Partager:
"Saisissez-vous de cette chance": devant les visages fermés d'ados envoyés par leurs parents passer leurs vacances de printemps en stage de "rupture" dans un internat de Nice, le Premier ministre Gabriel Attal a vanté lundi cette nouvelle mesure, censée favoriser la "prévention" de la délinquance.
Face à "la violence des mineurs", le "sursaut d'autorité a démarré", a assuré Gabriel Attal dont la visite est censée illustrer le volet "prévention" de son plan, "une des grandes priorités de (son) gouvernement", dévoilé jeudi dernier à Viry-Châtillon (Essonne).
La vingtaine de jeunes avec lesquels M. Attal a échangé bénéficie d'un programme expérimental concocté par le département des Alpes-Maritimes dans le lycée-collège du Parc impérial, pour une enveloppe d'environ 60.000 euros pour douze jours.
Au programme: lever à 7H00, ateliers "estime de soi", visite du camp de déportés des Milles à Aix-en-Provence, parcours mémoriel dans un cimetière de la ville, discussions sur les addictions, notamment aux écrans, mais aussi sortie en bord de mer ou découverte d'une exposition sur Tintin.
Pas de quoi, pour l'instant, emballer Lenny, "14 ans, bientôt 15", scolarisé en 3e. "Pendant les vacances, je voulais aller à la plage, jouer au foot avec mes potes, sortir, aller manger dehors...", confie-t-il après avoir assisté à un débat sur ces internats de "rupture", destinés à couper les jeunes de leur milieu. A ses côtés figuraient notamment le maire (Horizons) de Nice Christian Estrosi, le député et patron des Républicains Eric Ciotti, trois autres ministres et de nombreux élus locaux.
"Mes parents ne m'ont pas convaincu d'y aller, ils m'ont forcé, c'est tout, j'ai rien à dire. C'était ça ou le bled", témoigne Rayan, 14 ans, en 4e, admettant qu'il fait "n'importe quoi à l'école".
"En tout cas, tu vas apprendre plein de choses, vous allez faire plein d'activités", lance le Premier ministre, qui se dit "sûr qu'à la fin, vous serez contents d'être là".
Puis, visitant une salle de classe, M. Attal a répondu aux questions, parfois désarçonnantes, de ces ados que leurs parents ou leurs professeurs cherchent à remettre dans le droit chemin. "Vous êtes le maire ou le ministre?", lui demande Saïf, 13 ans, scolarisé en 5e. "Moi, je suis le Premier ministre, et le maire, il est là", lui répond-il en désignant l'édile derrière lui.
- "Monsieur Macron" -
À un ado qui lui demande si "Macron, il est à Nice?", le Premier ministre réplique : "On dit Monsieur Macron, et c'est comme ça avec tous les adultes".
Les échanges ont aussi concerné TikTok, réseau social sur lequel M. Attal a répondu récemment aux questions les plus "likées" qui lui étaient posées, et sur les alertes à la bombe dans les établissements scolaires, qui peuvent valoir "plusieurs années de prison et des dizaines de milliers d'euros d'amende", met-il sévèrement en garde.
Les séjours sont basés sur le volontariat des familles, pour des jeunes, garçons ou filles, qui n'ont pas affaire à la justice et peuvent être signalés par des associations de quartier, comme PAJE, celle qui gère le stage niçois, ou leurs établissements scolaires.
Ils sont conçus comme un moyen de "prévention", secteur qu'il faut déclencher "le plus tôt possible (...) pour éviter à des jeunes de tomber dans la délinquance", explique M. Attal.
Loin de ces considérations, Lenny espère au moins être dans une chambre avec ses "collègues", en reconnaissant se retrouver dans cette situation parce qu'à l'école, il bavarde trop et "rigole", et qu'à la maison "(il) ne respecte pas".
"Et en vrai, peut-être que pendant les deux semaines on va changer d'avis, parce qu'il y a beaucoup de choses quand même", reconnait-il.
Il y a en tout cas une chose qu'il n'y aura pas: pendant le séjour et sauf une heure par jour, Lenny, comme tous ses camarades, sera privé de son téléphone portable.