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Qui d'autre que lui ? Jean-Louis Aubert, celui qui rêve d'"Un autre monde", a ouvert mardi soir la saison des festivals d'été au Printemps de Bourges, premier rendez-vous culturel d'importance depuis la crise sanitaire.
Malicieux, le chanteur, arrivé sur scène sur un gros riff de sa guitare, change le refrain de sa chanson "Plâtre et ciment" par "Déconfinement !". Le ton est donné, la salle exulte. Peu importe les masques, les places assises et la jauge à 65% du Palais d'Auron, principale enceinte d'un festival privilégiant cette année les petites capacités (moins de 1.000 places, donc pas besoin de pass sanitaire).
Accompagné des quatre musiciens son groupe, Les Sculpteurs de Vent (nom tiré d'un de ses derniers titres), Aubert, tout de noir vêtu, propose un set résolument rock. "Vous voulez voyager ? Allez, en voiture !", lâche-t-il, en forme, avant d'entonner "Les plages", un de ses nombreux tubes. Sur "New York avec toi", troisième titre, le public ne résiste pas et se lève pour danser devant les sièges. Le retour des concerts debout ne se fera - officiellement - qu'en juillet, comme l'a annoncé lundi la ministre de la Culture Roselyne Bachelot.
Pour assister au concert de l'ancien leader de Téléphone, les spectateurs ont fait fi des contraintes sanitaires et de la pluie en soirée. "C'est chouette d'être là ce soir, Jean-Louis Aubert est mon chanteur préféré, c'était difficile d'avoir des places, mais voilà, on en a eu", se réjouit auprès de l'AFP Noémie, 36 ans.
- "Retrouver la vie" -
"Porter le masque, oui, c'est un peu contraignant, mais c'est mieux que rien, mieux que pas de concert du tout", ajoute cette fan venue de Sancerre (Cher).
"Ca fait du bien de retrouver de la vie dans la ville du Bourges, on attend ça tous les ans, renchérit auprès de l'AFP Cindy, 28 ans. Le masque ? On n'a pas le choix et puis je suis +personnel soignant+, je porte le masque tous les jours, alors on va essayer de profiter au maximum".
Aubert, 66 ans, est devenu un symbole de la résilience des artistes privés de concerts pendant plus d'un an. Tel un "cyber-troubadour", selon ses mots, le rockeur fut un des premiers à faire des lives sur les réseaux sociaux, en se filmant avec son téléphone pendant le premier confinement. Il poussa plus loin l'expérience avec un livestream dans un univers virtuel en début d'année 2021. Et entre les deux, il a été opéré à cœur ouvert à l'été 2020. Vous avez dit résistant ?
- Eté de transition -
L'interprète de "Temps à nouveau", star de la première soirée de Bourges (le Belge Noé Preszow, prononcer "Préchof", a assuré sa première partie), a donc lancé un été des festivals de transition après la saison blanche de 2020.
Ce n'est pas encore le monde d'avant. La billetterie du Printemps a bien fait le plein dès la mise en vente fin mai, avec 10.000 spectateurs attendus sur six jours. Mais le Printemps accueille d'ordinaire 200.000 personnes, comme pour sa dernière véritable édition en 2019 (il n'y avait eu qu'une scène symbolique décalée en septembre 2020 avec des artistes émergents).
Mais les festivaliers de Bourges ne bouderont pas leur plaisir, jusqu'à dimanche, avec des têtes d'affiche comme Catherine Ringer, Alain Souchon, Feu ! Chatterton, Gaël Faye, Pomme, Suzane, Philippe Katerine, Sébastien Tellier ou encore Georgio.
Ce n'est pas le cas partout. Nombre de grands festivals dans les musiques actuelles ont en effet renoncé en raison des contraintes sanitaires, tels Solidays (qui fera tout de même un mini-évènement dédié aux soignants en juillet), le Hellfest, le Main Square ou encore Rock en Seine.
Et les gros rendez-vous qui se tiendront, comme les Vieilles Charrues ou les Francofolies en juillet, redoublent d'efforts de communication pour expliquer les modalités d'un pass sanitaire qui rebute nombre de festivaliers.