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Depuis la libération d'Olivier Vandecasteele, plusieurs voix critiques s'élèvent, reprochant à la Belgique d'avoir cédé au chantage de l'Iran. Il a été échangé contre Assadollah Assadi, condamné pour terrorisme. Cet échange de prisonniers pourrait-il renforcer la "diplomatie des otages" pratiquée par plusieurs Etats autoritaires ? Y avait-il une autre manière de faire ?
"L’évasion de dix coupables est préférable à la souffrance d’un innocent." La phrase est signée William Blackstone, juriste britannique du XVIIIème siècle. Il a donné son nom à l’opération qui a sauvé Olivier Vandecasteele.
Alors, fallait-il livrer en échange un homme condamné pour tentative d’assassinat terroriste ? "Il y a des points de vue différents aujourd'hui. Des personnes disent qu'un criminel, un terroriste a été libéré. Ce n'est pas acceptable. Et d'autres disent 'Heureusement, vous avez obtenu la sauvegarde d'Olivier Vandecasteele'. Les deux sont justes et c'est ça qui rend sans doute le métier de Premier ministre difficile", explique Philippe Hensmans, directeur d'Amnesty International Belgique.
La diplomatie des otages est une pratique qui existe depuis longtemps. Nous rencontrons un ancien ambassadeur belge pour évoquer ces tractations des coulisses. "Voilà comment ça se pratique et on peut s'en offusquer : on peut dire 'je ne veux pas tremper mes mains dans ce genre de négociations.' C'est immoral, mais ça marche", souligne Raoul Delcorde, ambassadeur de Belgique honoraire et professeur invité à l'UCLouvain.
D’autres pays ont dû faire face à ce type de chantage : la France, le Royaume-Uni, le Canada ou encore les Etats-Unis. "Tout récemment encore, je crois que tout le monde a en mémoire cette joueuse de basket américaine arrêtée à l'aéroport de Moscou, au motif qu'il y avait des narcotiques dans ses bagages. Qu'ont fait les Américains ? Ils ont négocié, secrètement et il y a eu un deal : ils ont relâché un trafiquant d'armes, Viktor Bout, qui est revenu en Russie. Et en échange, la joueuse de basket a été libérée", rappelle Raoul Delcorde.
Les Etats preneurs d’otages réclament en échange de l’argent ou leurs ressortissants condamnés ou en attente de procès.
En 1979, 52 diplomates américains étaient retenus en otage au sein de l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran. Au bout de 444 jours, ils ont été libérés contre au moins 3 milliards de dollars d’avoirs iraniens qui étaient gelés.