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Israël a mené de nouveaux bombardements dans la bande de Gaza après une attaque meurtrière contre une école gérée par l'ONU, alors que la guerre déclenchée par l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre est entrée vendredi dans son neuvième mois.
Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts, ravagé une grande partie de la bande de Gaza et déraciné la plupart de ses 2,4 millions d'habitants confrontés à un risque de famine.
Les efforts diplomatiques pour parvenir au premier cessez-le-feu depuis une pause d'une semaine dans les combats en novembre semblent être au point mort, une semaine seulement après la nouvelle feuille de route annoncée par le président américain, Joe Biden.
Dans ce cadre, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken se rendra la semaine prochaine en Israël, en Egypte, au Qatar et en Jordanie, a annoncé son ministère.
Sur le terrain, les bombardements menés par l'armée israélienne se sont poursuivis sur l'ensemble du territoire contrôlé depuis 2007 par le mouvement islamiste palestinien Hamas, ont rapporté des témoins et des sources locales.
A Deir el-Balah (centre), six personnes ont été tuées et six autres blessées dans la nuit par une frappe de missile sur la maison d'une famille dans le camp d'Al-Maghazi, selon une source médicale.
L'armée israélienne a indiqué de son côté avoir mené vendredi une frappe visant des combattants de Hamas dans une école de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) à Gaza-Ville, le service de presse du gouvernement du Hamas faisant état de trois personnes tuées dans l'établissement.
Jeudi, un hôpital de la bande de Gaza a annoncé la mort d'au moins 37 personnes dans un bombardement contre une autre école de l'Unrwa dans la région de Nousseirat" (centre). L'armée israélienne avait revendiqué aussi cette frappe qui visait, selon elle, "une base du Hamas".
Le maire de cette ville Iyad al-Maghari a été tué dans une frappe israélienne jeudi soir avec quatre autres personnes, a indiqué vendredi à l'AFP l'hôpital où les corps ont été admis.
Qualifiant l'édile de "terroriste", l'armée israélienne a indiqué être "consciente" des informations faisant état de sa mort mais a laissé entendre que la frappe avait surtout visé et permis d'éliminer un autre "chef terroriste" du Hamas.
Plus tôt dans la journée elle a affirmé que ses troupes poursuivaient aussi "leurs activités opérationnelles dans les régions de l'est d'Al-Bureij et de l'est de Deir el-Balah", ainsi qu'à Rafah, ville surpeuplée dans le sud de la bande de Gaza.
- "L'odeur des cadavres" -
Les opérations militaires à Rafah ont poussé un million de Palestiniens à fuir, selon l'ONU, et entraîné la fermeture du point de passage avec l'Egypte, essentiel à l'entrée de l'aide internationale dans le territoire assiégé.
Fuyant les combats et bombardements, des Palestiniens déplacés vont se rafraichir à la plage de Deir el-Balah, bien qu'elle soit polluée par les eaux usées, selon des images de l'AFPTV.
La mer leur offre un répit "contre les insectes, la chaleur (...) et l'odeur des cadavres", raconte à l'AFP Mohamed Ghaben, déplacé à de multiples reprises à l'intérieur du territoire depuis le début de la guerre à Gaza.
Elle a été déclenchée par l'attaque menée dans le sud d'Israël par des commandos du Hamas infiltrés depuis le territoire palestinien le 7 octobre, qui a entraîné la mort de 1.194 personnes, en majorité des civils tués ce jour-là, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
Lors de cette attaque, 251 personnes ont été emmenées comme otages. Après une trêve en novembre ayant notamment permis la libération d'une centaine d'entre eux, 120 otages sont toujours retenus à Gaza, dont 41 sont morts, selon l'armée israélienne.
En réponse à l'attaque du 7 octobre, l'armée israélienne a lancé une offensive meurtrière dans le petit territoire côtier où le Hamas a pris le pouvoir en 2007. Au moins 36.731 Palestiniens, essentiellement des civils, ont été tués, selon un dernier bilan vendredi du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.
Confronté à des pressions internationales accrues, Israël a été notifié vendredi de son ajout à la "liste de la honte" de l'ONU sur les droits des enfants lors de conflits dans un prochain rapport attendu d'ici fin juin, a annoncé l'ambassadeur israélien Gilad Erdan, se disant "choqué et écoeuré" de la décision du secrétaire général Antonio Guterres.
Une source diplomatique a indiqué à l'AFP que le Hamas et le Jihad islamique, autre mouvement palestinien armé, allaient aussi être ajoutés à la liste.
- La jetée réparée -
Sur le plan diplomatique, Joe Biden a présenté le 31 mai une feuille de route proposée selon lui par Israël qui prévoit, dans une première phase, un cessez-le-feu de six semaines accompagné d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages enlevés lors de l'attaque du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Les exigences contradictoires des deux camps laissent cependant peu d'espoir de voir le plan annoncé par M. Biden se concrétiser.
Le Hamas dit être prêt à accepter un accord seulement s'il comprend un cessez-le-feu permanent et le retrait complet des troupes israéliennes de la bande de Gaza.
Israël assure de son côté vouloir détruire le Hamas, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.
Depuis le Vatican, le pape François a déploré vendredi "la haine que sème pour les générations futures" la guerre à Gaza, appelant de nouveau à un cessez-le-feu.
En attendant une possible trêve, l'aide internationale, contrôlée par Israël, n'entre qu'au compte-gouttes dans la bande de Gaza où le taux de chômage a atteint un "niveau stupéfiant de 79,1%", selon l'Organisation internationale du Travail (OIT).
L'armée américaine a annoncé vendredi que la jetée temporaire qu'elle avait construite sur le littoral gazaoui pour acheminer de l'aide humanitaire, endommagée par une tempête fin mai, avait été réinstallée après des réparations.