans que l’on est le plus fragile au niveau des disques. Après 50 ans, ces problèmes se stabilisent et on a plus ces maux de dos là. On a donc une partie des maux de dos qui partira avec l’âge."