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Emily, Kate et Raiden sont indécis. Avant de mettre leur bulletin dans l'urne l'an prochain, ces étudiants américains entendent éplucher les programmes des candidats à la Maison Blanche, conscients du poids qu'aura leur voix sur la présidentielle.
En 2020, lors du duel entre Donald Trump et Joe Biden, les jeunes avaient contribué à porter le démocrate au pouvoir. Mais pour 2024, les voyants sont au rouge, avertissent militants et stratèges de son parti.
Le président octogénaire, en mauvaise posture dans les sondages, risque de perdre une partie des plus jeunes, pour des raisons allant de l'économie à sa position sur le conflit au Proche-Orient.
L'AFP s'est entretenue avec plusieurs étudiants de l'Ohio State University à Columbus, la capitale de l'Ohio, l'un des Etats qui seront le plus disputés en 2024.
Ces conversations donnent un aperçu des opinions de jeunes Américains un an avant la présidentielle qui devrait, sauf bouleversement, se jouer entre Donald Trump et Joe Biden, dans un Etat suivi de près.
L'Ohio, gouverné par la droite, a certes consacré M. Trump en 2016 et 2020. Mais il a aussi voté le 7 novembre pour inscrire le droit à l'avortement dans sa Constitution, une initiative défendue par les démocrates, au grand dam des républicains.
- Age et carburant -
Raiden Sipes, 18 ans, étudiant en astrophysique, se décrit comme centriste. Il ne sait pas encore pour qui il va voter.
Joe Biden a-t-il une chance d'obtenir son vote?
Raiden soupire.
"Il n'a tout simplement pas fait assez", juge-t-il.
Le président démocrate a beau vanter son bilan économique, le jeune homme a sa propre jauge: l'essence. "Les prix du carburant sont montés en flèche depuis qu'il est au pouvoir", fait-il valoir. "C'est ce qui me fait vraiment tiquer".
Concernant le républicain Trump, il dit "bien aimer ce qu'il a fait pour l'économie". Sa personne en revanche, "peut-être pas tellement". Mais en cas de nouveau duel Trump-Biden, le premier "pourrait avoir" sa voix.
Emily Horace, 20 ans, étudiante en zoologie, n'a pas non plus décidé pour qui elle allait voter. Elle dit s'être toujours identifiée comme indépendante, même si elle penche davantage pour les démocrates.
Ce qu'elle peut dire, c'est qu'elle aurait aimé voir "quelqu'un de plus jeune être candidat". "Ou une personne de couleur, ou une femme".
L'âge compte aussi pour Lily O'Korn-Hughes, 18 ans, étudiante en chimie.
Joe Biden est "un vieil homme blanc qui sait qu'il est vieux et est conscient de ses défauts, ce qui est bien, mais ce n'est pas la même chose que d'être représenté par quelqu'un d'autre", dit-elle.
Lily, pour qui le droit à l'avortement, la régulation des armes à feu et le système de santé pèsent, explique qu'elle vient de commencer à passer les candidats en revue.
Si la présidentielle finissait par se jouer comme prévu entre Trump et Biden, "je voterais Biden", mais elle dit espérer qu'une autre option émerge.
- Affaires et respectabilité -
Rachel Wade, 27 ans, étudiante en communication, est l'une des plus décidées. Alignée "de manière plutôt constante" sur les démocrates, pour elle "la question ne se pose presque pas".
"Au rythme où vont les choses, je voterai pour Biden", affirme-t-elle. Elle dit apprécier sa défense du droit à l'avortement, des syndicats et sa position sur le changement climatique.
Kate Koennecke, 20 ans, fait elle partie des indécis ouverts aux deux partis.
"Si quelqu'un comme Trump était nommé (candidat des républicains à l'issue des primaires), alors je crois que je voterais simplement pour Biden", dit l'étudiante en sciences politiques.
Elle pense que Donald Trump n'est, "d'un point de vue moral", pas apte à diriger le pays, notamment en raison de son comportement pendant l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021.
Mais si les républicains venaient à choisir un autre candidat, "plus modéré, pas autant d'extrême droite, peut-être que j'envisagerais ce candidat-là", explique-t-elle.
Matthew Hartman, lui, votera républicain l'an prochain. Et si Donald Trump est le candidat, c'est vers lui qu'ira sa voix, dit-il.
"Je respecte en général la façon dont Joe Biden se comporte", explique l'étudiant en informatique de 20 ans. Il aimerait même voir le tempétueux M. Trump en prendre de la graine.
"Mais pour moi au final, l'important ce sont les affaires. J'aimerais bien sûr voir un président respectable, mais j'ai besoin que le pays soit dirigé comme une entreprise", affirme-t-il.
