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Des tensions électrisent à nouveau les campus américains, et surtout la prestigieuse université new-yorkaise Columbia, entre manifestations pro palestiniennes et accusations de montée de l'antisémitisme, quatre mois après les démissions très médiatisées de deux présidentes d'universités.
Celle de Columbia, Nemat Shafik, a décidé lundi d'effectuer tous les cours en distanciel et a appelé dans un communiqué à "remettre les choses dans l'ordre", alors que des centaines de personnes se rassemblent sur le campus pour dénoncer la guerre menée par Israël à Gaza, territoire palestinien en proie à un désastre humanitaire.
Les tensions ne cessent de s'accentuer depuis jeudi et l'arrestation d'une centaine de personnes lors d'un rassemblement sur le campus.
En réponse à ces arrestations, des étudiants se sont réunis dans des universités à travers le pays. Comme à l'université du Michigan ou encore à Yale, au nord de New-York, où des centaines d'entre eux ont agité drapeaux et pancartes pro-palestiniens.
Ces manifestations rouvrent une plaie dans les universités, scindées en deux: d'un côté, ceux qui dénoncent les manifestations provoquant, selon eux, une montée de l'antisémitisme, et de l'autre, ceux qui défendent la liberté d'expression.
"C'est un sujet très, très sensible. On essaie de faire de notre mieux", a déclaré lors d'une conférence de presse lundi Mike Gerber, le responsable aux affaires juridiques de la police new-yorkaise.
"Aucune forme de violence ne sera tolérée. Les dégâts matériels, quels qu'ils soient. Toute forme de criminalité. Et cela inclut le harcèlement, menaces (...) ou toute autre chose de ce genre", a-t-il ajouté.
Sur le campus de l'université Columbia, des dizaines d'étudiants sont restés sur place, installant des tentes pour éviter de se faire déloger.
- Appel à démissionner -
"Il y a eu un grand débat à savoir s'il faut ou non mobiliser la police", a dit Nemat Shafik dans un communiqué, les forces de police ne pouvant intervenir sur le campus, une propriété privée, qu'avec son accord.
Sur le campus de l'université Yale, au moins 47 personnes ont été arrêtées, selon un communiqué de l'université publié lundi.
Rayan Amim, un étudiant de 19 ans à l'Emerson College, une université de Boston, a assuré lundi à l'AFP manifester "pour condamner sans relâche le génocide en cours des Palestiniens de Gaza et le nettoyage ethnique qui dure depuis plus de 75 ans".
Les campus américains sont le théâtre de tensions depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas le 7 octobre. Des voix s'élèvent pour dénoncer une montée de l'antisémitisme.
Les républicains se sont emparés du sujet et après une audition houleuse au Congrès, la présidente de l'université de Pennsylvanie Elizabeth Magill et son homologue d'Harvard Claudine Gay ont démissionné, respectivement en décembre et en janvier.
Celle de Columbia a été entendue mercredi au Congrès sur le même sujet. Devant les élus américains, elle a assuré que l"'antisémitisme (n'avait) rien à faire sur notre campus".
Lundi, le président américain Joe Biden a condamné les "manifestations antisémites" tout en dénonçant "ceux qui ne comprennent pas ce que vivent les Palestiniens".
Mais les dix élus républicains de New York à la Chambre des représentants ont appelé à la démission de la présidente de Columbia, arguant dans une lettre que "l'anarchie s'est emparée du campus".