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Dans un camp surpeuplé du nord de la Syrie, des enfants déplacés par une guerre sans fin profitent d'un rare moment de répit en jouant dans des piscines mobiles installées par des bénévoles, sous la chaleur accablante de l'été.
À peine l'association Smile Younited a-t-elle installé trois piscines sur une place animée du camp de Kafr Naseh, planté de tentes, que des enfants de tous âges se précipitent dans l'eau, dansant au rythme des chansons diffusées par haut-parleur.
En plein été, c'est un soulagement bienvenu pour ces filles et garçons, dont la vie est marquée par la guerre et pauvreté.
Mohammad Ezzedine, 38 ans, se dit ravi de voir ses cinq enfants si heureux. Il espère que l'association reviendra "chaque semaine", parce qu'"il fait chaud et que les enfants ont besoin de se distraire et de s'amuser".
"Ils vivent sous pression, confinés dans un camp”, déclare-t-il. Avant l'arrivée des bénévoles, "tout ce que nous pouvions faire, c'était de les mettre dans un bac en plastique et de le remplir d'eau", quand elle est disponible.
Selon l'ONU, plus de cinq millions de personnes, pour la plupart des déplacés internes dépendant des aides des organisations humanitaires, vivent dans les camps surpeuplés des zones rebelles du nord et du nord-ouest syrien, qui échappent au contrôle de Damas.
Alors que le conflit s'éternise, le manque de financement international y a gravement compromis la fourniture de services de base. L'eau manque, les déchets s'accumulent.
- "La boue et le soleil" -
Les habitants du camp de Kafr Naseh, dans la région d'Alep, disent qu'ils n'ont pas eu accès à de l'eau propre gratuite depuis un an et demi.
"Les personnes âgées et les jeunes veulent de l'eau parce que c'est une planche de salut [...]. Les camps ont soif", déclare Habiba Hamdouch, 65 ans, qui vit à Kafr Naseh depuis six ans.
Les enfants du camp "n'ont jamais vu de piscine et ne savent même pas nager. Ils ont grandi avec la soif, la faim, les tentes, la boue et le soleil", ajoute-t-elle.
Mais aujourd'hui, ils peuvent "profiter des piscines, qui sont une source de bonheur et de soulagement en cette chaleur", dit-elle en regardant 15 de ses petits-enfants s'éclabousser.
Beaucoup d'entre eux étaient très jeunes lorsque sa famille a été déplacée de la province voisine d'Idleb. Ils "ont grandi dans le camp, assoiffés, affamés, vivant dans des tentes en plein soleil", dit-elle.
Déclenchée en 2011 par la répression sanglante de manifestations prodémocratie, la guerre civile en Syrie a fait plus d'un demi-million de morts.
Elle a également donné lieu à la plus grande crise de déplacement au monde, avec 13,8 millions de personnes toujours déplacées à l'intérieur et à l'extérieur du pays, selon l'ONU.
Une fois sortis de l'eau, les enfants s'installent autour de tables en plastique pour savourer jus et fruits, offerts par l'organisation caritative.
"Les enfants n'ont pas seulement besoin d'assistance, ils ont aussi besoin d'avoir des loisirs", souligne Ayman Abou Taym, 30 ans, qui dirige l'équipe de bénévoles.