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En Cisjordanie, le temps des funérailles après le raid israélien le plus meurtrier depuis 2005

A Jénine, le temps des funérailles est revenu vendredi, au lendemain du raid israélien le plus meurtrier depuis au moins 2005, dans cette ville depuis longtemps un bastion de la "résistance" à l'occupation israélienne en Cisjordanie.

Installés sur le toit d'un bâtiment abandonné du centre de Jénine, la grande ville du nord du territoire palestinien, des enfants ont compté jusqu'à dix corps de combattants palestiniens portés vers leurs tombes lors de ces funérailles.

Les corps de ces hommes ont été sortis des maisons et des morgues des hôpitaux sur des brancards, accompagnés par des dizaines d'autres militants masqués tirant en l'air. Des milliers d'hommes ont pris part à ce cortège funèbre.

"On arrive pour le combat", a scandé la foule, portant des drapeaux palestiniens, et d'autres du groupe Jihad islamique, grand allié du Hamas aux côtés desquels il combat à Gaza, et aussi des drapeaux du Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas.

Les corps, qui n'ont pas été lavés, portent des traces de sang, comme il se doit pour les "martyrs".

Jeudi, le ministère palestinien de la Santé a annoncé 14 morts en une journée de combats à Jénine. C'est le raid israélien le plus meurtrier depuis longtemps, au moins depuis 2005 quand l'ONU a commencé à recenser les morts des incursions israéliennes en Cisjordanie.

Dans l'ensemble de ce territoire, occupé depuis 1967, 18 Palestiniens ont été tués lors de cette journée, selon cette source.

- "Jamais en sécurité" -

Après ces affrontements entre des tireurs masqués et les forces israéliennes à bord de véhicules blindés de transport de troupes, les rues de Jénine sont dévastées et parsemées de douilles de balles étincelantes.

L'armée israélienne a déclaré avoir "échangé des tirs avec des terroristes armés, plus de dix terroristes ont été tués et plus de 20 suspects recherchés ont été appréhendés".

"Tous les jours, ils attaquent. Ils entrent dans la ville, dans le camp, dans les villages. Nous ne sommes jamais en sécurité", assure à l'AFP Salam Hussein, 39 ans, accompagnée de trois enfants dans les décombres d'une rue rasée de Jénine.

Un jeune garçon pose pour une photo, affichant un signe de paix à côté d'un monument à la mémoire d'un militant tué précédemment, détruit lors des combats de jeudi.

Les funérailles se sont terminées vendredi sur le même terrain que celles où d'autres combattants ont été enterrés une semaine plus tôt.

Des hommes ont posé des parpaings pour délimiter les tombes, avant que la foule ne se disperse à nouveau dans une ville une fois de plus déchirée par les combats.

La Cisjordanie, territoire palestinien séparé de la bande de Gaza par le territoire israélien, est en proie à une intensification des violences depuis le début de la guerre à Gaza.

Cette guerre a été déclenchée par l'attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre et a fait au moins 1.400 victimes, majoritairement des civils tués le jour de l'attaque, selon les autorités israéliennes.

Pour "anéantir" le Hamas, l'armée israélienne bombarde jour et nuit les 2,4 millions de Gazaouis et au moins 11.000 d'entre eux ont été tués, selon le ministère de la Santé du Hamas.

En Cisjordanie, les incursions israéliennes, les attaques de colons sur des villages palestiniens, les bouclages et les arrestations ne cessent d'augmenter.

En un mois, environ 180 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie par des tirs de soldats ou de colons israéliens, selon le ministère palestinien de la Santé.

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