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Meta, la maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, a doublé son bénéfice net au premier trimestre, mais le coût de plus en plus élevé de ses investissements dans l'intelligence artificielle (IA) inquiète Wall Street.
Le numéro deux mondial de la publicité en ligne a vu son chiffre d'affaires trimestriel grimper de 27%, atteignant 36,5 milliards de dollars, dont il a dégagé 12,4 milliards de profits, deux résultats supérieurs aux attentes.
Mais Meta a aussi annoncé mercredi que ses investissements allaient être compris entre 35 et 40 milliards de dollars cette année, plus que prévu, à cause des besoins dans l'IA (infrastructures, recherche et développement, etc).
Une information qui a douché le marché: l'action du groupe californien perdait plus de 16% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York.
"Je crois que nous avons gagné en optimisme et en ambition sur l'IA", a tenté d'expliquer Mark Zuckerberg, le patron de la société, lors de la conférence pour les analystes.
En retard sur Google et Microsoft dans la course effrénée à l'IA générative (production de textes, images et autres contenus, sur simple requête en langage courant), Meta a dévoilé la semaine dernière la nouvelle version de Meta AI, son assistant qui répond aux questions des utilisateurs, comme ChatGPT.
Resté très discret jusqu'à présent, Meta AI va gagner en visibilité sur les plateformes du groupe et en compétences grâce à un nouveau modèle d'IA plus perfectionné, Llama 3.
- "Première entreprise d'IA au monde" -
Mark Zuckerberg a assuré que les premiers retours étaient très positifs, et l'encouragent à investir suffisamment pour "rester à la pointe" et faire de Meta AI "le meilleur et le plus utilisé assistant d'IA au monde".
"Nous ne nous contentons plus d'entraîner de bons modèles d'IA pour construire de nouveaux produits pour les réseaux sociaux et le commerce en ligne", a-t-il insisté.
"Nous sommes arrivés à un stade où nous montrons que nous pouvons construire des modèles de pointe et devenir la première entreprise d'IA au monde".
Il a cependant reconnu qu'il faudra sans doute "plusieurs années" avant que ces efforts ne portent leurs fruits.
Trop long et trop incertain pour Wall Street. Pendant la conférence, certains analystes ont même suggéré que Meta dépense moins dans le métavers et libère ainsi des fonds pour l'IA.
La branche Reality Labs, chargé du développement d'appareils et de logiciels pour le métavers (mélange des univers réels et virtuels via des lunettes et casques high tech), a de nouveau enregistré des pertes conséquentes, de plus de 3,8 milliards de dollars.
Et l'entreprise prédit qu'elles vont encore se creuser.
Mais Mark Zuckerberg, qui considère le métavers comme l'avenir d'internet, a réitéré sa confiance dans le potentiel de ces technologies.
D'autant que l'IA se marie bien avec ces nouveaux objets, selon lui: "Les lunettes connectées sont idéales pour l'assistant d'IA, parce que cela lui permet de voir ce que vous voyez et d'entendre ce que vous entendez. Donc l'assistant a tout le contexte pour vous aider".
- "Marges enviables" -
Le groupe américain vient de lancer "Meta Horizon OS", son système d'exploitation pour les appareils de réalité mixte (mêlant éléments réels et réalité augmentée et virtuelle), désormais ouvert à d'autres fabricants.
Certains analystes se montrent plus optimistes, étant donné la croissance de son coeur de métier.
Meta a de plus en plus d'espaces publicitaires disponibles à la vente, à un prix moyen en hausse, de quoi "dégager des marges enviables, même si elle continue d'investir dans des secteurs qui ne contribueront peut-être pas aux bénéfices avant plusieurs années", a réagi Max Willens de Emarketer.
D'ici à la fin de l'année, Meta pourrait en outre commencer à vendre de la publicité sur Threads, sa plateforme de messages écrits similaire à X (ex Twitter).
Cela ferait plaisir "aux annonceurs qui veulent communiquer en temps réel avec leur public et qui auront enfin une alternative viable à X", a noté Mike Proulx, vice-président du cabinet Forrester.
Dans l'IA, Meta a pris du retard, reconnaît Debra Williamson de Sonata Insights.
Mais "grâce à ses plateformes elle dispose d'une base d'utilisateurs massive pour tester des expériences d'IA (...) et évaluer rapidement celles vers lesquelles ses utilisateurs gravitent", a-t-elle souligné.
L'entreprise recense 3,24 milliards de personnes qui utilisent au moins un de ses services au quotidien, soit 50 millions de plus qu'à la fin 2023.