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Au moins 11.300 personnes sont mortes et 10.100 restent portées disparues dans la seule ville de Derna, dans l'est de la Libye, ravagée il y a près d'une semaine par des inondations sans précédent, selon un bilan publié par un organisme de l'ONU, citant le Croissant rouge libyen. Les inondations ont par ailleurs fait au moins 170 morts dans d'autres endroits de l'est de la Libye, a ajouté le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA).
Une semaine après les inondations dévastatrices, les services de secours locaux épaulés par des équipes étrangères recherchent dimanche les corps de milliers d'autres personnes toujours portées disparues.
Des enfants empoisonnés
La tempête Daniel qui a frappé le 10 septembre Derna, une ville de 100.000 habitants bordant la Méditerranée dans l'est du pays, a entraîné la rupture de deux barrages en amont et provoquant une crue de l'ampleur d'un tsunami le long de l'oued, qui traverse la cité. Elle a tout emporté sur son passage. "La situation humanitaire reste particulièrement sombre à Derna", a affirmé le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), selon qui la ville manque d'eau potable et au moins 55 enfants ont été empoisonnés par l'eau polluée.
De sous les décombres de quartiers dévastés par les flots ou en pleine mer, des dizaines de corps sont sortis et enterrés chaque jour au milieu d'un paysage apocalyptique. Selon des habitants, la plupart des victimes ont été ensevelies sous la boue ou emportées vers la Méditerranée.
A une centaine de km à l'ouest de Derna, à Al-Bayda, les habitants découvrent leurs maisons quasi détruites, pataugeant dans la couche de boue couvrant les sols de ce qui était autrefois leurs cuisines ou salons. Ayman Jabril Saleh, un habitant qui s'est cloîtré avec sa famille dans une pièce de la maison jusqu'à la fin de la tempête, s'est dit soulagé qu'aucun membre de sa famille n'ait été touché. "Toutes nos pertes étaient matérielles", a-t-il dit à l'AFP. "Quand nous avons vu la situation à Derna, nous nous sommes sentis bénis".
Des centaines de corps découverts dans une baie
Des sauveteurs maltais, qui épaulent les Libyens dans les recherches en mer, ont dit avoir découvert des centaines de cadavres dans une baie et réussi à récupérer des dizaines, selon le Times of Malta. "Il y en avait probablement 400, mais c'est difficile à dire", a déclaré le chef de l'équipe maltaise Natalino Bezzina au journal, affirmant que l'accès à la baie était difficile en raison de vents forts.
Une équipe de secours libyenne sur un zodiac a affirmé avoir vu "peut-être 600 corps" en mer au large de la région d'Om-al-Briket, à une vingtaine de kilomètres à l'est de Derna, selon une vidéo sur les réseaux sociaux, sans préciser s'il s'agissait des corps trouvés par les Maltais.
D'autres équipes de secours libyennes et étrangères annoncent retrouver des corps chaque jour, mais les recherches sont rendues difficiles par les tonnes de boue qui ont recouvert une partie de la ville.
La solidarité internationale malgré le chaos politique
Sur le terrain, le travail des secours est entravé par le chaos politique qui règne dans le pays depuis la mort lors d'une révolte populaire du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011: deux gouvernements, l'un à Tripoli (ouest), reconnu par l'ONU, et l'autre dans l'Est, se disputent le pouvoir.
La mobilisation internationale reste néanmoins forte. Les avions d'aide continuent d'arriver à l'aéroport de Benghazi, la grande ville de l'Est, où affluent des équipes de secours et d'assistance d'organisations internationales et de plusieurs pays.
"Bénis"
Les autorités ont, elles, entamé le processus compliqué d'identification et de recensement des corps, dont plusieurs centaines avaient été enterrés à la hâte les premiers jours. Face au nombre important de disparus, le bilan des morts varie considérablement et reste difficile à confirmer.
L'OCHA, citant le Croissant-Rouge libyen, a averti samedi que le bilan dans la seule ville de Derna pourrait s'élever à 11.300 personnes, avec 10.100 autres disparues.