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Pourquoi la Belgique a-t-elle accueilli plus de réfugiés ukrainiens en 3 mois que pendant toute "la crise des migrants" en 2015?

Depuis le début de la guerre menée par la Russie, plus de 46.000 Ukrainiens ont reçu un titre de protection temporaire en Belgique. En un peu plus de trois mois, il y a eu davantage de réfugiés ukrainiens acceptés sur notre sol que lors de toute l’année 2015, pendant ce que l’on avait appelé "la crise des migrants". En 2015, on avait enregistré en une année 45.630 demandes d’asile, principalement de personnes issues de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, il y a un peu plus de trois mois, plus de 46.000 Ukrainiens sont arrivés sur notre territoire. C’est plus que l’arrivée totale de migrants lors de la "crise des migrants" en 2015. A l’époque, les passions se déchaînaient autour des conséquences de ce "flux" d’arrivée, alors qu’aujourd’hui, il ne semble y avoir aucune polémique. Alors pourquoi les arrivées de 2015 ont-elles tant fait parler, polémiquer, alors que l’afflux d’Ukrainiens plus nombreux ne suscite aucun émoi dans l’opinion publique ?

La première différence, c’est le traitement politique de ces dossiers. L’accueil des réfugiés ukrainiens a été facilité avec l’octroi de l’asile automatique et temporaire, alors que le traitement des dossiers des Syriens se faisait au cas par cas, entrainant des files importantes et des hébergements de fortune dans des parcs, notamment.

L’arrivée de ces migrants avait donné lieu à des récupérations politiques de plusieurs partis, souvent basées sur le rejet des étrangers : débat autour de l’octroi d’allocations familiales, paiement des frais de dossiers d’asile par les candidats eux-mêmes...

Davantage de femmes et d'enfants qu'en 2015

Le traitement médiatique a aussi été très différent : à l’époque de la crise de l’asile, il y avait eu un grand matraquage d’images de files interminables de migrants aux frontières de l’Europe. Images qui ont suscité la peur, chez une partie de l’opinion. Images que l’on n’a pas vues, cette fois, avec la guerre d’Ukraine.

Enfin, il y a la proximité géographique de l’Ukraine avec nos pays. Le fait qu’il s’agisse majoritairement de femmes et d’enfants, là où 73 % des migrants accueillis étaient des hommes en 2015. L’obédience musulmane d’une partie des réfugiés de 2015 avait aussi suscité du racisme qui n’a pas lieu cette fois.

Cela s’explique notamment par le fait que les hommes ukrainiens ont été réquisitionnés par les autorités de leur pays pour combattre. Tous les hommes en bonne santé, de 18 à 60 ans, à l’exception de certains pères de familles nombreuses. D’où la présence d’une majorité de femmes et d’enfants, dans les arrivées de candidats réfugiés venus d’Ukraine cette fois.

La nature du conflit est différente

La nature du conflit joue également dans cette différence de profil. En Syrie, depuis 2015, c’est une guerre civile à plusieurs camps. Les hommes qui fuient la guerre là-bas ne sont pas des militaires déserteurs, mais souvent des civils qui redoutent l’armée du président autoritaire Bachar El Assad, ou qui refusent d’adhérer à d’autres camps, comme ceux des fractions des combattants islamistes. Il ne s’agit pas d’une guerre classique, entre Etats, avec des armées régulières, où l’on enrôle les hommes comme soldat, comme c’est le cas en Ukraine aujourd’hui. 

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