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Des milliers de Palestiniens cherchent refuge dans le sud de Gaza

Des milliers de Palestiniens continuent de fuir à travers les rues dévastées de la ville de Gaza, cherchant refuge plus au sud après une injonction d'Israël, qui se prépare à une offensive terrestre pour anéantir le Hamas, une semaine après l'attaque sanglante lancée par le mouvement islamiste palestinien.

L'armée, qui a riposté par des frappes intensives sur la bande de Gaza, a annoncé samedi avoir "liquidé" un haut responsable militaire du Hamas, au septième jour de la guerre, qui a déjà fait des milliers de morts. Ce responsable, Mourad Abou Mourad, est selon elle "responsable d'une grande partie de l'offensive meurtrière" contre Israël.

L'armée avait annoncé la veille avoir mené des incursions au sol dans le territoire palestinien où 5.540 maisons "ont été détruites" selon l'ONU.

Près de 3.750 autres logements ont été tellement endommagés qu'ils sont inhabitables, a ajouté samedi Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).

"Ce n'est que le début" des opérations israéliennes à Gaza, a prévenu vendredi le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

L'armée israélienne a confirmé samedi avoir identifié "plus de 120 civils" retenus captifs à Gaza, parmi environ 150 otages enlevés par le Hamas qui a menacé de les exécuter. Des centaines de personnes restent portées disparues, et des corps sont toujours en cours d'identification.

"Nous évoluerons probablement vers d'autres opérations de combat importantes", a insisté un porte-parole de l'armée israélienne, Jonathan Conricus.

Au moins 1.300 Israéliens, pour la plupart des civils, ont été tués depuis l'attaque, qui a traumatisé Israël où elle est comparée aux attentats du 11 septembre 2001.

Environ 1.900 Palestiniens, la plupart des civils, dont 614 enfants, selon les autorités locales, sont morts dans la bande de Gaza, un petit territoire pauvre et en état de siège coincé entre Israël et l'Egypte.

Le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007, a annoncé vendredi que 13 otages, "dont des étrangers", avaient été tués dans des frappes israéliennes.

Le groupe islamiste, qu'Israël a juré "d'anéantir", avait déjà annoncé la mort de quatre otages dans les bombardements.

- "Catastrophe humanitaire" -

L'armée israélienne s'est félicitée samedi d'un "mouvement significatif" de civils gazaouis évacuant vers le sud mais a accusé le Hamas de tenter de bloquer ces départs.

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock avait accusé la veille le Hamas d'utiliser la population comme un "bouclier".

Le mouvement islamiste a rejeté cet appel à l'évacuation, qui concerne environ 1,1 million d'habitants, sur un total de 2,4 millions.

Les appels se multiplient à travers le monde pour éviter une "catastrophe humanitaire".

"Même les guerres ont des règles", a rappelé le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, réclamant un accès humanitaire "immédiat" à la bande de Gaza.

Il a décrit un "système de santé au bord de l'effondrement" et des "morgues qui débordent".

Le président américain Joe Biden a assuré que "la crise humanitaire" à Gaza était "une priorité", plusieurs ONG demandant l'ouverture de couloirs humanitaires.

Le président russe Vladimir Poutine a, lui, prévenu qu'un éventuel assaut terrestre entraînerait "des pertes parmi les civils absolument inacceptables".

L'évacuation des civils gazaouis demandée par Israël est "totalement impossible à mettre en œuvre", s'est aussi inquiété samedi le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.

L'Arabie saoudite qui a fait part de "son rejet catégorique des appels au déplacement forcé" et condamné "le bombardement continu de civils sans défense", a annoncé samedi suspendre les discussions sur une éventuelle normalisation avec Israël

La tension est vive aussi à la frontière nord du pays où l'armée israélienne a annoncé dans la matinée avoir tué "plusieurs terroristes" qui tentaient de s'infiltrer à partir du Liban.

Dans la nuit, elle avait dit avoir frappé une cible du Hezbollah dans le sud du Liban, en réponse à une "infiltration" aérienne et des tirs sur un de ses drones.

Le Hezbollah pro-iranien, allié du Hamas, s'est dit vendredi "entièrement préparé" à intervenir contre Israël "au moment propice".

Un journaliste vidéo de l'agence Reuters a été tué et six autres journalistes de l'AFP, Reuters et Al-Jazeera blessés vendredi dans des bombardements dans le sud du Liban.

En Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967, au moins 16 Palestiniens ont été tués dans des affrontements avec les forces israéliennes pendant des rassemblements en solidarité avec la bande de Gaza.

Des milliers de personnes ont aussi manifesté vendredi à Beyrouth, en Irak, Iran, Jordanie et à Bahreïn en soutien aux Palestiniens.

Le 7 octobre à l'aube, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, des centaines de combattants du Hamas avaient infiltré Israël à bord de véhicules et par les airs depuis Gaza.

Ils ont tué plus d'un millier de civils, semant la terreur sous un déluge de roquettes lors de cette attaque d'une ampleur inédite depuis la création d'Israël en 1948. Environ 270 personnes, d'après les autorités, ont été tuées dans un festival de musique.

Yossi Landau, qui travaille depuis 33 ans pour l'ONG Zaka, spécialisée dans la recherche des corps, a été témoin d'une scène d'horreur à Beeri, une localité où une centaine de personnes ont été tuées. Il a vu une femme, le ventre "déchiré, où se trouvait un bébé, encore relié par le cordon, poignardé".

Après l'attaque, l'armée israélienne a affirmé avoir récupéré les corps de 1.500 combattants palestiniens.

- Fuir vers le sud ou rester? -

L'armée israélienne, qui pilonne la bande de Gaza en riposte, a appelé tous les civils de la bande de Gaza à "évacuer leur domicile vers le sud, pour leur propre sécurité".

Par milliers, portant leurs baluchons, ils fuient par tous les moyens, à pied, entassés sur des remorques, des charrettes, à moto, en voiture, à travers les rues jonchées de gravats, bordées d'immeubles en ruines.

Ici, un enfant garde serré dans sa main son oreiller. Là, une femme a rassemblé tout ce qu'elle a pu sauver dans un sac porté à l'épaule.

Des tracts en arabe, largués par des drones israéliens, appellent les habitants à quitter "immédiatement leur maison".

La bande de Gaza, un territoire de 362 kilomètres carrés, est soumise à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir. L'Egypte contrôle sa seule ouverture sur le monde, le point de passage de Rafah, qui est actuellement fermé.

Soumis à un "siège complet" depuis le 9 octobre, l'enclave est désormais privée d'approvisionnements en eau, en électricité et en nourriture, coupés par Israël. Et le fracas des explosions est incessant.

"Jusqu'à quand va-t-on vivre sous les bombes avec la mort partout?", lance Oum Hossam, 29 ans, les joues couvertes de larmes, qui cherche un refuge avec ses quatre enfants après la destruction de sa maison.

D'autres habitants refusent de partir, faute de moyens ou pour ne pas céder: "L'ennemi veut nous terroriser et nous forcer à l'exil, mais on résistera", affirme l'un d'eux, Abou Azzam.

Plus de 423.000 Palestiniens ont déjà quitté leur foyer, selon l'ONU.

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a assimilé un tel "déplacement" à une "deuxième Nakba" ("Catastrophe", en arabe), le nom donné à la fuite de quelque 760.000 Palestiniens à la création de l'Etat d'Israël.

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