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Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a appelé mercredi le Hamas à accepter la nouvelle proposition de trêve dans la bande de Gaza et réaffirmé l'opposition de Washington à une offensive sur la ville de Rafah, qu'Israël dit vouloir mener coûte que coûte.
Antony Blinken, qui poursuivait en Israël sa septième mission au Proche-Orient depuis le début de la guerre, le 7 octobre, s'est dit décidé à arracher "maintenant" un accord sur une trêve associée à une libération des otages retenus dans le territoire palestinien.
"Il y a une très bonne proposition sur la table actuellement. Le Hamas doit dire oui", a déclaré M. Blinken à Tel-Aviv, devant des manifestants israéliens hostiles à la guerre.
Un rejet de cette proposition de la part du mouvement islamiste serait la preuve qu'il n'a "pas la moindre considération" pour les Palestiniens, a-t-il ajouté plus tard.
"Si le Hamas prétend réellement se soucier des Palestiniens et désire voir immédiatement soulagées leurs souffrances, il devrait accepter l'accord", a dit M. Blinken, en visite dans le port israélien d'Ashdod, proche de la bande de Gaza, qu'Israël a accepté de rouvrir en avril pour accroître l'acheminement de l'aide humanitaire.
Les pays médiateurs - Qatar, Etats-Unis et Egypte - attendent la réponse du Hamas à une dernière proposition en date prévoyant une trêve de 40 jours ainsi que l'échange d'otages contre des Palestiniens détenus par Israël.
- "Des conditions très claires" -
Le Hamas répondra "dans très peu de temps", a assuré mercredi à l'AFP un de ses dirigeants politiques, Souheil al-Hindi, tout en soulignant que le mouvement exigeait toujours un cessez-le-feu permanent et le retrait d'Israël de la bande de Gaza.
Le Hamas est ouvert "à toutes les initiatives pour mettre fin à la guerre (...) mais sous réserve de conditions très claires auxquelles on ne peut renoncer", a-t-il dit.
D'après un responsable israélien, Israël devait attendre jusqu'à "mercredi soir" une réponse du Hamas avant de décider s'il enverrait une délégation au Caire en vue d'un possible accord.
"Même en ces temps difficiles, nous sommes déterminés à obtenir un cessez-le-feu ramenant les otages chez eux et à l'obtenir maintenant. Et la seule raison pour laquelle cela ne se ferait pas, c'est le Hamas", a dit M. Blinken en rencontrant à Tel-Aviv le président israélien Isaac Herzog.
Fin novembre, une trêve d'une semaine avait permis la libération de 105 otages, dont 80 Israéliens et binationaux échangés contre 240 Palestiniens détenus par Israël.
Depuis, les tentatives de médiation sont restées vaines.
Le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, réclame un cessez-le-feu "permanent" avant tout accord.
Israël refuse, se disant déterminé à poursuivre l'offensive jusqu'à la "victoire totale" sur le mouvement islamiste, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.
L'experte Mairav Zonszein, du groupe de réflexion International Crisis Group, a déclaré à l'AFP qu'elle était "pessimiste quant à l'option selon laquelle le Hamas accepterait un accord qui ne comporterait pas de cessez-le-feu permanent".
- "Entrer dans Rafah" -
A Jérusalem, M. Blinken a réitéré durant un entretien avec le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, l'opposition américaine à une offensive terrestre sur Rafah, une ville transformée en un immense camp de réfugiés abritant un million et demi de Palestiniens, à la lisière sud du territoire palestinien.
Le secrétaire d'Etat a déclaré avoir suggéré à Israël "de meilleures solutions" qu'une "opération militaire d'ampleur" sur Rafah, pour "faire face" au Hamas.
M. Netanyahu avait répété mardi qu'il était déterminé à mener cette offensive sur la ville, qu'il considère comme le dernier grand bastion du Hamas, malgré la réprobation de la communauté internationale qui redoute de lourdes pertes civiles.
"L'idée d'arrêter la guerre avant d'avoir atteint tous nos objectifs est hors de question. Nous allons entrer dans Rafah et y éliminer les bataillons du Hamas, avec ou sans accord" de trêve, a dit M. Netanyahu.
La guerre a éclaté le 7 octobre, quand des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza dans le sud d'Israël ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.
En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas et lancé une offensive dans le territoire assiégé, qui a fait jusqu'à présent 34.568 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.
L'aviation israélienne a notamment mené mercredi avant l'aube plusieurs frappes dans le nord et le centre de la bande de Gaza, dont le camp de réfugiés de Nousseirat.
- Plus de débris qu'en Ukraine -
Dans le territoire où l'ONU redoute une famine généralisée, l'aide internationale, strictement contrôlée par Israël, arrive au compte-gouttes principalement depuis l'Egypte via Rafah.
Antony Blinken s'est félicité mercredi des progrès dans l'acheminement de l'aide mais a appelé Israël à faire plus, après une visite à Kerem Shalom, un des deux points de passage depuis Israël.
"Les progrès sont réels, mais vu les besoins immenses à Gaza, ils doivent être accélérés", a déclaré M. Blinken.
Israël a en outre ouvert, pour la première fois depuis le début de la guerre, le passage d'Erez, donnant accès au nord de la bande de Gaza. Selon l'armée, 30 camions chargés de nourriture et de fournitures médicales sont entrés mercredi dans le territoire via Erez, venant de Jordanie.
Les Etats-Unis construisent par ailleurs un port flottant face au littoral de Gaza, qui servira prochainement au déchargement de cargaisons d'aide arrivant par bateau depuis Chypre et dont les travaux sont plus qu'à moitié achevés, selon le Pentagone.
La guerre a provoqué d'immenses destructions dans le petit territoire, où il y a aujourd'hui plus de débris et de gravats à déblayer qu'en Ukraine, a affirmé mercredi à Genève un responsable des opérations de déminage de l'ONU.