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Des vivres et des médicaments ont commencé à arriver mercredi sur le site d'un glissement de terrain qui a décimé un village entier en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où les humanitaires découvrent des enfants rendus muets par le choc de la catastrophe.
Quelque 2.000 personnes pourraient être ensevelies sous le vaste glissement de terrain qui a détruit une localité des hautes terres de la province d'Enga, au centre du pays, tôt le 24 mai, selon le gouvernement.
Après plusieurs jours de fouilles à l'aide d'outils de fortune, seuls six corps ont été retirés de la coulée de boue.
Miok Michael, le chef de la communauté locale, a indiqué à l'AFP que 19 "membres de sa famille et proches" manquent à l'appel. "L'aide parvient lentement sur le site", dit le responsable qui s'est rendu sur place. "Mais les déplacés continuent à pleurer et appeler à l'aide. Il n'y a pas de maison adéquate pour dormir, toutes les maisons ont été ensevelies".
Les secours ayant abandonné l'espoir de trouver des survivants sous les mètres de boue et de débris, les habitants ont commencé à organiser des processions funéraires, des manifestations collectives appelées localement "haus krai" et qui peuvent durer des semaines.
Sur des images transmises par les agences de l'ONU, on peut voir un groupe d'hommes porter sur les épaules un cercueil en bois dans la vallée, tandis que des dizaines de personnes en deuil les suivent, en gémissant de désespoir.
- "Pas équipé" face à la catastrophe -
Même sans bilan détaillé à ce stade, les humanitaires soulignent que de nombreux enfants ont été victimes de la catastrophe, alors qu'on estime à 40% les habitants de la région âgés de moins de 16 ans.
"Ce que nous entendons, c'est qu'à cause de ce qu'ils ont vu et vécu, beaucoup d'enfants ont cessé de parler", a indiqué à l'AFP Justine McMahon, de l'ONG CARE Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Selon Niels Kraaier de l'Unicef Papouasie-Nouvelle-Guinée, au moins neuf enfants orphelins ont été recensés.
L'Unicef a indiqué avoir commencé à distribuer des kits d'hygiène comprenant des seaux, des bidons et du savon, tandis que l'ONG World Vision rapporte que les habitants manquent encore de nourriture, abris, couvertures et moustiquaires.
Les opérations de secours ont été compliquées par l'éloignement du site, les violences tribales à proximité et les dégâts causés par le glissement de terrain qui a coupé la principale route d'accès.
Les autorités ont entamé l'évacuation de milliers de personnes menacées par un possible nouveau glissement de terrain, mais, selon les ONG, nombre d'habitants refusent de quitter les lieux dans l'espoir de retrouver des proches disparus.
Les difficultés d'acheminement de l'aide et la lenteur de la réaction du gouvernement ont augmenté la détresse des habitants.
"Je ne suis pas équipé pour faire face à cette catastrophe", a dit à l'AFP Sandis Tsaka, l'administrateur de la province d'Enga.
- "Précipitations extraordinaires" -
Plus de cinq jours après le drame, le Premier ministre James Marape ne s'est pas encore déplacé dans cette zone isolée.
Dans la capitale, Port Moresby, son gouvernement se bat contre une motion de censure qui pourrait l'écarter du pouvoir et certains craignent que ces manœuvres ne détournent l'attention de ce qui pourrait être l'une des pires catastrophes naturelles qu'ait connues le pays.
Le village de Yambali "n'existe plus", a déclaré M. Marape devant le Parlement mercredi.
"La nature, par un glissement de terrain catastrophique, a submergé ou recouvert le village et, d'après nos premières estimations, plus de 2.000 personnes auraient péri dans cette catastrophe", a-t-il poursuivi.
"Cette année, nous avons eu des précipitations extraordinaires qui ont provoqué des inondations dans les zones fluviales, une hausse du niveau de la mer dans les zones côtières et des glissements de terrain dans plusieurs régions", a-t-il observé.
L'ampleur de la catastrophe est visible sur les images satellite: une coulée longue de 600 m de débris jaunes et gris coupe la forêt.
"C'était une zone très peuplée, avec des maisons, des entreprises, des églises et des écoles, et elle a été complètement anéantie", observe M. Tsaka. "Les gens creusent avec leurs mains et leurs doigts", ajoute-t-il, désemparé par l'impuissance du gouvernement face à cette situation.