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La cour d'appel de Toulouse statuera le 26 septembre sur le renvoi aux assises, requis par le parquet général, de Cédric Jubillar, accusé d'avoir en décembre 2020 tué son épouse Delphine et fait disparaître son corps.
Lors d'une audience à huis clos jeudi, la chambre de l'instruction de la cour d'appel haut-garonnaise a examiné les résultats d'un supplément d'information ordonné en février dans cette procédure à rallonge et l'appel déposé par les avocats de Cédric Jubillar, peintre-plaquiste de 37 ans qui clame son innocence, contre l'ordonnance de mise en accusation (OMA) prise le 21 novembre 2023 qui le renvoie aux assises.
Les nouvelles investigations décidées cet hiver n'ont pas modifié la ligne de l'accusation dans cette affaire sans corps, ni aveux, ni témoin, ni scène de crime, et le parquet général a "évidemment repris tous les éléments graves et concordants (...) qui justifient un renvoi devant la cour d'assises", a affirmé Philippe Pressecq, avocat d'une partie civile, présent à cette audience.
Le parquet général "a pris un réquisitoire extrêmement complet, extrêmement clair", a-t-il dit, estimant pour sa part que "tout cela mérite un débat public devant une cour d'assises pour qu'enfin une juridiction prenne une décision disant si oui ou non Cédric Jubillar est coupable du meurtre de son épouse".
- "Il faut avancer" -
"Il faut avancer", a de son côté déclaré à l'AFP Me Malika Chmani, l'une des deux avocats mandatés pour représenter les deux enfants du couple Jubillar, aujourd'hui âgés de cinq et neuf ans.
"On parle beaucoup des trois ans de détention de Cédric Jubillar mais il ne faut pas oublier que pour eux, cela fait trois ans et demi que leur maman a disparu", a-t-elle insisté.
"Pour eux, il faut que ça avance et un procès c'est le début d'autre chose", a affirmé Me Chmani, précisant que les enfants étaient actuellement pris en charge "chez leur tante maternelle et son conjoint".
L'éventuel procès, selon une source judiciaire, pourrait se tenir au premier semestre 2025.
Du côté de la défense, Me Jean-Baptiste Alary a une nouvelle fois dénoncé "une instruction qui a été menée à sens unique dès le départ" contre M. Jubillar, symbolisée à ses yeux comme à ceux de ses confrères Alexandre Martin et Emmanuelle Franck, par le fait que les juges d'instruction le qualifient clairement de coupable dans leur OMA.
"Nous demandons que soit supprimée cette horreur judiciaire au terme de laquelle des magistrats instructeurs, qui sont censés être à charge et à décharge, ont écrit que M. Cédric Jubillar était coupable du meurtre de sa femme, ce qui est absolument intolérable", a ainsi souligné Me Martin, tandis que Me Franck a déploré à cet égard l'attitude de juges "emballées (...) par leur partialité et leur manque de compétence".
- Demande de mise en liberté -
Devant la chambre de l'instruction, les trois avocats de M. Jubillar ont par ailleurs effectué une nouvelle demande "technique" pour obtenir une présentation plus claire des fadettes (relevés d'appels) du téléphone de Delphine Jubillar. La démarche est perçue comme une "nouvelle manœuvre" par Me Pressecq, avocat d'une des cousines de la victime.
Les avocats du trentenaire ont aussi indiqué qu'ils allaient présenter "aujourd'hui" une nouvelle demande de remise en liberté de leur client, en détention depuis sa mise en examen le 18 juin 2021.
Désormais, "on ne pourra pas nous opposer la nécessité de l'instruction puisque cette instruction est définitivement terminée", a estimé Me Martin.
Delphine Jubillar, infirmière et mère de deux enfants, a disparu dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 en plein couvre-feu lié à la pandémie de Covid-19.
Elle venait d'annoncer à son mari son intention de divorcer, une décision qu'il avait du mal à accepter.
Cette disparition avait suscité un grand émoi en France, quelques jours avant les fêtes de Noël et quelques semaines après la condamnation de Jonathann Daval pour le meurtre de son épouse en Haute-Saône, qu'il avait longtemps nié en endossant le rôle du mari éploré.