Accueil Actu Monde International

Mondial-2022: la fauconnerie, passion ancestrale au Qatar, veut attirer les supporteurs

Dans le désert du nord du Qatar, des enfants exhibent un rapace agrippé à un gant enfilé sur leur main gauche, fiers de pouvoir perpétuer la tradition ancestrale de la fauconnerie.

Ces jeunes fauconniers se sont rassemblés sous une immense tente à 80 kilomètres au nord de Doha, à l'approche de la Coupe du monde de football dans le riche émirat gazier, avec pour objectif de faire découvrir aux visiteurs une pratique héritée de leurs ancêtres.

Ils participent à un concours réservé aux 11-15 ans.

"C'est ma première participation", explique Breik al-Marri, 11 ans, vêtu d'une longue tunique blanche, se présentant avec son faucon Gasham dont la tête est recouverte d'un capuchon pour obstruer sa vue.

"J'aime Gasham et je prends soin de lui", explique le garçon en glissant son bras gauche dans un épais gant en cuir pour le protéger des serres acérées du rapace.

La fauconnerie notamment au Qatar, en Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis, a été inscrite sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco en 2010.

"Utilisée à l'origine comme méthode de chasse et de récolte de nourriture, la fauconnerie a acquis d'autres valeurs au cours du temps, au point de faire partie intégrante des communautés sous forme de pratique sociale et récréative, mais aussi de moyen de communion avec la nature", note l'agence de l'ONU.

- "Un beau sport" -

"J'ai appris ce sport de mes grands-parents, mon père et mes oncles", raconte Breik. "Ils m'ont enseigné la force de la détermination et comment prendre soin d'un faucon".

Le chaperon qui couvre la tête de l'oiseau l'aide à rester calme, explique-t-il, mais dès qu'il retrouve la vue, son comportement change. "Une fois, mon frère s'est approché quand le faucon ne portait pas le chaperon. Il a essayé de le caresser mais il l'a attaqué" avec son bec, se souvient-il. "Le faucon a eu peur!"

Lors de la compétition, à laquelle participent une dizaine d'enfants, chaque fauconnier doit choisir le bon moment pour lâcher son oiseau et le laisser attraper sa proie, un leurre agité à environ 200 mètres.

Le gagnant est celui dont le faucon capture sa proie le plus rapidement.

Saeed al-Jameela, 15 ans, participe également au concours. Il a appelé son faucon Hayya, du nom des cartes digitales dont devront disposer les supporteurs pour le Mondial, du 20 novembre au 18 décembre.

Enthousiaste à l'idée de voir arriver plus d'un million de supporteurs dans son pays, il espère qu'ils auront envie de découvrir la fauconnerie.

"Ils devraient essayer, ils n'ont rien à perdre. C'est un beau sport", lance-t-il.

- "Préserver notre héritage" -

Mais dans ce concours, ce sont incontestablement les "petits fauconniers", âgés de 6 à 10 ans, qui volent la vedette.

Ils avancent un à un, chacun avec un sac de chasse, tandis que des faucons avec des serres plus grosses que leurs mains se tiennent en équilibre sur leur bras.

Hamas al-Nuaimi, 8 ans, se présente devant le jury qui commence à l'interroger sur les outils de chasse.

Le garçon bloque sur une question mais un juré l'aide à répondre.

Le but du concours est de "préserver notre héritage et celui de nos ancêtres", explique Saad al-Muhannadi, un membre du jury. "Nous transmettons cet héritage à cette génération".

Les petits fauconniers sont ensuite testés sur leur capacité à retirer correctement les chaperons, à placer le rapace de leur bras à un perchoir, en sécurisant leurs pattes à l'aide d'un noeud spécial.

"Chasser enseigne aux hommes la persévérance et l'autonomie", explique Saad al-Muhannadi.

Il espère qu'en accueillant la Coupe du monde, le Qatar aura l'opportunité de "partager sa culture et son identité nationale".

À lire aussi

Sélectionné pour vous